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L'Archéo-conservateur - Page 5

  • De l'art de faire le trottoir

    J'ai toujours un peu la flemme de parler politique, tellement ce que je pourrais dire se révèlerait pesant et pessimiste. Alors en attendant que le courage me revienne, je vais plutôt partager un petit plaisir artistique en vous proposant un diaporama d'oeuvres de Julian Beever. Cet artiste britannique est surtout connu pour ses trompe-l'oeil, qu'il réalise sur les espaces piétons, au moyen d'une technique de projection : l'anamorphose. Cette technique est utilisée par exemple dans les stades pour que les publicités peintes sur les pelouses apparaissent lisibles depuis les gradins ou à la télévision, en laissant une impression de relief.

    Vous allez voir, c'est bluffant.

    Deux exemples pour vous appâter :

     

    Julian_Beever_image006.jpg

    Julian-Beever-ladef-01.jpg

    Voilà le diaporama :



    Le site de Julian Beever :

    http://users.skynet.be/J.Beever/index.html

     

    Alors ? Impressionnant non ?

     

     

     

  • Un costard pour l'hiver

    Cela ne vous aura pas échappé, l'actualité politique est en ce moment, dense comme une forêt équatoriale, enfin, ce qu'il en reste. Entre l'élection d'Obama qui laisse filtrer un maigre espoir, le congrès du Ps qui n'en laisse lui aucun et les suites politiques atrophiées de la crise économique, j'aurais pu en tartiner des pages et des pages. Mais finalement, pour m'éviter l'overdose, en même qu'à vous, je vais vous parler de musique et vous présenter The Uglysuit.

    61pif0al99L._SS400_.jpgThe Uglysuit siginife "le costume affreux" en anglais, d'où le titre fort subtil de cette note. Pourtant, aucun risque que je les fagote mal pour passer la mauvaise saison car leur album éponyme, sujet de mon babil présent est un vrai petit trésor, du genre qui se pare du doré de l'Automne pour mieux transporter son parfum de primevère.

    Il faut bien ça pour s'évader de l'actualité plombée, le demi arc en ciel Obama déjà effacé (pour le moment) du ciel politique, il faut bien ça pour contrebalancer la grisaille des matins métronomiques et métropolitains...Avec la musique de ces six petits gars, on peut afficher un large sourire intérieur et apprécier à sa juste valeur la beauté des franciliennes, si variée et fascinante, large compensation, avec Paris l'éternelle, à mon exil banlieusard, qu'il me faut retrouver tous les soirs.

    Le groupe est originaire d'Oklahoma city, rare capitale d'Etat américain à porter le nom de son territoire (Kansas city n'est pas au Kansas mais au Missouri, du moins son centre ville et n'espérez surtout pas que j'avoue être hors-sujet) et à en être la cité la plus importante, d'autant plus célèbre qu'un sanglant attentat y a été commis par un extrémiste de droite en 1995. Cependant, à l'échelle américaine, c'est un trou, dans un Etat du middle west régulièrement assommé par les tornades au printemps, écrasé de chaleur en été et par les néoconservateurs en toute saison (le gouverneur de l'Etat est démocrate mais une large majorité vote républicain lors des élections nationales) (oui oui je vais parler musique). Cela dit c'est une région plaisante avec des variations paysagères fréquentes, des grandes prairies à l'Ouest aux accidents des Monts Ozark à l'Est et à la culture métissée grâce à la forte influence des indiens cherokee notamment (oui bon c'est fini le docu Arte, parfois je me rappelle que je suis géographe de formation...).

    Bon, le groupe est originaire d'Oklahoma city donc.  Je ne sais pas si cela a un quelconque lien avec la virtuosité de leur musique, probablement pas pour tout dire. Mais peut-être que l'envie d'évasion qui bouillonne doucement dans les endroits isolés, les grands espaces à l'horizon toujours fuyant, sont à l'origine de la propension de The Uglysuit à vouloir se faire la malle dans leurs chansons, à prendre la clef des champs des pop-songs trop calibrées, à virer sec dans la petite ruelle qu'on avait pas vue, à ne pas se laisser emprisonner dans des schémas bien dessinés au départ. Certes ces jeunes messieurs font de la pop, mais de l'indie pop progressive, une musique qui est un peu comme un tourbillon de chaleur dans un lieu abandonné, une curiosité distrayante dans la touffeur de fonte d'un juillet caniculaire, un phénomène soudain et sans but précis, qui zig, qui zag et nous laisse les yeux grand ouverts, un peu interloqués.

     

    6364917.jpg

     

    Il n'y a pas de filiation directe avec les rockeurs psychédéliques des seventies qui planaient sans rarement atterir ou qui se lançaient dans des acrobaties musicales tellement expérimentales qu'elles laissaient sur le carreau les passagers les moins aguerris. Il y a l'attrait du flower power et des cheveux longs, évidemment... Mais Crosby Bray et sa bande savent varier les plaisirs, les rythmes et les couleurs tout en restant hyper mélodiques. Attendez vous à des envolées instrumentales, des virées en haute altitude, sur les ailes confortables de guitares aériennes. Rien de prétentieux ou de trop intellectualisé, mais des titres mosaïques, changeants comme un temps irlandais (j'aurais pu dire variable comme femme aussi hein, mais bon on reste dans l'atmosphère et Mesdames et Mesdemoiselles, vous n'en avez pas la tête), toujours réjouissants ou au pire mélancoliquement gais.

    On trouve dans The Uglysuit par The Uglysuit beaucoup de l'esprit du pop-rock américain : peu de subversion musicale, au sens où tout est clean dans les tonalités et doux dans les mélodies, mais une richesse énorme dans les compositions, notamment dans les structures et des arrangements placés comme des engrenages dans une montre suisse. La filiation, ou plutôt la fraternité avec des formations comme The Shins ou Midlake et en cela très visible, le côté irrésolu des chansons en plus, mais ce genre de comparaisons vaut sacré compliment, surtout qu'il s'agit du premier passage en studio du groupe.

    Il n'y a que neuf morceaux sur l'album mais la plupart ont une durée assez conséquente (7mn pour deux d'entre eux). Vous aurez le temps de découvrir les superbes patchworks que nous offrent les musiciens de l'Oklahoma. Des dentelles de six cordes aux applats tricotés-saturés, des motifs de piano cousus au point droit ou en zig-zag, des inserts de claviers planants ou de choeurs brumeux, de quelques chutes de tissu électronique, il en sort un assemblage parfaitement juxtaposé. Vous aurez toujours du mal à y retrouver couplets et refrains, fondus dans ce maelstrom poppy, au milieu de rythmes et d'instruments innombrables. Le groupe enverra même valser à trois temps les repères de la chanson rock dans un des titres (Anthem of the artic bird) et dès l'ouverture (Brownblue's passing), vous allez en prendre plein les oreilles, voir tous les bleus du ciel, visiter la face cachée de la Lune, voir la Terre de l'espace, la tête dans l'envers de l'endroit. Pfuiii, je me remets, je l'écoute en même temps que j'écris...

    Le seul titre un tant soit peu formaté et régulier, c'est le single Chicago, très teenage rock, mais diablement joli pour un ado attardé comme moi. Il est de toutes façons implacablement efficace. Par ailleurs, les paroles de la chanson nous maintienne dans l'onirisme. En voici un extrait :

    "I tried to sleep in the rain, underneath an acorn tree, but the drops kept falling,

    hitting me, as I slipped further unconsciously, into a world of windy dreams.

    Into a world of many windy dreams.

    And where did I begin to drift off to that I think that I can fly.

    My mind, I took it to Chicago. "

     

    Bon, c'est de la musique pour gens qui veulent rester cool et se laver de l'hémoglobine du combat ordinaire quotidien, vous l'aurez compris. Et le morceau numéro 7, Everyone now has a smile, pourrait être le second titre de l'opus car il n'usurpe pas le sens de ces mots, notamment quand démarre le mouvement, après 5mn de chanson, où les guitares sont prises d'éclats de rires compulsifs...

    Le mieux, c'est que je la ferme et que vous écoutiez vous-même... (juste un mot de l'artwork du livret, superbe, coloré, onirique)

     

    http://www.myspace.com/theuglysuit

    (les trois premiers titres sur leur myspace sont issus de l'album)

     

     

                           




    Everyone now have a smile

     

  • Tant va la girouette au vent...

    Vous avez remarqué ? Le vent a tourné. Brusquement...

    Il y a encore quelques semaines, la plupart des éditorialistes de ce pays, la majorité de son personnel politique insistaient sur la nécessaire adaptation, depuis trop longtemps retardée, de notre pays à la mondialisation. Sous entendu, à la mondialisation néolibérale, la seule possible, puisqu'obéissant aux lois immuables de la nature.

    Il y avait bien ces archaïques, dont votre serviteur, pour renâcler encore et encore, pour dénoncer l'idéologie toxique derrière un pragmatisme d'apparence, pour mettre en garde contre le mur qui se rapprochait toujours plus vite. Mais on les raillait, au nom de la modernité et du goût nécessaire et vital du risque capitaliste. On moquait leur conservatisme rétrograde (les acquis sociaux, pouah !), leur méfiance face aux mécanismes financiers complètement libérés depuis les années 80 (sous l'impulsion de certains socialistes en Europe : Camdessus, Delors... C'est néanmoins à Chirac et Balladur qu'on doit en 1986 les différentes lois de libéralisations, notamment celles touchant la finance).

    Le modèle à suivre était anglo-saxon, la doxa inspirée du consensus de Washington, les deux figures tutélaires, Reagan et Thatcher. L'Etat providence avait vécu, il n'était qu'un gouffre à impôts lésant les classes moyennes et pénalisant l'innovation et la création d'entreprise par ses lois rigides sur le travail et les charges indues qu'il exigeait. On passait sous silence les 65 milliards d'euros de subventions en tout genre versées en 2005 et dont les contreparties se sont fait attendre en vain.http://www.ac.eu.org/spip.php?article1565

    Les assistés ne sont pas tous logés à la même enseigne...

     

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    L'économie mixte à la française, comme ses pendants rhénans ou scandinaves était vouée aux oubliettes. Le fameux modèle français, né au lendemain de la deuxième guerre mondiale du travail du CNR était cloué au pilori. Fini la recherche d'un équilibre entre capitalisme et solidarité, entre liberté individuelle et libertés publiques, fini le rôle protecteur de l'Etat, fini de soustraire certains secteurs stratégiques aussi bien économiquement que socialement à la rentabilité, fini le bien commun.

    La gauche de gouvernement avait depuis bien longtemps cédé aux sirènes du néolibéralisme et privatisait à tour de bras, libéralisait à grande brassée, décrédibilisait l'impôt, pourtant clé de voûte de toute politique solidaire, assurait son soutien à l'Europe libérale. Cette dernière mettait en pratique avec diligence et la complicité des Etats, les dogmes économiques fondés sur l'entière liberté de circulation, y compris des capitaux (l'article III-56 du TCE , repris par Lisbonne, en interdit toute restriction).

    Il y eut un coup de semonce des lucides en 2005. Il ne fut pas entendu...

    Il y eut quelques Cassandre, des rebelles de la première heure comme Lordon ou Larrouturou dont j'ai déjà parlé sur ce blog, des ralliés plus tardifs, des repentis, comme Stiglitz ou Krugman et des anonymes comme moi-même, à mon petit niveau. Ils ne furent pas écoutés...

    Puis vint l'été 2007 et le premier coup de tonnerre lié aux subprimes. Mais l'orage allait passer à côté nous disait on, avec néanmoins quelques tressaillements inquiets qui juraient avec la belle assurance du propos.

    Enfin arriva Octobre 2008 et soudainement, face aux multiples attaques de foudre, le champ de girouettes a d'un seul mouvement d'ensemble viré de bord. On a lancé des anathèmes aux "talibans du marché" à Libération, on a fustigé l'idéologie néolibérale extrémiste aux Echos, journal peu suspect de gauchisme, on a célébré le retour de l'Etat aussi bien au Monde qu'au Figaro, pendant qu'au même moment les banquiers et autres traders, affolés comme un banc de mouettes dans la tempête, se prosternaient à ses genoux, réclamant une aumône de quelques centaines de milliards d'euros. Les caisses vides de la République les fournirent immédiatement. Il faut dire que rares sont les mendiants avec la force de persuasion des financiers : la bourse ou le chaos. La sécu et les services publics attendront...

     

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    Bien sûr le champion toute catégorie du retournement de veste est celui que je ne nomme pas. Il est aujourd'hui le premier des socialistes, le premier des éthiques, le premier des sauveurs. Celui qui réclamait de toute urgence l'instauration des prêts hypothécaires en France, ce pays frileux dont les foyers ne sont pas assez endettés, s'en va aujourd'hui en guerre contre le capitalisme amoral, celui des subprimes, celui qui s'effondre sous nos yeux, celui qu'il a défendu sans ambiguité, celui de ses amis d'hier. Ses amis d'aujourd'hui et de demain...

    Qui aujourd'hui peut apporter quelque crédit ( au moment où les banques les ont gelés) à la parole volatile de ces gens ? Tout ceci n'est bien sûr que du vent, celui qui fait tourner les girouettes, qui l'entretiennent, dans un mouvement perpétuel pour garantir un pouvoir perpétuel. Il est temps de faire tomber les girouettes de leur cîme...

     

  • Ma mie, la gente damoiselle

    En ce début Octobre, je m'en viens vous parler d'une bande-dessinée plus que sympathique : Mon amie la Poof, par Efix.

    De prime abord, ce n'était pas gagné. C'est un polar, ce n'est pas mon genre favori. C'est en noir et blanc, je préfère en général la couleur. Ca parle d'une poof, je déteste la vulgarité.

    Pourtant, j'ai énormément apprécié cette Bd, pétrie de qualité.

     

    Couverture_bd_9782849491355_mon_amie_la_poof.jpgLa poof, c'est Liv. Liv Shmidt (tiens, c'est curieux, j'ai l'impression d'avoir connu une nana qui portait ce nom...). Elle est née en France, pendant l'occupation, des amours austro-américaines d'un déserteur de la Wehrmacht et d'une ancienne étudiante étrangère à Paris restée sur place. La Libération et son allégresse offriront une coupe boule à zéro gratuite pour elle tandis que lui sera prié de vérifier l'efficacité des noeuds coulants (test validé). Liv grandira donc sans son père et avec une mère durablement éprouvée, qui ne laissera plus repousser ses cheveux pour que personne n'oublie. Enfance troublée donc pour notre héroïne, qui en développera un caractère bien trempé et porté sur les excès. Un coeur a vif que cette Liv, qui cache sacrément bien son romantisme derrière ses penchants pour l'alcool, les produits prohibés et les plaisirs charnels.

    Notre belle plante (forcément une poof, c'est pas dégueu physiquement la plupart du temps) a l'habitude de dire qu'elle est née à 22 ans, le jour où elle a quitté le Roubaix de ses tendres années pour le Paris agité de Mai 68. Elle y arrivera seule, sans projet et quasiment sans argent. Sa fortune, rarement bonne, se fera au gré de ses rencontres, rarement bien famées. Petit à petit la spirale de la marginalité et de la violence l'entrainera dans une existence sombre et tourbillonnante.

    Presque trente ans plus tard, son meilleur ami, Yvan, noir, gay, star du porno (c'est tout) se souvient de leur vie pendant tout ce temps. Tout sauf un fleuve tranquille...

    Mon amie la Poof, c'est d'abord un trait extrèmement attrayant, aux accents à la fois cartoon et réalistes, un mélange de dessin traditionnel en noir et blanc et d'infographie. Le tout donne une ambiance graphique très originale, très cinématographique, avec notamment de nombreux effets de flous, de superbes ciels nocturnes ou ennuagés générés par photoshop ou un de ses clones. La mise en cadre est très dynamique, les personnages très expressifs et les formes poofesques très voluptueuses. Efix a une patte artistique vraiment particulière et un vrai talent. Il nous gratifie parfois de belles planches en forme de clichés parisiens, avec de belles perspectives sur les monuments célèbres et les quartiers typiques de notre belle capitale lumière. En outre, la plupart des cases sont truffées de clin d'oeil et de détails humoristique qui décuplent le plaisir à la lecture de cette Bd.

    Parler d'humour est une habile transition pour en venir au ton du livre. En effet, bien que s'agissant d'un polar avec tout son cortège de gangsters, de policiers, de violence (souvent crue et mortelle), de sexe (cru et rarement mortel) et de grisaille quotidienne fendue d'excès en tout genre, Mon amie la poof est aussi très drôle. Rien que la personnalité brute de décoffrage de Liv est une source d'amusement parfois agacé, souvent attendri. C'est qu'il nous fait tomber habilement sous son charme rudoyant de poof écorchée vive, le gars Efix. J'ai déjà parlé des multiples références et petites touches drôlatiques cachées au fil des pages par le dessinateur et elles ajoutent vraiment au plaisir de la découverte, d'autant qu'elles se cachent un peu partout (saurez vous trouvez les tontons flingueurs ?)

     


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    © Petit à petit 2008 Efix

     

    Le scenario est également très travaillé, s'attachant à dérouler une histoire aux multiples rebondissements mais où tout se tient, à planter des personnages diversifiés, rarement aussi noir ou blanc que le dessin les fait apparaître : Moorad, le malfrat impétueux, Yvan le rasta rigolard, Monique, l'avocate de poche féministe etc...Et bien entendu, Liv, poof bien moins superficielle que nombre de grandes dames...

    Merci à Efix pour cette histoire mouvementée, souvent dure mais avant tout célébration de l'amitié et hommage appuyé aux femmes. Du coup les filles, la prochaine fois qu'on vous traite de poof, vous le prendrez bien ! ;o)


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    © Petit à petit 2008 Efix

     

    Mon amie la Poof existe en cinq tomes indépendants, de moyen format, agrémentés d'esquisses et de dessins préparatoires. Une intégrale très interessante par son prix et de dimensions plus grandes (18*25.5) est disponible depuis quelques mois en librairie. C'est cette dernière que je possède. La reliure sommaire (mais solide néanmoins) et la couverture souple patissent du faible coût de l'objet mais ce n'est pas grave, le plus important est à l'intérieur. Elle se conclue par différents hommages de collègues bédéistes à Efix et son oeuvre présente : c'est bien sympathique.

    A noter, qu'Efix a également fait paraître Putain d'usine, Bd engagée dont le titre évoque bien le propos. Elle est dans ma bédéthèque en attente d'être lue. Peut-être vous en parlerais-je lors d'un post politico-culturel.

     

     

    Mon amie la Poof /Efix-[Paris] : Petit à petit, 2008-496 p. - 20€

  • Hémiplégisme

    Le 6 mai 2007, les français ont élu à une confortable majorité celui qui est donc aujourd’hui notre président. Le candidat vainqueur est issu d’un courant de la droite assez jeune en France, qui assume pleinement à la fois son néolibéralisme et son néo-conservatisme. Quand je dis assumer, c’est évidemment dans l’entre-soi. Les français n’étant pas encore convertis au libéralisme économique, loin s’en faut, le discours politique diffusé par cette mouvance est des plus hypocrite. Mais plus encore, il joue sur l’omission.

    Car en effet, l’ex maire de Neuilly a gagné la présidence sur le programme le plus à droite qu’un homme politique ait proposé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale (j’aurais pu dire seconde mais voyez-vous…). En face, c’est un électorat rongé par les peurs et les doutes nés de la mondialisation, oppressé par la nouvelle donne économique qui précarise et appauvrit (qui déclasse pour le moins, quand il n’y a pas appauvrissement réel) qui l’a porté au pouvoir. Il y a encore une dizaine d’années, le réflexe de ces gens aurait été de se tourner vers la gauche, garante de la protection des plus faibles, préceptrice d’un modèle économique moins darwinien, plus équilibré, plus durable pourrions nous dire en ces temps où l’écologie essaie tant bien que mal de se frayer un passage dans la jungle des prédateurs politiques.

    Pourtant le héraut de la droite décomplexée a gagné haut la main en proposant un programme économique, qui sous quelques paravents volontaristes et populistes, s’appuyant sur une dialectique de la rupture (contre-révolutionnaire maquillée), est clairement destiné a laisser les mains libres à la classe dominante d’étendre sa puissance, au détriment de quasiment toutes les autres catégories de population : celles qui ne sont pas méritantes, qui ne veulent pas assez s’en sortir, sont coincées dans des schémas de pensée archaïques. Pour résumer la majorité de la population a voté pour instituer un ordre qui privilégiera une infime minorité parmi elle et en marginalisera une grosse partie, laissant l’entre-deux dans une situation très difficile.

    Comment ce tour machiavélique a t’il pu être joué aux citoyens ? Comment peut-on amener des gens a voter avec enthousiasme contre leurs intérêts économiques et en faveur d’une destruction de leur mode de vie ?

    Une bonne partie de la réponse se trouve dans le livre de Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite : comment les conservateurs ont gagné le cœur des Etats-Unis (et celui des autres pays riches) [1]

     

    413JHCc6rAL._SS500_.jpgCe qui s’est passé aux USA, malgré quelques spécificités bien de chez eux a été , un peu comme à peu près tout le reste, exporté chez nous et à la lecture du livre on voit bien les analogies entre les techniques des ultra-conservateurs pour se fédérer les classes populaires et celles à l’œuvre chez le commandant en chef de l’Ump et de ses fidèles (ou pas) lieutenants.

    Depuis une trentaine d’années, l’avènement de la nouvelle donne économique née du consensus de Washington, ce que l’on appelle aujourd’hui plus ou moins pertinemment le néolibéralisme a été de pair avec une révolution néo-conservatrice, les deux mouvement s’entretenant l’un-l’autre, dans une imbrication qui sent bon la convergence d’intérêts. Un phénomène assez logique dans la mesure où ce sont les mêmes qui ont lancé et l’une et l’autre. La seconde permet de faire oublier les effets économiques de la première sur les classes défavorisées et moyennes et la première alimente la grogne et le ressentiment qui va nourrir la seconde.

    Thomas Frank décrit et analyse ainsi ce paradoxe assez gigantesque qui voit les américains assister « à une révolte qui ne profite qu’à ceux qu’elle est censé renverser. Les travailleurs en furie, forts de leur nombre, se soulèvent irrésistiblement contre l’arrogance des puissants. Ils brandissent leur poing au nez des fils du privilège. Ils se gaussent des affectations délicates des dandys démocrates. Ils se massent aux portes des beaux quartiers et, tandis que les millionnaires tremblent dans leurs demeures, ils crient leur terrible revendication : « laisser-nous réduire vos impôts ! » »

    La dimension essentielle de cette révolution est culturelle et profite du dévoiement du parti démocrate, la « gauche » américaine qui comme son homologue française s’est peu à peu vautrée dans la notabilisation, s’est couchée face à la mondialisation néolibérale et s’est recroquevillée dans la défense des « discriminations », c’est à dire en évacuant la question économique de son domaine d’action. La gauche est donc vue aujourd’hui comme une formation qui ne se préoccupe que des questions de mœurs.

    Les conservateurs républicains ont parfaitement deviné quel profit il pouvait tirer de ce retrait de la gauche et de sa distanciation progressive des questions sociales. Force est de constater qu’ils ont réussi et qu’ils se sont attaché une grande partie des classes populaires, lassées de constater le désintérêt de la gauche pour leurs conditions de vie, excédées de ne la voir bouger que pour ce qu’ils perçoivent comme des préoccupations de riches : la culture, la défense des minorités sexuelles et raciales. Pour l’américain moyen, l’honnête travailleur est laissé en pâture, son mode de vie traditionnel est menacé par les élites cosmopolites qui entraînent inéluctablement la décadence de la grande Amérique, pieuse et laborieuse, celle des vrais hommes, qui n’aiment pas le latte[2] et la culture française..

    Bien entendu, les fondements culturels Etats-uniens sont quand même assez différents de ceux de la France, notamment dans le domaine religieux et la haine de la culture humaniste, donc largement ouverte sur le monde, n’est pas aussi développée chez le paysan des Alpes que chez celui de l’Arkansas. Pourtant, il est frappant de constater comment la droite américaine et son homologue française, par émulation pour cette dernière, ont parfaitement su se servir du profond fléchissement idéologique de la gauche, pour l’attaquer là ou sa défense est traditionnellement la moins efficace : la question culturelle, le problème des valeurs, la sécurité physique, en gros, le conservatisme politique.

    C’est ainsi que pour éviter de parler des salaires, le mari de Carla Bruni a agité la valeur travail. Le travailler plus gagner plus n’était pas une solution économique aux problèmes financiers des gens, mais une approche culturelle. Si vous le voulez, si vous vous investissez alors vous gagnerez plus et vous serez plus estimable que ceux qui, glorifiant l’oisiveté, vivent de vos impôts avec les minima sociaux. Cette approche francisée s’inspire complètement de la théorie du workfare state, édictée pendant les années Reagan et se drape pour cacher son identité violemment conservatrice et réactionnaire sous les paravents de la défense de valeurs traditionnelles populaires, mises à mal par Mai 68 (les années 60 de tous les relâchements aux Etats-Unis).

    Ce qui est contenu dans cette attitude politique c’est la polarisation de l’amertume des classes populaires non pas vers la minorité dominante mais vers ceux qui sont en dessous : les oisifs, les parasites, les assistés. Les responsables de votre situation, ce sont eux disent nos décomplexés de la droite, pas ceux qui créent de l’activité et de la richesse, qui ne récoltent que le fruit de leurs mérites. Car tous, vous pouvez accéder à ce statut si vous le voulez vraiment et si vous vous débarrassez des inactifs, des improductifs (dont les fonctionnaires) qui sucent vos impôts comme des sangsues gauchistes qu’ils sont. Bien entendu, pas un mot sur le système économique mise en place par les possédants, l’emploi précaire et sous-payé corollaire des systèmes de management mis en place, de la financiarisation qui d’une part pressure industriels et employés, d’autre part édifie une construction consumériste qui tient uniquement sur le crédit, avec l’instabilité que cela suppose, comme nous le montre la crise des subprimes qui menace aujourd’hui l’économie mondiale.

    Bien plus, les conservateurs alliés aux fondamentalistes religieux, non contents d’évacuer les responsabilités du marché libre (qu’ils favorisent autant qu’ils le peuvent), sur les conditions de vie des classes populaires et sur le prétendu délitement moral de l’Amérique, s’ingénient à se décrire comme persécutés par une élite démocrate quasi aristocratique et contrôlant tous les rouages du pouvoir financier, industriel et culturel aux Etats-Unis. Personne ou presque ne leur fait remarquer que les Républicains ont occupé la Maison Blanche 28 ans sur 40 depuis 1969. Pas davantage pour remarquer que les pontes politiques ultra-conservateurs sont la plupart du temps riches à millions, fréquentent les mêmes lieux et ont quasiment les mêmes mœurs que leurs collègues du parti de l’âne.

    C’est ainsi que les républicains se victimisent systématiquement, alimentant une théorie du complot démocrate et de l’anti-Amérique, alors mêmes qu’ils tirent la majorité des ficelles aujourd’hui. Mais ils ont pour le moment gagné la bataille des idées qui les range aux côtés des plus humbles. Ces derniers censés aspirer à plus de dignité appuient donc, avec souvent une force militante assez impressionnante ceux qui les en privent toujours davantage (il suffit parmi tant d’exemples de regarder la répartition revenus du capital/revenus salariaux qui a progressé de 10% vers les premiers depuis trente ans en Amérique comme ailleurs)

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    Tous ces paradoxes sont décrits par Thomas Frank dans son livre. Sa vision acérée est dépourvue de tout sectarisme, ne stigmatisant pas plus que de raison le peuple des états rouges (républicains) dont il essaie de décortiquer la logique pour mieux en exposer à la fois souvent la sincérité mais aussi ses effets contre-productifs, produits des manipulations et du cynisme des grands leaders politique de droite, fondamentalistes par opportunisme.

    Sa parole a d’autant plus de poids qu’il est allé se fondre dans ce milieu et s’entretenir avec ses différentes composantes, depuis l’ouvrier de l’usine Boeing de Wichita qui préfère fustiger l’arrêt « Roe vs Wade » de la cour suprême légalisant l’avortement plutôt que de s’en prendre à l’entreprise aéronautique qui s’est livrée à un odieux chantage à l’emploi, jusqu’aux différents candidats républicains aux élections du Kansas. C’est cet état, dont l’auteur est natif qui sert d’espace expérimental à ses propos. Lui-même ancien ultra-conservateur dans sa jeunesse des banlieues dorées de Kansas City, a fait un chemin que peu ont suivi dans le même sens à son époque, à savoir basculer à gauche (Il écrit dans le Diplo aujourd’hui). Il montre avec beaucoup de perspicacité, avec une ironie qui permet d’alléger quelque peu la démonstration, comment un état pionnier dans la défense des plus fragiles au moyen de l’action collective (le populisme de gauche au début de siècle dernier) a pu se vautrer dans un ultra-conservatisme néolibéral pro-bushiste.

    Pourquoi les pauvres votent à droite est une excellente analyse du basculement politique des classes populaires. La préface de Serge Halimi se charge de faire le parallèle avec la dernière élection présidentielle en France. L’explication de la victoire des conservateurs est très pertinente mais elle contient dans son argumentation les raisons de la défaite de la gauche : la démission.

    Quel avenir a-t’elle aujourd’hui alors qu’une fois de plus mais dans des proportions inédites, la crise financière actuelle vérifie le principe néolibéral de socialisation des pertes, que la précarité est censée être la vie, selon les dires d’une dirigeante syndicaliste patronale, qu’une majorité de la population des pays développés est menacée de déclassement pendant qu’une infime minorité dirigeante l’exploite et l’instrumentalise ? Comment peut-elle rester siliencieuse alors que des sommes astronomiques vont être levées pour corriger l’impéritie d’une caste financière avide et amorale, alors que le centième de cet argent pourrait éradiquer la faim dans le monde, garantir la pérennité des services publics et des systèmes de protection sociale ? Comment ne peut-elle pas sonner la charge alors que le système néolibéral vient une fois de trop de démontrer que ses failles sont bien trop grandes pour être acceptables ?

    Peut-être parce qu’elle n’est tout simplement plus de gauche…



    [1] Pourquoi les pauvres votent à droite : comment les conservateurs ont gagné le cœur des Etats-Unis (et ceux des autres pays riches) / Thomas Frank- Marseille : Agone, 2008 ; 362 p.

    [2] Café au lait italien raffiné et bien loin de l’immonde jus de chaussette américain, quoique je ne boive de toutes façons jamais de café :oB

  • La Provence, c'est pas moche !

    Après la Bretagne, je me suis retrouvé en Provence, quasiment sans transition si ce n'est une après-midi à Valence, charmante cité drômoise, déjà très caliente et presque provençale (et qui comme Aix est aussi jolie architecturalement que riche en population un peu surfaite et tape à l'oeil. Branleurs et pétasses oui, c'est ça :oB...)

    Un gîte sis près de Vaison-la Romaine a acueilli mes amis et moi-même et bien que très différente par l'atmosphère et le paysage de la Bretagne, la région n'en est pas moins dépourvue de charme. J'espère que les photos suivantes le traduisent bien (vous pouvez les voir en grand en cliquant dessus)

     

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    Le fil rouge de ces vacances : le mont Ventoux. Vu ici au coucher du soleil depuis la location.


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    Vieilles pierres et cyprès à Nyons.


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    La tour Randonne, toujours à Nyons.


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    Le pont roman de Nyons.


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    Sur les pentes du Ventoux : vue sur la plaine du Vaucluse.


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    Paysage alpestre sur le versant Nord du ventoux.


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    Au sommet, sur la tête nue du grand chauve.

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    On a marché sur la Lune (ou presque)


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    Le ventoux sous les orages.


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    Alors, c'est quoi la montagne au fond ? :oB


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    Le Crestet, petit village perché.


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    Oui, c'est bien lui...


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    Dans une des ruelles, entrelacs de pierres et de plantes.


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    Une plongée sur la fontaine.


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    Lauriers roses, lauriers blancs.


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    Vaison la romaine, version...romaine (vous allez comprendre)


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    Vaison la romaine, version médiévale (vous avez compris)



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    L'Ouvèze, qui était dramatiquement sortie de son lit en 1993. le niveau était monté jusqu'à la fenêtre à gauche, environ, soit une dizaine de mètres. Impressionnant...


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    Un beffroi dans la ville médiévale.


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    Le même, vu de l'arrière.


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    L'église de la ville haute, aussi appelée cathédrale nouvelle, par opposition à celle de la ville basse, antérieure.


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    Une pincée de tuiles.


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    Vous mé léconnaissez ?


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    Un joli portail pour finir.



    Voilà pour ce petit aperçu de la Provence du Ventoux, superbe région également. Elle m'est moins proche que la Bretagne, dont la beauté sauvage me correspond davantage mais elle offre bien des charmes.

    Certes, je ne suis pas un grand fan du provençal, un peu extraverti et bruyant pour moi. Le vin des côtes du Rhône (Nous étions en plein dans le terroir) ne m'a pas non plus vraiment convaincu, trop caractériel et musclé, manquant tout de même de finesse, trop ensoleillé en somme. Certains côtes du Ventoux rosés s'en sont eux, sortis avec les honneurs.

    Cependant, il st difficile de ne pas être séduit par la beauté rustique des villages perchés, recroquevillés sur leurs ruelles tortueuses, la majesté du géant de Provence, le Ventoux, le soleil infatigable et les douceurs provençales (je vous conseille le Comptoir de Mathilde au Crestet, petit magasins de spécialités gastronomiques artisanales, faites maison pour la plupart. Les produits y sont de grande qualité, on peut les goûter sur place et les tarifs n'y sont pas démesurés).

    Bien, je crois que les vacances sont terminées maintenant. Vivement l'année prochaine en espérant que j'en aie...










  • Le Bretagne, c'est beau !


    Voilà, les vacances sont terminées et avant une rentrée sans doute assez chargée sur le plan politique, je partage avec vous quelques souvenirs agréables, de petits morceaux de temps et de beauté volés dans la région de Plomodierm dans la baie de Douarnenez (Finistère)

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    Landes sur la pointe du Lestrevet


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    La mer d'Iroise derrière les rochers


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    La plage de Pors ar vag


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    La mer à la campagne, ou inversement...


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    Le théâtre de Quimper et l'Odet


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    La plage de Pentrez au couchant


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    Médaille d'or


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    Un coucher de soleil, forcément...


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    La pointe de Tal ar Grip


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    La maison sur la pointe de Tal ar grip


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    Ah ouais, c'est haut quand même !


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    La pointe de Lestrevet et le mont Menez Hom, haut lieu de la culture celtique, vus de la pointe de Tal ar grip


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    La Bretagne, c'est beau même quand il fait pas beau


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    Médaille d'argent


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    Le Menez Hom vu de Locronan


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    Petite chapelle à Locronan


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    Locronan et ses maisons traditionnelles


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    Au sommet du Menez Hom


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    La Bretagne, c'est du brut, c'est du sauvage...(il y avait un vent à décorner un casque gaulois ce jour là)


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    Tableau balnéaire : petits baigneurs et grandes surfeuses


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    La vue depuis la location : y a pire non ?


    Bon, voilà un petit aperçu de ma respiration Bretagne pour cette année. J'ai fait le plein de lumière douce, de paysages étirés par le vent, d'horizons maritimes lointains, tout juste rattrapés par les rêveries de leurs contemplateurs. En plus l'eau était même pas si fraîche que ça alors hein, que demande le peuple abruti qui vote ex maire de Neuilly, je vous le demande ?

    A suivre, la Provence. C'est différent mais ça vaut clairement le détour...











  • Hello goodbye !

    Il y a dix ans, à une semaine près, la France se réveillait championne du Monde de football, tout allait bien, nous allions travailler moins, le gouvernement Jospin était encore à peu près de gauche et l'esprit du sport l'emportait sur le fric (superficiellement), la fraternité sur la mesquinerie quotidienne. Un rêve black-blanc-beur de bien courte durée mais un bien beau moment de plaisir car tout cérébral que je suis, je suis un amateur invétéré de sport et un supporter de tout ce qui porte une tunique bleue et qui le mérite (à destination de ceux qui pensent qu'on est champion du monde parce qu'on porte un maillot étoilé, même si ils étaient à peine capable de shooter dans un ballon en 1998). Mais finalement, ce n'est pas si antinomique que ça. Le sport, malgré ses dérives actuelles est un peu un condensé de ce qui fait l'humanité : un profond instinct animal de domination physique transcendé par la capacité d'abstraction. Hé oui, courir après la baballe, c'est une transcendance, c'est profondément intellectuel, tout en étant profondément animal. C'est humain donc...

    C'est avec pas mal de nostalgie que je dis goodbye à cette page de ma jeunesse et du sport français et que j'en viens à mon propos du jour. Goodbye et Hello donc. Hello Saferide pour être précis, Säkert dans son pays natal pour être complet, de son vrai nom Annika Norlin pour être exhaustif, suédoise de son état, pas mal de sa personne et pop-folkeuse qui mérite un coup d'oreille.

    Comment ais-je rencontré cette jeune trentenaire me demanderez vous, interloqués par ma propension à vous sortir de mon chapeau, d'illustres inconnus en nos contrées verdoyantes ?

    Je répondrais en louant le grand capital qui a eu la bonne idée de marier la mélopée d'un beau chassis pour promouvoir une belle cylindrée. Pour ceux que mon vocabulaire digne d'un docte représentant de l'automobile club de France se révèlerait un peu sybillin, voire un tantinet abscons, je vais préciser ma pensée.

    Il se trouve qu'une de ses chansons a été choisie comme fond sonore pour la dernière pub Volvo vantant les mérites de la C30. Musique suédoise pour technologie suédoise donc. Séduit par l'air entrainant, je suis allé illico sur Musique de pub pour avoir le nom de l'artiste ou du groupe à l'origine du morceau et hop, les présentations étaient faites.

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    Hello saferide, dont le pseudo a paraît-il été inspiré par la rencontre avec un routier passablement éméché, donne dans le pop-folk frais et léger, parfaitement adapté aux temps estivaux. Elle s'inscrit dans la tradition suédoise d'artistes pop qui pratiquent certes une musique pas très révolutionnaire mais talentueuse par ailleurs, souvent très bien produite et arrangée. On pourrait citer bien évidemment Gran Turismo mais ce groupe lorgne davantage du côté du pop-rock que du pop-folk. La comparaison avec Loney, dear est plus pertinente même si ce dernier sort un peu plus des sentiers battus.

    Son premier album, Introducing, où n'apparaît pas la chanson de la pub pré-citée, I was definitely made for these times, il faut le noter, égrenne 12 petites perles à l'accent musical furieusement américain, que l'on pourrait retrouver dans une série pour ados (attardés ou pas), ce qui n'est pas péjoratif tant qu'on ne caricature pas le style. Comme je l'ai déjà dit, on ne lui donnera pas le premier prix d'originalité mais les chansons sont gaies, la voix d'Annika, fragile mais bien posée dans sa douceur, les guitares bien présentes. Leur timbre est bien plus cristallin qu'énervé mais ça ne surprendra personne dans ce type de musique. La production respecte le ton de légèreté qui se dégage d'Introducing. Elle évite donc la débauche d'arrangements baroques, mais sait être variée en ajoutant au parfum général "soleil couchant sur la plage" quelques arômes de trompettes pour les morceaux enlevés (If I don't write this song, someone I love will die par exemple) et un saupoudrage sucré de cordes ou de claviers discrets sur les titres plus lents.

     

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     La suédoise fait de la bonne musique mais a un physique ingrat en général :oB

     

     


    Le clip n'a rien à voir avec Hello Saferide mais c'est le seul lien que j'ai trouvé pour cette chanson, qui est donc celle de la pub.

     

     

     

     

    If I don't write this song, someone I love will die

     

    Introducing est un album de pop-folk très agréable, idéal pour un trajet vers les vacances. Rien d'extraordinaire mais des chansons attachantes, à la fois entrainantes, douces et acidulées, un peu comme celles de Thao N'Guyen dont j'avais parlé il y a quelques temps.

     

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    Photo : Robert Henriksson

     

     

     

    http://www.myspace.com/saferide

     

  • Passé au rouge

    Quand vient Juin et son souffle tiède, apparaissent aussi les corolles vermillon des fragiles coquelicots, fleurs que j'apprécie tout particulièrement. On sait que le pavot, famille à laquelle appartient le coquelicot, est à l'origine de l'opium. Pour autant je n'ai pas besoin de le fumer pour enclencher la machine à rêve.

    Allez savoir pourquoi, moi qui n'aime pas spécialement le rouge, j'ai une tendresse toute particulière pour ces pétales froissés qui naissent en même temps que l'été. Les voir depuis un quai de gare perdue, orner le bord des voies ferrées, ouvre automatiquement les vannes des réservoirs de nostalgie et de mélancolie que j'ai fort pourvus. 

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    Ils sont si délicats ces coquelicots en papier japon qui frissonnent sous la brise et qui sont les spectateurs écarlates des joies petites ou grandes qui éclosent à cette période de l'année. Car c'est à cela que je pense en les voyant : aux fins d'années scolaires, à l'insouciance de la jeunesse aux portes d'une liberté de deux mois, à ce qui commence et dont on n'imagine pas la fin, au soleil, aux vacances, aux amitiés, aux amours...

    La jeunesse, le temps qui passe, ce que l'on en fait ou pas...C'est toujours la trame de mes dérives oniriques ou méditatives. La beauté me ramène toujours au temps, le temps à la beauté, deux pôles, deux tropismes et moi en lévitation magnétique entre les deux, finalement incapable de m'approprier l'un et l'autre.

    Mais revenons à nos poppies comme les appelle nos ennemis amicaux anglais. Ils en ont fait la fleur des soldats de la Grande-Guerre. Le souvenir n'est pas toujours tendre, le coquelicot pas toujours si léger. Pourtant loin des champs de bataille  fleuris de sang et des destins qui s'achèvent, le rouge de cette petite fleur est souvent celui de la vie qui démarre. Rouge timide d'un premier baiser, rouge passion d'une étreinte dans un champ de blé, le rouge du coquelicot n'est jamais très loin des émois au grand air, souvent quand ce sont les premiers. D'ailleurs dans le langage floral, il désigne l'ardeur fragile, une association qui me sied autant qu'elle me plait. 

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    Quand ils me croisent ou m'accompagnent le long de mes trajets ferrés, routiers ou de mes attentes solitaires, je pense à hier et à ce qui ne sera plus, je pense aux jolies choses et à l'abandon, je pense à la beauté de la vie et à la finitude, je pense à la joue si douce de cette adolescente et à ce coquelicot pâle que j'aurais pu y poser rien qu'avec un regard. Il suffisait juste d'en changer la couleur, d'arrêter de penser en bleu pour un instant. Il faut savoir qu'on en est capable...

    Les coquelicots s'inclinent doucement sous la juvénile arrogance de Juin. lls ont dans leurs pétales le souvenir de toutes les jeunesses et de tous les étés du monde. J'y vois le passé au rouge... 

  • Pas de gène entre nous !

    Il y a quelques jours, j'ai lu un article du Monde sur une entreprise américaine basée dans la Silicon Valley, 23andme, qui propose le décodage du génome des particuliers à leur demande, pour la somme de 1000 dollars.

    Je vous donne le lien de cet article qui devrait être lisible encore une semaine environ avant de passer dans les archives payantes du quotidien vespéral :

    http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/06/06/ton-genome-pour-1-000-dollars_1054735_3244.html

     

    Bien sûr, on peut comprendre la curiosité que quelqu'un peut avoir au sujet de sa signature génétique,  sur son souhait de savoir si son héritage chromosomique vient plutôt de son père, de sa mère, ou des ascendants plus éloignés etc. Mais on devine aisément les dérives qui peuvent naître de la connaissance de tout un patrimoine génétique dans la société hyper-marchande et amorale dans laquelle nous vivons. Or l'article le montre de façon clinique. Ainsi, un des clients de la société en question, lui même employé de Google, voit un grand intérêt dans l'utilisation de l'identité adn d'une personne à des fins de recrutement dans une entreprise par exemple (savoir s'il a une prédisposition pour mener un groupe ou s'il est plutôt suiveur, si bien sûr il a peu de risque de maladies etc) ou même pour accepter ou non le prétendant futur de sa fille, qui devra présenter des garanties génétiques impeccables. 

     

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    Je pense qu'il n'est pas utile de développer sur les conséquences de cette volonté d'eugénisme, sur cette inégalité quasi-insurmontable qui pourrait se créer entre les génétiquement "avantagés" (les winners) et les autres (les losers, artistes, originaux, inadaptés et autres parasites), sur la course à la modification génétique qui s'en suivrait et sur l'inévitable sélection par l'argent qu'elle entrainerait.

    Bien sûr, les deux dirigeantes et créatrices de l'entreprise,  Anne Wojcicki et Linda Avey écartent d'un revers de main les inquiétudes que peuvent faire naître leur démarche. Il y aura disent-elle des retombées médicales importantes. Certes...Elles profiteront à ceux qui auront les moyens. Les Etats-Unis vont faire voter une loi interdisant la discrimination sur critères génétiques assurent-elles. C'est beau la fausse naïveté...Elle enchaînent sérieusement sur les possibilités d'orientation d'un enfant en vertu de ses caractéristiques d'apprentissage. Houla, petit dérapage dont elles n'ont même pas conscience. Enfin pour elle, le service qu'elle propose va repeindre l'avenir en rose bonbon et nul doute que les concernant, le futur va être couleur dollars.

    En lisant le papier, j'ai automatiquement pensé à ce magnifique film qu'est Bienvenue à Gattaca, d'Andrew Nicoll, qui était une oeuvre d'anticipation à sa sortie, et qui ne l'est plus, puisque comme prévu, la réalité va rejoindre bientôt la fiction.

    J'avais chroniqué ce long métrage sur un site internet il y a quelques années. Pour l'occasion, je vais la reprendre et vous faire bénéficier de mon art de la critique, bande de chanceux !

    Hop, c'est parti !...

     

     

    L’acide désoxyribo-nucléique contient dans ses filaments de protéines les plans de chacun de nous. C’est lui qui décide si de jolies boucles d’or fleuriront sur une chevelure ou si des yeux auront le reflet mouvant d’une mer sombre. Il est même possible que ce soit lui qui écrive en lettres légères et cabotines, si les cheveux blonds raviront un jour les iris bleues… Mais si les gènes nous déterminent en grande partie doit on penser qu’on puisse n’agir que selon notre patrimoine génétique, n’être gouvernés qu’en fonction de lui, en en faisant un critère de sélection, de ségrégation ?…

    C’est cette question que soulève subtilement  Bienvenue à Gattaca

    Descendons légèrement le cours du temps vous le voulez bien ? Oh pas beaucoup, pas loin, juste deux ou trois méandres, une cinquantaine d’années, peut-être moins… De part et d’autres des rives atteintes, défile un monde que nous préparons implacablement aujourd’hui, un univers où les hommes sont maintenant triés comme des ordinateurs, par des ordinateurs. Il y a les « intel inside » et les autres, les sélectionnés et les enfants naturels, les « valides » et les « non-valides »…

    Vincent (Ethan Hawke ) est le fruit bio d’un amour vrai, un rejeton de la matière parentale, un mélange de qualités et de défauts, de forces et de faiblesses…Son cœur notamment n’est pas vaillant. Sa vue n’est pas parfaite non plus…Ce n’est pas un « valide », son patrimoine génétique n’a pas été sélectionné, ni retouché, mais sa vie est déjà connue, jusqu’à la mort. Les rubans d’ADN se sont déroulés comme la pellicule d’un film, à ceci près que le début en détermine la fin…Vincent mourra à trente ans environ et il ne pourra occuper qu’une position subalterne dans la société. Le génome a parlé avant même que le bébé ait émis ses premiers gazouillements…

    Mais le jeune garçon qui grandit n’a pas les pieds sur terre. Il a la tête dans les nuages, les yeux tournés vers les étoiles. Il veut les décrocher… Malheureusement, devenu adulte le seul espace que lui autorisera sa carte génétique est celui de l’école d’officiers-navigateurs de Gattaca qu’il devra nettoyer et faire briller comme un soleil. A défaut du ballet tournoyant des planètes, il jonglera avec son balai de technicien de surface…

    Seulement voilà, Vincent ne court pas vite, il se fait aussi toujours battre à la nage par son frère, dont les chromosomes ont soigneusement été nettoyés à sa conception, mais il sait rêver, il est supérieurement doué pour modeler l’espoir, le ciseler en forme d’avenir. Qu’importe alors les moyens pour lui de fendre un jour le vide inter-planétaire dans un de ces vaisseaux-fusée qui s’élancent à un rythme de métronome depuis la base de Gattaca. Quel qu’en soit le prix, il le fera…Même s’il doit pour cela devenir un pirate génétique, un de ces individus subversifs honnis et traqués par le système, un de ces rebelles qui prennent l’identité d’un valide jusqu’à utiliser son propre génome pour tromper les systèmes de détection de validité omniprésents.

    Jérome Morrow (Jude Law ), un valide (devenu physiquement invalide suite à un accident, vous me suivez ?) cynique et désabusé va ainsi prêter sa perfection à Vincent pour l’aider à occuper son propre poste au sein de Gattaca . Vincent va devenir Jérome et réaliser son rêve, n’éveillant les soupçons que chez une de ses collègues de travail, Irène Cassini (Uma Thurman ), troublée par l’enthousiame inhabituel du nouveau venu…

    Mais survient un jour un meurtre dans l’enceinte de l’école…Tout est alors passé au peigne fin dans l’espoir d’obtenir la signature ADN du coupable. Un cil de Vincent est trouvé… Le coupable ne peut-être que ce non-valide dont la photo apparaît à la suite de l’analyse…Le jeune homme est maintenant traqué et son rêve en péril si jamais la police parvient à faire le rapprochement entre lui et Jérome… Mais y arrivera-t’elle ? Vincent s’envolera-t’il vers les étoiles ? La statue de la liberté est-elle nue sous sa toge ? Suis-je sain d’esprit ? Lisez vous vraiment cette chronique ?

     

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    Je sais bien que le suspens vous assèche la bouche (c’est dur à prononcer hein !  ), mais je n’en dirai pas plus sur la trame de l’histoire ! Ce serait gâcher un petit bijou de film d’anticipation… Quelques mots sur le réalisateur…Andrew Niccol est un Néo-Zélandais de 44 ans qui a fourbi ses premières armes dans la publicité en Angleterre…Bienvenue à Gattaca, sorti en 1997, est son premier long métrage, ce qui est d’autant plus remarquable quand on connaît la qualité du film. Cela dit, il est aussi scénariste et pas franchement mauvais puisqu’on lui doit l’histoire de  The Truman show  , le meilleur film dans lequel soit apparu l’homme élastique, le rigolo gonflant, la réincarnation de Jerry Lewis de son vivant, Jim Carrey !! (on ne l’applaudit pas bien fort s’il vous plait, ça l’encouragerait…) (depuis est sorti Eternal sunshine, de Michel Gondry et Carrey est nettement remonté dans mon estime)

    Niccol a depuis commis une autre réalisation,  Simone , apparemment moins remarquée et dont je ne parlerai pas puisque je ne l’ai pas vu et qu’en plus et en ceci la vie est parfois bien faite, ce n’est pas le sujet de cet avis… (depuis je l'ai vu et c'est pas mal du tout)

    Bienvenue à Gattaca est un film de science-fiction, presque dans le sens littéral du terme en effet, car son thème aborde les conséquences directes du progrès en génie génétique, dans une société qu’il a façonné… En ce sens, il est directement en phase avec certaines questions éthiques qui se posent actuellement et constitue une œuvre d’anticipation proche à peine fictive. Il est vrai que l’eugénisme n’attend probablement plus qu’un avis de respectabilité pour venir policer encore davantage une humanité déjà rigide et normative. Mais cela mériterait une réflexion à part entière et j’en vois déjà qui se disent ça y est le Nicks est parti en vrille à plat(1), il est foutu, va-t’il pouvoir s’éjecter ?

    Et bien oui mesdames et messieurs ! Et le temps d’une douce descente en parachute dans le ciel brumeux de mon esprit, je vais pouvoir vous décrire ce qui fait la quintessence de cette œuvre d’atmosphère qu’est Gattaca. En effet, science-fiction n’est pas synonyme de science-action. Andrew Niccol nous offre ici en décalage complet avec les blockbusters pétaradants, dispendieux en poudre aux yeux, avares en émotions, un long métrage d’une finesse qui n’a honoré de sa présence qu’une poignée de représentants du genre jusqu’à maintenant. Ici pas de bastons ni d’explosions, mais une histoire et une ambiance… Cette dernière contribue de façon essentielle à la réussite du film en déroulant pendant 1h47 un esthétisme glacé qui traduit avec justesse la froideur et l’inhumanité de ce futur imaginaire ( mais pas tant que ça ). Dans ce monde qui traque tellement les défauts qu’il étouffe la fantaisie, le manque de chaleur se ressent dans chaque plan… Le réalisateur a choisi de restituer un univers que l’on peut qualifier de rétro-futuriste, un ersatz revival mais technologique des années cinquante, avec toutes les options dans le package : architecture monumentale et anguleuse à faire pleurer la cité radieuse d’un Le Corbusier, véhicules électriques ne cachant pas leur parentèle avec notre brave DS et la rustique Traban, policiers en trench-coat et feutre vissé sur la tête façon chasseur mac-carthyistes…Tout pour inspirer la joie et la bonne humeur donc…

    Se mettant au diapason de cette société pesante qui défrise les accroche-cœur d’un sévère haussement de sourcil, Niccol filme très sobrement. Il fait couler son histoire à la manière d’un grand fleuve paresseux mais résolu…Cependant, sobre ne veut pas dire négligé bien au contraire ! Cadres et photo sont très travaillés et renforcent l’impression de mélancolie, de déshumanisation, d’impersonnalité et d’implacabilité qui se dégage de Gattaca. La pellicule nous impressionne ainsi de quelques grandes perspectives architecturales où se perdent notre regard et les acteurs eux-mêmes, elle joue avec ombres et lumières aspirant le moindre reliquat tiède de ce futur socialement arctique…

    Pour préserver la température à son minimum, l’image se dote d’un rendu très mat, évite les éclairages verticaux en privilégiant les sources lumineuse rasantes ou latérales, en préférant les ambiances d’aube froide et de crépuscule glacé aux zéniths solaires étouffants. Comme si cela n’était pas suffisant, le réalisateur nous plonge de temps en temps dans un océan opaque et fumant comme de l’azote liquide. Les frissons naissent naturellement de ces bains forcés qui feraient passer un après-midi sur une plage de Bretagne pour une balnéothérapie tropicale ( je prierais avec insistance les bretons de prendre ceci au deuxième degré merci ! ) Enfin bref, il fait pas chaud dans ce film, vous l’aurez déduit de mes écrits avec la perspicacité qui sied à un lectorat sur-entrainé comme vous l’êtes…

    La musique se met bien entendu en accord(s) avec ce climat un peu résigné…Elle est de mon goût vraiment superbe, très solennelle, triste mais pourtant déterminée. Les cordes enroulent sa mélodie comme une liane grimpante à la recherche de lumière , sa progression chromatique s’échelonnant comme autant de marches vers les étoiles, le but de Vincent…Merci à Michael Nyman pour cette composition magnifique et entêtante ! A noter qu’il se fait un spécialiste des airs imparables puisqu’on lui doit aussi la bande musicale de La leçon de piano

    Je reviens sur mon analogie entre l’accompagnement sonore et la liane entortillée pour réaliser une transition de première division à propos de l’habillage du film. Andew Niccol a en effet truffé son film de petites références à L’ADN qui est quand même à la base de l’histoire. Ainsi, l’escalier de l’appartement de Jérome est en double hélice et le nom Gattaca est constitué des quatre lettres renvoyant aux protéines de l’ADN, la guanine, la cytosine, l’adénine, la thymine (G C A T) . Voire et c’est dire si j’ai raté une vocation de critique ciné à Télé-Z, le choix de la couleur dominante de certaines séquences me semble lié également aux quatre couleurs par lesquelles on représente généralement les composants protéiniques de l’ADN, à savoir le bleu, le jaune, le rouge et le vert. J’ai remarqué quelques plans quasiment monochromes et utilisant ces nuances, vous n’aurez qu’à vous amusez à les chercher ! Mais c’est assez flagrant tout de même, notamment à l’ouverture du long métrage, d’un superbe bleu iceberg…

    Tout ça pour dire que Bienvenue à Gattaca est fignolé comme de l’artisanat d’art et que c’est un ravissement pour les yeux. Et les acteurs ne dénotent pas dans ce tableau, c’est le moins que l’on puisse dire ! Effectivement, le casting nous offre deux beaux gosses de concours, au physique scandaleusement avantageux et une femme pas franchement moche non plus… Ethan Hawke ne souffre pas de reproches dans son jeu, discret, voire effacé, mais finalement adapté à la situation de son personnage à la double identité et qui doit le moins possible attirer l’attention. Finalement, cela sert Jude Law, beaucoup plus charismatique en presque parfait amer et dépressif. Il a d’assez loin ma préférence, composant un Jérome Morrow aussi profond que son regard, aussi trouble que ses yeux sont clairs. Il se révèle en somme moins monolithique que Vincent, qui trace sa voie avec détermination, alors que lui tangue avec ses états d’âmes et cherche en vain une motivation pour vivre, lui à qui tout a été offert à la naissance… Quant à Uma Thurman, je l’ai personnellement vue rarement aussi convaincante et resplendissante que dans ce film. J’avoue que ce n’est physiquement pas mon actrice préférée, mais elle est rayonnante ici. Il émane d’elle une aura qu’aurait envié une Vénus Boticellienne ou une grande déesse échappée d’une oeuvre maniériste…Irène Cassini qu’elle incarne, oscille entre ambiguïté troublante, froideur distante, fragilité touchante…C’est un personnage réussi…

    Je suppose que vous l’avez deviné, j’ai adoré Gattaca. Ceux qui me connaissent un peu maintenant sauront pourquoi : esthétisme soigné, histoire solide, mélancolie omniprésente, lenteur délassante…C’est une œuvre d’anticipation toute en subtilité, délivrant non pas des messages mais des allusions fines quant aux dérapages possibles de notre société avide de perfection, de compétition, de productivité et de modèles préétablis… Bon bien sûr en fouillant un peu, je pourrais bien sortir de la détermination obtuse de Vincent un discours volontariste qui ne me plait pas toujours, car associé dans mon esprit à certaines théories libérales que j’exècre, mais bon, ce n’est pas le propos du film. Celui-ci défend l’idée d’un espoir toujours possible et enrichi par les différences et les imperfections plutôt que limité par elles… Niccol dénonce l’autoritarisme larvé de nos sociétés pourtant définies comme libres en projetant leurs dérives dans un futur proche. En ceci son discours peut se superposer, avec le même brio dans son traitement cinématographique, à celui d’un Brazil ou d’un Soleil Vert. Il y est aussi question d’un univers technologique déshumanisant, normatif et tout puissant… Je me permets de vous conseiller chaudement les réalisations de Terri Gilliam, du Baron de Munchausen, superbe de poésie burlesque, en passant par Brazil donc et aussi l’Armée des douze singes…Quel dommage qu'il n'ait pu mener à terme son dernier projet : Don Quichotte, avec qui plus est Jean Rochefort dans le rôle titre, imaginez un peu ! Enfin bon...

    Bon ben voilà, j’ai du dire le principal…Je vois qu’il y a encore quelques résistants à l’endormissement alors je conclurai en disant que Bienvenue à Gattaca est un film vraiment réussi, tant sur la forme que sur le fond. Il est cependant à réserver à ceux qui savent prendre le temps de regarder et d’écouter, car le rythme est assez lent comme je l’ai dit. Mais c’est aussi le prix de l’originalité et d’une certaine beauté, caractéristiques qui s’appliquent jusqu’à la fin du film , très émouvante (mais je vous dirai pas pourquoi, niark ! ) 

     

    1-La vrille à plat est un phénomène éminemment craint des aviateurs car contrairement à la vrille habituelle, elle concerne l’axe de lacet (dérapage ou virage à plat ) et est pratiquement irrécupérable…Ou comment s’instruire grâce à Nicks ! ;o)

     

    Puisque cette critique cinématographique était dédiée à une personne en particulier, j'adresse une pensée à cette Bouclinette que je n'oublie pas, au cas où son ombre passerait sur ce blog...

     

  • Des propositions bien à gauches et pas maladroites

    Je vous ai déjà parlé du courant Nouvelle Gauche mené par Pierre Larrouturou. J'ai reçu par mail en tant que signataire de la pétition lancé par son mouvement les propositions qui pourraient êtres soumises à toutes les motions si au moins 5000 militants socialistes décident d'y apporter leur soutien. Il serait vraiment dommage que ce ne soit pas le cas tant le discours qui y est porté me semble pertinent, lucide et ancré à gauche. N'étant pas encarté je ne peux malheureusement pas appuyer cette demande mais je peux au moins contribuer à sa diffusion.

    Voici le fichier acrobat du texte :

    du fond du fond....pdf

  • Dire c'est bien, le fer c'est mieux...

    Récemment un samedi, je m'en fus par les rues de notre belle capitale, profiter du bleu du ciel, de la tiédeur affirmée d'un soleil printanier et du charme de jolies touristes anglophones qui semblaient penser que j'avais un fort potentiel de manieur de langue. Je ne sais si j'ai été à la hauteur de leurs attentes...

    J'avais donc décidé de m'offrir une balade parisienne, ponctuée d'un ciné. J'établis donc quelques waypoints avec comme destination finale une salle obscure. Puisque j'avais envie de retourner voir la tour Eiffel que je n'avais point approchée depuis quelques années, si j'excepte une courte entrevue nocturne l'été dernier, je décidai de commencer dans le septième à proximité des Invalides (aucun rapport avec moi), sur le territoire hostile de l'essayeuse haute-couture du gouvernement, accessoirement Garde des sceaux.

    Ma foi, l'arrondissement est rendu vivable par sa verdure, ses rues bordées de marronniers généreusement fleuris de rose soutenu (je ne connais pas le code rouge à lèvre Dior correspondant) et de superbes paulownias tout de guimauve vêtus. Bien sûr, c'est un peu calme à l'écart des grands monuments et on sent bien que le terrain n'est pas propice au prolétariat comme l'illustre cette rencontre près d'un distributeur de billet. Une famille sort de la banque, la mère dit à la fille âgée de onze ou douze ans en parlant de son frère de cinq ou six ans son cadet : ton frère a droit à 20 euros d'argent de poche par semaine, toi 100. C'est beaucoup 100, qu'elle dit. J'imagine le désespoir de la pauvrette rationnée financièrement par des parents mesquinement radins. La bourgeoisie a aussi ses problèmes d'argent...

     

     

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    Chez Miss Justice by Dior

    Après avoir admiré la rutilance dorée du dôme des Invalides, déambulé dans le jardin attenant, le regard oblique sur les arrière-trains d'une arrière garde de polonaises en goguette, il était temps de prendre la direction du Champ de Mars, premier champ avant les elyséens. Mais de champ libre il ne fut question car le parc était bien entendu rempli de touristes toujours plus nombreux à mesure qu'on s'approche de la plus belle érection française, ses 375 mètres toujours fièrement dressés au dessus des brumes métropolitaines. Il suffit d'un virage et la Tour Eiffel apparaît plein champ. Cliché, poncif, ringardise, plouquisme, beaufitude ou symbolisme national, réflexe jacobin, nostalgie d'une grandeur déchue, simple plaisir esthétique, impression du miracle technique toujours renouvelée ? Je ne sais, mais je dois avouer que le charme agit toujours et que la Demoiselle de fer arbore ses dentelles de tôles avec la même coquetterie, la même prestance et la même majesté que dans sa prime jeunesse, quand la rouille lui apparaissait bien plus lontaine que la Lune qu'elle chatouille encore de sa pointe.

     

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    Mademoiselle Fer

    Son succès ne se dément pas non plus auprès des touristes étrangers qui se pressent sous ses arcades en prenant leur place dans la file d'attente démesurée. Plutôt eux que moi ! Toutes les nationalités sont représentées, depuis les nouveaux riches des pays de l'Est jusqu'aux vendeurs à la sauvette qui viennent d'encore plus à l'Est. Tchiling tchiling font leurs trousseaux de mini tours Eiffel portes-clés...

    Direction le Trocadero pour admirer un des plus beaux panoramas de Paris et apercevoir des skaters, des break-dancers et pas mal de branleurs dans le lot ! :oB S'y délassent aussi quelques couples d'amoureux, sur les bancs, dans le gazon ou carrément dans les bassins, entourés de gens et seuls au monde. Si on laisse le regard divaguer vers l'horizon, on peut observer la conjonction Panthéon-Invalides, étoiles lointaines de la galaxie parisienne, vu d'ici.

    Ma marche à travers champs, délaissa derrière moi celui de Mars et son uniforme de printemps pour se diriger vers ceux qui dit-on incarnent la plus belle avenue du monde. En remontant l'un des rayons de l'Etoile, je longeai les quartiers cossus et bien habités comme aiment à dire certains agents immobiliers. Tout au bout, c'est le triomphe. Oh oui, il y a celui de l'Arc bien sûr, large d'épaules et de cuisses, un peu trapu, à l'image du petit agité dont il raconte les exploits. Mais depuis, un autre excité pas très grand a confisqué l'immodestie et les Champs-Elysées célèbrent quasiment 24 heures sur 24, cette victoire de l'apparence, du superficiel, de l'argent roi, en un mot, du bling-bling.  J'y croisai donc moults Tony Montana avec la tenue adaptée à l'époque : pantalons slim ou au contraire doggy ou survêt extra-larges, t-shirt de marque ou petite chemise près du corps et surtout une cargaison d'accessoires qui rendraient folle une pie voleuse : gourmettes, bagues, chaînes, lunettes, casquettes, pochettes, le tout griffé bien évidemment. Le volet femelle de cette population est bien entendu encore plus représenté avec notamment les petites pétasses à peine pubères, panoplie complète de la bimbo fin des années 50, bras dessus-bras desous avec leur Vuitton. Je ne crois pas qu'il faudra beaucoup compter avec ceux-ci pour les prochaines mobilisations sociales. Si la mémoire d'un poisson rouge ne dépasse pas quelques secondes, les perspectives des fashion girls and boys n'excèdent bien souvent pas l'heure suivante, rarement la prochaine soirée et l'after qui précède le before. C'est finalement la logique de la génération upside-down, qui ne veut tellement pas se prendre la tête, qu'elle la laisse systématiquement au placard. Commentaire aigri de vieux con trentenaire, je sais. Mais j'assume mon archéo-conservatisme...

    Mais que faisais-je donc sur les Champs parmi ces gens à la fois uniformes et bigarrés, moi qui en suis plus éloigné que le Pape l'est de Marilyn Manson ? C'est simple, je voulais revoir la Tour et me faire un ciné dans la foulée de ma promenade, j'ai donc respecté une certaine cohérence géographique en allant dans un complexe à proximité. Il fallait en outre qu'il acceptât les places gratuites sous forme de cartes qu'un quasi monopole familial soutire de l'émission journalière de Ruquier. Destination, l'UGC Normandie donc, tout près du Lido, grand recéleur de naïades plastiquement avantagées, dont je ne vis cependant pas la moindre plume égarée.

    C'est donc le moment de vous dire ce que la pellicule m'offrit ce jour là sur l'écran blanc d'une salle pas vraiment noire de monde (normal, fin d'aprem et journée ensoleillée mais c'est aussi pour cela que j'avais choisi l'horaire). C'est Iron Man que j'allai voir, film précédé d'un sillage critique sans trop d'écume acide. A raison, je dois le dire car si l'on est bien sûr très loin d'un grand film, le long-métrage de Jon Favreau se déguste comme une friandise dont il est plus opportun de s'en tenir au goût plutôt qu'à la recette. Sur un scenario bien mince, truffé d'invraisemblances presque volontaires se déroule ce film d'action aux effets spéciaux très efficaces, porté par le jeu cabotin d'un Robert Downey Junior revenu d'entre les junkies et qui s'éclate à jouer un marchand d'armes surdoué (Tony Stark), insolent de réussite et de charme viril, qui vire humaniste après une prise de conscience bien américaine. En effet, après avoir été retenu en otage par des ismamistes afghans et s'être échappé de sa geole troglodytique grâce à ses menus talents de bricoleur, il s'aperçoit que les armes c'est dangereux et que horreur, les siennes peuvent servir à tuer de bons soldats états-uniens. C'est donc ultra simpliste, bien manichéen mais il faut rappeler que c'est l'adaptation d'un comic du même nom. Ensuite, comme je l'ai dit, c'est du pur divertissement plutôt bien mené et jubilatoire. Notons la présence de Gwyneth Paltrow en femme à tout faire à son patron (Tony Stark), aux manières anglaises, ultra professionnelle, élégante et pincée, mais qui n'en est pas moins femme et donc complètement dingue de son chef de robot humain qui rend la justice à coup de torgnoles en acier (alliage d'or-titane pour être précis). Il faut signaler aussi la présence de Jeff Bridges (Obadiah Stane), un de mes acteurs favoris depuis son rôle dans The big Lebowski et qui est physiquement transformé dans ce film. Il joue l'associé qui tient énormément aux intérêts de l'entreprise et qui accepte avec un minimum de flegme la nouvelle vocation du Pdg. Au final, un moment de détente vite oublié mais qui n'en est pas moins une des meilleures adaptation d'une Bd marvel au cinéma, grâce à la personnalité très cool-smart charismatique de Robert Downey, à son humour très présent et à ses effets spéciaux impressionnants.

     

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    Monsieur Fer

    Fin de séance et fin de journée. Il fallait penser au retour dans la lointaine banlieue alors que Paris préparait sa soirée. Ma retraite me conduisit jusqu'aux Tuileries, puis au Louvre, tous deux innondés de la lumière paille d'un soleil rasant. Il poursuivait son plongeon au ralenti quand j'empruntai le Pont des Arts dont les planches servaient de champ (encore un) de pique-nique à des parisiens qui savouraient la douceur d'une des premières soirées de beau temps du printemps. Beaucoup d'étudiants et d'étudiantes, mais aussi des gens plus agés. Tous avaient en commun la gaité de l'instant, les sourires affichés, une bonne bouteille et la guitare aux côtés. Comme j'avais envie de m'asseoir là moi aussi, de prendre un verre de rosé et de voir si par hasard mes vingt ans depuis déjà si longtemps fugueurs ne passeraient pas dans le coin, histoire de savourer les quelques éclats de bohème que je n'ai pas su leur offrir. Ca a l'air si agréable un pique-nique au Pont des Arts. Quels chanceux, ces parisiens !...J'y reviendrai...

      

  • Des blogs très glop

    Vous l'aurez peut-être deviné si vous avez déjà lu certains de mes posts, mais je suis un résistant déclaré à la société bien pourrie qu'on veut nous imposer sous les prétextes les plus divers d'inéluctabilité, de modernité et de chouchoutage de la finance (ah non ça, c'est pas un motif officiel et puis je suis mauvaise langue de sous-entendre que ça pourrait être une cause officieuse)

    Comme on reproche toujours aux alters de critiquer mais de ne jamais rien proposer, de critiquer mais de ne rien connaître en économie, la mère et la fille de toutes les sciences, bénie soit son nom et tous ses prophètes, je vais vous proposer un blog d'un économiste et philosophe dont je vous ai déjà parlé un peu ici : Frédéric Lordon.

    www.blog.mondediplo.net/la-pompe-a-phynance 


    Il vient de démarrer ce site par ses propositions de régulation des marchés financiers. Il était d'ailleurs une des personnes à l'origine de la pétition stop-finances. Lordon est une pointure en économie et qui plus est un hétérodoxe qui ne confond pas un bouquin de Friedmann avec un roman photo porno comme peuvent le faire certains de ses collègues érotomanes et fétichistes du néolibéralisme.

    Sa première note est assez technique et pour tout dire très ardue à déchiffrer pour un néophyte en éco, mais avec quelques efforts on comprend là où il veut en venir. Le plus important est de savoir que de réelles alternatives existent pour peu que les politiques fassent l'effort d'en prendre connaissance et le cas échéant aient la volonté de les mettre en oeuvre. Il faut en finir avec la pensée unique, le fatalisme néolib et le matraquage des "on ne peut pas faire autrement" ou des "s'il y avait d'autres solutions ça se saurait". Hé bien sachez le, il y en a !

    Un blog à suivre en tout cas, le personnage étant vraiment intéressant, son style plaisant et ses analyses acérées. Il préfigure lui aussi le visage que pourrait avoir une gauche réellement moderne, force de proposition sans renier ses valeurs.

     

    L'autre adresse que je vous recommande et qui n'a rien à voir là avec la politique, du moins directement, c'est le blog du Djib, que je ne peux pas faire autrement que de signaler sous peine de représailles massives de la fratrie. Mais comme il est presque aussi intelligent, fin et spirituel que moi, ce n'est pas un lien au rabais. Sa première note pourrait plutôt le faire qualifier de lien au Rabelais, même si elle ne porte absolument pas sur ce personnage truculent, mais sur François Villon, presqu'homonyme du droopy néolibéral de Matignon, mais qui n'a rien en commun avec ce triste sire. Cet écrivain bandit libertin de la fin du XVème siècle est considéré comme le premier poète maudit. Si vous voulez en savoir plus sur lui et sur le livre que lui consacre Jean Teulé, allez ici : 

    www.graal.hautetfort.com 

      

  • Y a encore rien à la télé !

    Bon ce soir, je vous préviens y a rien d'intéressant à la télé. Matez vous un bon dvd, allez au ciné, profitez des premières soirées de printemps en respirant le suave parfum des lilas au crépuscule, chattez avec vos amis et vos amours, voire plus si affinités, faites la vaisselle, faites vos comptes, faites un match de PES sur la Playstation, lisez un bon bouquin, jouez avec vos enfants ou votre chat, faites ce que vous voulez mais...

     

    Ne regardez pas l'individu peu recommandable qui va encore essayer de vous gruger ! De toutes façons vous savez ce qu'il va dire... La pire claque à lui donner et il en mérite l'ignoble bougre c'est de ne pas lui accorder notre attention. Boycottons mes frères et mes soeurs ! 

     

  • France 2 met la propagande sur les rails

    Aujourd'hui dans l'actualité, l'évènement le plus important, celui qui fait la une, ce n'était pas la crise alimentaire dans les pays pauvres et bientôt dans les nôtres, la crise tout court, la mort d'Aimé Césaire ou la siituation en Irak, non c'était cette catastrophe dramatique et scandaleuse à la fois : un Eurostar a mis 12h pour faire Londres-Paris. Le bilan est lourd, au moins une cinquantaine de râleurs sur 650 passagers qui ont tous failli perdre la vie dans ce remake du 11 Septembre.

    Le coupable est évident, la SNCF, cet ogre dispendieux des impôts des braves citoyens français et qui comme d'habitude ne sait pas faire avancer ses trains. Coupable aussi de ne pas communiquer minute par minute de l'avancée de la situation à des passagers-rois qui tenez vous bien, étaient privés de climatisation, en plein mois d'Avril (qui plus est un des plus frais de ces dernières années), on croit rêver !

    Bien entendu il y aura toujours quelques originaux gauchistes pour faire remarquer que faire l'ouverture des journaux sur ce pauvre fait divers anecdotique est un peu déplacé vu la situation du monde actuellement. Il y aura même quelques terroristes de la pensée fasciste pour tenter de faire un rapprochement suspicieux entre cet incident et la proximité  de la remise du rapport de la cour des comptes sur les dysfonctionnement suite à la séparation de RFF (à lui les déficits et l'entretien du réseau sans les moyens) et de la SNCF (futur trésor de guerre des actionnaires quand la société sera privatisée et soigneusement débarassée des secteurs non rentables et des oripeaux archaïques du service public).

    Les journalistes n'ont bien sûr pas jugé utile de dire qu'Eurostar est une filiale de droit privé de la SNCF (mais pas seulement), la propagande néolibérale en vue de la privatisation de la SNCF ne saurait s'abaisser à établir un tableau complet et neutre de la situation (à savoir que c'est une société privée qui est responsable de ce problème). Non au contraire, ils ont réalisé un petit historique des ratés de notre bonne vieille société des chemins de fer français, qui à elle seule a causé plus de préjudice moral et de morts atroces que toutes les interventions légitimes des USA, portées par le bon sens du libéralisme économique.

    Inutile de dire que l'envie d'occire ces pseudo-journalistes serviles et partiaux m'a sérieusement démangé. Mon caractère placide et pacifique est soumis à rude épreuve quand il se trouve face à face avec cette information orientée digne de la Pravda de la grande époque Brejnevienne ou du Fox New des bushistes. Entendons nous bien ! Ce n'est pas la liberté de la presse, innattaquable, qui est en cause, c'est ce maquillage du parti pris grossier sous les traits d'une neutralité bienveillante comme sur France 2 par exemple (mais quasiment tous les journaux papiers et télévisés ont fait de même aujourd'hui, c'est dire si la pensée unique est en territoire conquis aujourd'hui). Au moins quand on lit Le Figaro, on sait la préférence politique qui tient lieu de ligne éditoriale. Ce n'est pas le cas à la télévision ou dans la presse régionale, qui concerne pourtant le gros de la population qu'on intoxique insidieusement.

    Proprement révoltant !

  • Pour une gauche plus adroite

    Le Ps est aujourd'hui un canard sans tête. Il court dans tous les sens (souvent vers la droite), se cogne contre les murs (2002.2005.2007) et va finir par pourrir dans un coin s'il continue dans la voie qui est la sienne.

    Pourtant, il y a encore quelques traces de gauche dans ce parti. Je me propose de vous citer deux noms, deux membres du Ps qui proposent des réflexions et des mesures qui allient à la fois la modernité et l'esprit de solidarité.

    Jacques Généreux tout d'abord...

    Jacques Généreux est un économiste de 52 ans qui enseigne à l'IEP de Paris dont il est par ailleurs diplomé. Il est membre du Ps au sein du courant Nouveau Monde et fait donc partie de l'aile gauche du parti. A ce titre il était opposé au TCE. 

    Il n'est pas très difficile de deviner après cette courte présentation qu'il s'agit d'un économiste que nous qualifierons d'hétérodoxe ou alternatif si vous préférez. sa vision de l'éconmie est donc plus axée autour de l'homme que le contraire comme cela prévaut chez les orthodoxes qui s'abritent maintenant derrière des paravents scientifiques (forcément bancals malgré des affinements, puisque l'homme est une variable difficilement modélisable. Pourtant il est un acteur majeur dans tous les processus économiques) pour légitimer la prépondérance de leur idéologie sur la société.

    Dernièrement, le Djib m'a fait suivre un document de Jacques Génereux provenant de son blog, vers lequel je vais moi-même vous orienter maintenant :

    www.jacquesgenereux.fr 

    Ce document est un article ayant pour sujet les relations entre individu et socialisme. C'est certes une réflexion très théorique mais elle porte sur un thème crucial, à savoir l'individualisation de la société et la possibilité du socialisme de mettre en avant un autre paradigme définissant une organisation sociétale.

    Le Ps s'est ralliée déjà depuis un certain temps au néolibéralisme et a accepté l'individuation de la société comme perspective évolutive incontournable (la rupture officielle se situe en 1983 même si dans les discours les socialistes ne l'ont jamais véritablement admise, créant ainsi ce décalage entre campagnes électorales et politiques réelles appliquées qui les a jetés dans le gouffre actuel). En ceci ils ont donc partagé les fondements idéologiques de la droite libérale. Comment s'étonner alors qu'ils s'interdisent de mener des politiques de gauche et qu'ils oeuvrent pour que la conception néolibérale de la société soit acceptée par tous.

    Jacques Généreux revient sur les rapports entre socialisme et individu, sur les effets délétères du ralliement d'une bonne partie de la gauche au néolibéralisme, sur les dangers réels que cela fait courir à la société voire à la démocratie et propose ce qu'il voit comme préalable idéologique au retour du socialisme à gauche, que je pourrais résumer par la recherche d'un équilibre entre liberté individuelle et libertés collectives.

    Sa réflexion formalise en tout cas ce que je pense depuis un moment. Vous pouvez lire ce document sur son blog. Il en fait une présentation résumé et il propose un lien vers un fichier word qui contient le texte intégral de la note. C'est un peu ardu pour les néophytes mais c'est une lecture qui fait du bien quand on désespère de voir un sursaut à gauche. 

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    L'autre personne recommandable du moment, c'est Pierre Larrouturou.

    C'est un ancien ingénieur agronome de 45 ans, membre, lui aussi, du Ps. Il est connu pour ses positions originales sur la réduction du temps de travail. Rien qu'à ce titre, il m'est déjà très sympathique.

    Larrouturou défend la semaine de quatre jours pour la majorité des salariés mais dans une optique différente des 35h imposées par la loi et selon lui "un piège à flexibilité". On ne peut pas dire qu'il ait eu tort en disant cela. sa vision de la réduction de travail est modulable selon les corps de métiers :

    -semaine de quatre jours pour la plupart des salariés

    -travail quatre mois suivi d'un mois de congés pour les chercheurs ou dans l'informatique par exemple

    -une semaine de 5 jours puis une semaine de trois jours pour les transporteurs routiers

    Beaucoup d'autres modèles sont possibles. A l'époque la RTT était une notion relativement en vogue et pas seulement spécifique à notre pays de parasites et de feinéants, puisque de nombreuses entreprises en Allemagne expérimentaient ou avaient adoptées les 32h. Mais le néolibéralisme a vite remis de l'ordre dans tout ça. Chacun sait que des gens qui travaillent moins ont plus de temps pour réfléchir...

    Il a récemment lancé un appel pour une nouvelle gauche dont vous pourrez lire les termes sur le site : www.nouvellegauche.fr. IL s'agit essentiellement d'un mouvement destiné à réveiller le Ps et lui faire retrouver la mémoire. En effet, mesdames et messieurs, à l'origine, le Ps est un parti de gauche. Je sais c'est difficile à croire mais c'est vrai, des datations au carbone 14 ont prouvés que des textes de lois à vocation sociale avait été rédigés à l'initiative de ce parti.

    J'ai signé la pétition qu'il propose et je reçois régulièrement une lettre d'information qui relate de l'actualité du mouvement. Je vais vous restituer la dernière qui est éclairante sur la situation du parti et la logique de droite qui le guide désormais.

      

    Lettre ouverte à tous ceux et celles qui veulent que le PS se mette au travail… Bonjour à tous, bonjour Archéo-conservateur (il m'appelle par mon prénom en fait, c'est mon pote Pierrot ! :oB),

     

    Je reviens vers vous pour vous donner des nouvelles de notre pétition. Rappel des épisodes précédents : 1 > nous devions déposer notre pétition le 25 mars. François Hollande nous a interdit de monter à la tribune du Conseil National mais a promis que nous pourrions la déposer au Bureau National du 1er avril et que, avant ce B.N., il recevrait quelques uns des premiers signataires pour que nous puissions parler avec lui de notre demande. 2 > le 1er avril, trois heures avant le Bureau National, nous arrivons enfin à joindre le Directeur de Cabinet de F. Hollande. Stéphane Le Foll commence par dire que nous sommes des inconscients et qu’il est impossible d’organiser une Convention sociale et une Convention européenne d’ici l’été. Au bout de 10 minutes d’un dialogue musclé, il conclut qu’on pourrait peut-être organiser une grande Convention (celle sur les questions sociales). Il est acté avec Stéphane Le Foll que notre pétition sera donnée le soir même à tous les membres du Bureau National et que Claudy Lebreton et Patrick Bloche (qui sont signataires et membres du BN) auront un moment pour en parler. La décision sera mise "en délibéré" jusqu’au BN du 8 avril, date à laquelle j’aurai un moment à mon tour pour argumenter devant les membres du BN. Il est acquis que nous pourrons rencontrer François Hollande avant le 8, pour parler avec lui du fond de notre demande. "On fixe le rendez-vous demain. Tu  nous appelles demain et on fixe le rendez-vous !" me dit Le Foll en concluant l’entretien. 

     

    3 > Le 2 avril, nous apprenons que le texte de la pétition n’a pas été donné aux membres du BN.    

     

     4 > Malgré de nombreux appels, nous n’arrivons à joindre ni F. Hollande ni S. Le Foll entre le 1er et le 8 avril. Il faudra un jour reparler du cumul des mandats : Le Foll est payé pour garder la maison quand le patron n’est pas là. Mais, en plus d’être Directeur de cabinet à Paris, il est élu municipal au Mans et Député européen à Bruxelles et Strasbourg… Cela ne facilite pas les contacts et laisse peu de temps pour la réflexion !

     

    A la demande de son assistante, nous envoyons par mail les 6.123 premières signatures de militants PS (les seules qui semblent intéresser la direction…) et obtenons un mail « Bien reçu » mais aucune proposition de rencontre. 5 > Le mardi 8 en fin d’après midi, pensant que Claudy LeBreton, Patrick Bloche et moi pourrons déposer et défendre notre pétition, je me rends à Solférino sans avoir pu joindre ni Le Foll ni Hollande. "Il a eu ton message et il a ton numéro de portable" me répondent imperturbablement leurs assistantes quand j’essaye à 6 reprises dans la journée du 8 de leur parler. N’était-il pas "promis" depuis le 25 mars que nous pouvions nous parler et que nous pouvions déposer notre pétition ? 6 > J’arrive à Solférino et demande à voir le Foll avant que le Bureau National ne commence (François Hollande est à l’Assemblée). Il ne répond pas à ma demande. Quand je fais mine de m’engager dans le couloir qui mène au BN, un homme de la sécurité me demande de revenir à l’accueil sur un ton peu amène. J’arrive à coincer Le Foll, qui m’explique en termes peu châtiés que nous lui cassons les pieds (par écrit, mieux vaut ne pas répéter les termes exacts). "Vous voulez foutre en l’air le calendrier décidé par le Conseil National" dit-il. Je lui explique qu’il ne s’agit pas de foutre en l’air quoi que ce soit mais seulement d’utiliser au mieux les 2 mois qui restent avant les grandes vacances : si nous nous mettions sereinement au travail pendant ces 2 mois, nous pourrions avoir un Congrès bien moins violent et bien plus intéressant… De deux choses l’une : soit ce travail aboutira à un consensus (ce sera alors notre nouveau projet social), soit il n’y aura pas de consensus et c’est le Congrès qui tranchera entre plusieurs stratégies possibles. Mais, si nous commençons par ce travail de fond, le Congrès sera moins violent et sera l’occasion de construire un projet très concret. J’ai le malheur de rappeler à Le Foll qu’en 2003, déjà, ils nous avaient traité de "casse-couilles" quand, avec quelques amis, on leur avait dit qu’il y aurait un référendum et que le Non allait gagner si on ne faisait pas le maximum pour obtenir un Traité social (à l’époque, toute l’équipe de Soférino était convaincue qu’il n’y aurait pas de référendum et que c’est l’UMP qui allait éclater au moment de la ratification parlementaire du Traité…). Ce rappel a le don d’énerver Stéphane : "Bien sur. Bien sur. Et c’est grâce à vous aussi qu’on a gagné les municipales !" me dit-il, assez énervé. Visiblement, à force de le répéter, Solférino commence à croire vraiment que c’est François Hollande qui a gagné les municipales. Il faudra un jour qu’on leur parle du travail réalisé par les élus et les militants de terrain, et de l’effet repoussoir qu’a eu Sarkozy. Mais, mardi, je n’ai pas voulu m’avancer sur ce terrain…      

     

    7 > Comme l’homme de la sécurité a appelé un de ses copains, plus balèze, et que le scandale n’est pas une façon de convaincre, je n’ai pas tenté d’aller au Bureau National. Quand j’ai quitté Solférino, Le Foll m’a dit qu’il allait donner notre texte à tous les membres du BN (ce qu’il n’a pas fait). Je suis sorti de Solférino absolument furieux. C’est quand même ahurissant dans un parti qui se veut démocratique, qu’on ne puisse même pas déposer une pétition signée par plusieurs milliers de citoyens et bon nombre de parlementaires. Voir un parti aussi verrouillé m’a vraiment mis hors de moi. Sur le fond, ce refus du débat me semble dramatique. Sarkozy et Fillon ont relancé leurs réformes. Santé, code du travail, retraites, éducation… Sur tous ces sujets, nous allons évidemment nous opposer aux réformes engagées par la droite, mais nous serions 1000 fois plus convaincants si nous pouvions dessiner une alternative ! Pourquoi ne pas le faire ? Un des élus qui soutient notre initiative a récemment croisé François Hollande et lui a demandé pourquoi il refusait de nous écouter, pourquoi il ne voulait pas que le PS se mette au travail d’ici l’été. « Il ne faut pas nous dévoiler trop tôt, lui a répondu François Hollande. Il faut laisser la droite avancer ses réformes et ne pas nous dévoiler trop tôt ! » L’élu n’en est pas revenu. « Ne pas nous dévoiler trop tôt, c’est super astucieux comme stratégie. Mais il ne faut pas non plus nous dévoiler trop tard ! A force de ne pas nous dévoiler trop tôt, on n’a toujours pas compris quel était notre projet en 2002 et notre projet de 2007 était tellement faible qu’il n’a pas convaincu grand monde… »                                          

     

                                                                        * * * *

     

    L’image que donne le PS recommence à être catastrophique (Cf « Les reconstructeurs socialistes bâtisseurs de dissensions » dans Libération de ce samedi http://www.liberation.fr/actualite/politiques/320801.FR.php ) Depuis le 21 avril 2002, le PS a tenu deux Congrès "classiques". Nous avons passé des heures à écouter des grandes déclarations générales qui n’ont permis aucune clarification, aucun progrès réel. Au lieu de reprendre les mêmes méthodes, avec les mêmes acteurs, dans le même huis clos, pourquoi ne pas innover ? Pourquoi ne pas nous mettre vraiment au travail, en nous ouvrant à tous ceux et celles qui veulent travailler avec nous ? Une descente en ski dépend en large part de l’impulsion qui est donnée dans la première longueur. De même, la capacité qu’aura (ou non) la gauche à se renouveler dans les prochaines années, dépend largement de ce que nous ferons (ou ne ferons pas) d’ici au Congrès de novembre. Face à ce blocage, que pouvons-nous faire ? Si nous voulons effectivement organiser un grand temps de travail avant l’été, il faut que la décision soit prise avant la fin avril ou dans les tout premiers jours de mai. Ensuite, il sera trop tard pour organiser quelque chose qui a de l’allure. Nous avons donc encore 3 semaines (maxi) pour débloquer la situation. 1° Parmi nos premiers signataires, plusieurs parlementaires veulent utiliser la semaine qui vient à convaincre leurs collègues : "Quand les députés rencontrent des militants, ils se rendent compte que la rénovation annoncée par Solférino n’intéresse pas grand monde. L’idée de travailler sur le fond pendant 2 mois pour avancer sur le projet et pour renforcer notre unité, est une idée qui progresse. On doit pouvoir en convaincre un certain nombre."  

     

    2° J’invite tous ceux et celles d’entre vous qui connaissent des parlementaires ou des élus socialistes à leur en parler.  

     

    3° Nous retournerons à Solférino le 22 avril avec une vraie délégation. Si, d’ici là, nous avions doublé le nombre des signatures, peut-être que F. Hollande et les membres du BN seraient plus attentifs… Chacun et chacune peut prendre quelques minutes pour appeler un(e) ami(e), PS ou non-PS, pour lui demander de signer. Si vous allez à une réunion de section, donnez l’adresse www.nouvellegauche.fr à tous ceux qui sont ouverts au débat. 4° D’autres prises de parole collectives sont en préparation dans les grands médias d’ici au 22. Nous vous tiendrons au courant. Pour info, j’étais lundi l’invité du NouvelObs.com (http://forums.nouvelobs.com/1348/Pierre_Larrouturou.html) et mardi, avant d’aller à Solférino, j’ai rencontré à nouveau l’équipe qui anime Les Inrockuptibles. Visiblement, à lire son blog, l’un des journalistes des Inrocks apprécie notre façon de faire : « Déjeuner avec Pierre Larrouturou. Vous avez peut-être lu son entretien dans Les Inrocks du 25 mars, ou alors ses bouquins. Larrouturou, c'est cet économiste qui militait pour la semaine de quatre jours, qui croit fermement qu'une vraie politique de gauche est possible dans le contexte global actuel. Gai, souriant, parlant à toute berzingue, sortant de sa manche chiffres et graphiques toutes les deux minutes à l'appui de ses idées, Larrouturou donne la pêche. C'est à lui tout seul un jacuzzi, un energizer, un rail de coke, une capsule de viagra : après deux heures avec lui, on redevient optimiste. On aimerait que son énergie, sa croyance dans les dossiers de fond atteignent l'air raréfié de la rue de Solférino, mais ça, c'est pas gagné. » C’est la première fois que je me fais traiter de "Rail de Coke". Je n’ai jamais été très porté sur ce genre de complément alimentaire, mais c’est vrai que Solférino aurait besoin d’un truc un peu fort ! 5° Tous ceux et celles qui ont des idées à proposer pour activer le mouvement sont évidemment les bienvenu(e)s ! Vu le peu de temps que nous avons devant nous, nous ne pouvons pas organiser de rencontres « physiques » mais nous pouvons échanger par mails. N’hésitez pas à nous envoyer toutes vos propositions pour réveiller Solférino ! Ce mail est déjà trop long (désolé !). Juste deux mots de conclusion : il nous reste 3 semaines pour faire bouger Solférino. Ensuite, je crains que nous ne soyons embringués sur un toboggan qui nous mènera à un Congrès très très dur et nul ne sait dans quel état le PS et l’ensemble de la gauche en sortiront. Alors, AU TRAVAIL ! Chacun de nous peut convaincre un(e) élu de sa connaissance. Chacun de nous peut trouver 2 ou 3 signatures d’ici le 22 avril. BONNE SEMAINE A TOUS ! Pierre Larrouturou

     

    Voilà, la gauche n'est pas encore morte et il y a quelques petites flammes ça et là qui n'attendent que le vent de l'Histoire pour incendier les coeurs. De quoi essayer de faire mentir Frédéric Lordon, économiste hétérodoxe de grande qualité qui qualifiait il n'y a pas longtemps le Ps comme ceci : Ps, parti socialiste, socialisme partit. 

    V

  • Nouvelles du front

    J'aimerais vous faire part d'une information que bien peu d'entre-nous auront eu le loisir d'apprendre. Il s'agit d'un arrêt rendu par la cour de justice des communautés européennes (CJCE). Dans l'affaire présente, elle avait été saisie par une entreprise polonaise impliquée dans un chantier public dans le land de basse-Saxe en Allemagne. Elle avait été condamnée une première fois à une amende pour avoir payé ses employés polonais à la moitié environ du salaire minimum prévu par une convention collective en vigueur dans cet état allemand.

    Le CJCE a pourtant donné raison à l'entreprise polonaise en s'appuyant sur le caractère partiel de cette convention collective qui ne s'applique qu'aux marchés publics (et pas privés donc) Or une directive européenne garantissant la libertés d'échanges de services stipule qu'une convention collective pour être recevable doit être d'apllication globale. (Je résume et simplifie. Si vous voulez avoir plus de détail, je vous conseille le blog Libé de Jean Quatremer sur les affaires européennes http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/ et le contenu in extenso de la décision de la CJCE http://curia.europa.eu/jurisp/cgi-bin/form.pl?lang=fr&newform=newform&Submit=Rechercher&alljur=alljur&jurcdj=jurcdj&jurtpi=jurtpi&jurtfp=jurtfp&alldocrec=alldocrec&docj=docj&docor=docor&docop=docop&docav=docav&docsom=docsom&docinf=docinf&alldocnorec=alldocnorec&docnoj=docnoj&docnoor=docnoor&typeord=ALLTYP&allcommjo=allcommjo&affint=affint&affclose=affclose&numaff=C-346%2F06&ddatefs=03&mdatefs=04&ydatefs=2008&ddatefe=&mdatefe=&ydatefe=&nomusuel=&domaine=&mots=&resmax=100 )

    Bien que respectant bien entendu le droit européen, cet arrêt est assez inquiétant, voire même révoltant. Pourquoi ? Parce qu'il légitime l'avantage comparatif salarial dans la mise en concurrence des entreprises européennes et qu'il crée donc une jurisprudence très favorable au moins disant social. Ce n'est pas nouveau dans l'Union, Mais c'en est un nouvel exemple. Ainsi dans un but anti-protectionniste qui m'apparaît assez extrémiste mais qui s'appuie sur le droit de libre circulation des personnes en Europe, on sape de fait des garanties sociales.

    Les défenseurs de cet arrêt insistent sur la focalisation envers la convention collective jugée contraire au droit européen car d'application non globale. Selon eux il suffirait donc que cette convention passe dans une loi, qui a un degré de préeminance juridique plus élevé que les conventions collectives pour que le salaire minimum demandé à une entreprise d'où qu'elle vienne puisse être contraignant. Mais dans les faits et vu le contexte actuel néolibéral, il faudrait être bien naïf pour penser que le législateur intervienne pour préserver le mieux disant social.

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    La CJCE vient donc encore une fois, car il y a des précédents, de donner un coup de canif dans la protection des travailleurs. Je vous conseille de lire attentivement les alinéas 14 et 15 de l'arrêt en question :

      

    "14      À cet égard, ladite juridiction observe que les engagements de respecter les conventions collectives obligent les entreprises de construction d’autres États membres à adapter les salaires versés à leurs employés au niveau de rémunération, normalement plus élevé, applicable au lieu d’exécution du marché en Allemagne. Une telle exigence fait perdre à ces entreprises l’avantage concurrentiel qu’elles tirent de leurs coûts salariaux moins élevés. L’obligation de respecter les conventions collectives représente dès lors une entrave pour les personnes physiques ou morales provenant d’États membres autres que la République fédérale d’Allemagne.

    15      Par ailleurs, la juridiction de renvoi a des doutes s’agissant de la question de savoir si l’engagement de respecter les conventions collectives est justifié par des raisons impérieuses d’intérêt général. Plus particulièrement, un tel engagement va au-delà de ce qui est nécessaire à la protection des travailleurs. Ce qui est nécessaire à la protection des travailleurs est délimité par le salaire minimal obligatoire qui découle de l’application, en Allemagne, de la loi sur le détachement des travailleurs (Arbeitnehmer-Entsendegesetz), du 26 février 1996 (BGBl. 1996 I, p. 227, ci-après l’«AEntG»). Pour les travailleurs étrangers, l’engagement de respecter les conventions collectives ne permet pas d’atteindre l’égalité effective entre ces derniers et les travailleurs allemands, mais empêche que les travailleurs en provenance d’un État membre autre que la République fédérale d’Allemagne soient employés sur le territoire de cette dernière, puisque leur employeur ne peut pas faire valoir son avantage de coût au regard de la concurrence."

    Dans ces quelques phrases se loge l'essence des dispositions juridiques des traités européens en matière économique. On peut craindre que cette jurisprudence soit exploitée par les entreprises qui s'appuient sur la modération salariale pour être compétitives.

    La cour a statué je l'espère de façon neutre, mais en fonction de directives qui elles, sont néolibérales dans leur substrat. S'il m'avait fallu une nouvelle raison de justifier mon vote non au TCE, j'en aurais une excellente avec cette décision de justice.

    Une nouvelle victoire donc de la réglementation dérégulante, un paradoxe bien unionesque.

    Mais la guerre n'est pas terminée pour autant mes braves concitoyens !

    Je vous propose de participer à une contre-offensive (j'enjolive un peu certes, il s'agit plus de guerilla mais bon) en signant cette pétition en faveur du contrôle des marchés financiers. Ces derniers, leur mode de fonctionnement, l'idéologie néolibérale dont ils s'inspirent sont pour beaucoup dans l'érosion des conditions de travail, l'effacement du rôle social des Etats, la décrédibilisation des impôts etc...Il faudrait en plus, au moment ou une crise d'une ampleur inégalée depuis 1929 est peut-être sur le point de se déclarer, que les contribuables payent pour assumer les erreurs des financiers ? Il est temps de les ramener à la raison et nous en avons les moyens par la loi.

    http://www.stop-finance.org/

    Faites la tourner !

    Keep fighting !

     

  • What's the matter ?

    Pour mon anniversaire, mon frère m'a offert le dernier album de Syd Matters, qui comme son nom ne l'indique pas, est un groupe français dont la figure de proue et le fondateur est Jonathan Morali. J'en avais déjà entendu parler sur le site des Inrocks qui ont chroniqué son dernier Cd et qui quelques temps auparavant avaient adressé leur prix CQFD à Syd Matters.

    La critique était enthousiaste et ma curiosité m'a poussé à chercher sur le net des possibilités d'écoute de son dernier album, à savoir Ghost days. Le folk éthéré, mélancolique et original du groupe n'a pas mis longtemps à me séduire et le Djib (voir post sur ma bannière) n'a lui pas tardé à faire la même découverte et à m'acheter l'opus en question. C'est cool d'avoir un frère qui a presque d'aussi bons goûts que soi !

    1752368260.jpgJonathan Morali pratique donc un folk-pop extrèmement inventif et baigné d'une ambiance ouatée, légèrement surréaliste. Le visuel de son album et de ses clips viennent d'ailleurs confirmer qu'à l'écoute de sa musique, on change quelque peu de dimension pour entrer dans un monde fantasmatique, étrange et d'une douceur élégiaque. Construit autour d'une guitare acoustique , les morceaux s'enrichissent progessivement d'instruments divers où l'on remarque la présence répétée d'un clavier dont la sonorité se situe entre l'orgue de barbarie et l'ocarina. C'est peu commun et complètement adapté à la tonalité rêveuse, bizarre et un peu surranée du disque. Les compositions, qui suivent assez rarement le chemin trop balisé du couplet-refarin sont visitées également par des guitares électriques, des pianos, des cuivres (bien lustrés), des cordes (pas trop tendues) et quelques effets numériques qui font que Ghost days lorgne parfois du côté de l'électro organique. On remarque également la tendance qu'a la batterie, la plupart du temps discrète, à s'émanciper des rythmes quaternaires pour entrainer la basse et les pickings de guitare dans des discours compliqués.

    C'est ainsi que les chansons empruntent à la fois à la nostalgie sepia, aux scintillements intermittents de la technologie moderne et à l'excentricité de constructions harmoniques et rythmiques bien plaisantes. Si l'on y ajoute la voix de Jonathan Morali, douce, flottante et précise à la fois, proche de celle de Rufus Wainwright qui se ferait discret et timide, des paroles en anglais qui ne démentent pas l'aspect onirique de Ghost days, on arrive à un mélange des plus réussis qui ressort particulièrement sur des titres comme Everything else, My lover's on the peers, After all these years, Louise, Me and my horses et à peu près tout le Cd en fait. Au final, on obtient un très joli album, créatif, tendre, subtil, mélancolique et mélodique. Une belle découverte... 

     

     

    Syd Matters sera en concert à La Cigale, le 11 Juin 2008 à Paris.

    www.myspace.com/sydmatters

  • O brothers

    Hier, j'ai laissé les cloches sonner toutes seules et je suis allé au cinéma. Je passe rapidement sur la cohue au Gaumont Parnasse rappelant les rassemblements fiévreux au moment des soldes, mais sans la haine de l'autre, pour vous parler du film qui avait fait l'objet de mon choix comme toujours judicieux et pertinent : A bord du Darjeeling limited, de Wes Anderson.

     

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    Déjà, les bandes-annonce des deux premiers long-métrage du réalisateur avaient attiré mon attention, tant La famille Tenenbaum et Le monde aquatique semblaient receler la loufoquerie, l'humour décalé et cette légèreté un peu mélancolique que j'aime à retrouver dans ce genre de films, dits indépendants. Malheureusement, je ne les ai toujours pas vus ce dont, après avoir cédé à la troisième tentative d'Anderson pour m'interesser, je ne me félicite encore moins qu'avant.

    A bord du Darjeeling limited, c'est l'histoire de trois frères qui ne sont pas plus parlé depuis la mort de leur père, un an auparavant. A l'initiative de l'un d'eux, Francis (Owen Wilson), ils vont se retrouver en Inde à bord d'un train, le Darjeeling limited, afin d'entamer un périple spirituel qui permettra selon Francis, de ressérer les liens distendus. Sauf que bien entendu, tout ne va pas se passer excatement comme prévu...

     

     

    Ce "rail movie" tient évidemment beaucoup à la personnalité et l'association des trois frères, campés idéalement par Adrien Brody (Peter), Owen Wilson donc et Jason Schwartzman (Jack). Dire que ces personnes sont originales est la moindre des remarques. Entre Peter, l'illuminé méthodique, enrubanné comme un oeuf de Pâques suite à un accident de moto récent (à l'origine de son désir de renouer les liens avec la fratrie), Jack, le séducteur apathique qui passe son temps à fuir la vie à la vitesse d'un paresseux (l'animal) et Peter, l'ahuri lunatique qui a du mal à se remettre de la mort de son père, Wes Anderson a non seulement créé trois personnage assez innénarables dans leur genre mais aussi réussi un casting quasi-parfait. On en vient ainsi à oublier complètement comment ce trio aux physiques et aux caractères si différents peuvent être liés par les gènes.

     

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    Le deuxième apport décisif à ce film, c'est de l'Inde qu'il vient, de son exhubérance, de son exotisme, de son univers chatoyant. Le réalisateur s'en est emparée en la domptant un tantinet, notamment au moyen d'une photo baignée d'une lumière chaude et intense qui polit les couleurs épicées, les adoucit. Le montage du film quelque peu élastique fait se succéder les moments cocasses, voire carrément drôles, avec des épisodes plus tendres, mélancoliques ou poétiques, parfois ponctués de ralentis somptueux. C'est par exemple le cas lors d'une cérémonie funèbre traditionelle, un moment grave du film, mais complètement magnifié par l'image et la musique. A ce titre, la bande-son ne dépare pas, toujours adaptée au ton du film, à la fois légère et décalée, douce et rythmée. Le générique de fin est une surprise incongrue et "spéciale dédicace" à notre pays, mais je n'en dis pas plus.

     

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    A propos de surprise, A bord de Darjeeling limited est précédé d'un court-métrage du même réalisateur, avec Jason Schwartzman et surtout, Natalie Portman, une des mes actrices préférées dont on voit généreusement la plastique agréable dans cette courte histoire cependant complètement liée au film qui suit. Excellente idée en tout cas ! A noter aussi une apparition dans le long-métrage cette fois, de Bill Murray que j'apprécie énormément et qui a joué dans les deux réalisations précédentes d'Anderson. (si vous ne les avez pas déjà vu, je vous conseille fortement Un jour sans fin et Lost in translation pour vous faire une idée de la qualité de cet acteur)

    Pour conclure, je dirais que je suis sorti très satisfait de la projection. J'ai aimé le côté complètement loufoque de ces trois frères en quête les uns des autres, un peu perdus dans cet univers à la fois brut et délicat, mais toujours chamarré (la déco du train à laquelle sont assortis les uniformes des stewarts et hôtesses vaut à elle seule le détour), de cette envie aussi, de la part de fils de très bonne famille de retrouver peut-être des valeurs essentielles. Le film est beau, décalé, tendre et parfois vraiment hilarant. Un bon exemple des ces films d'auteurs que le cinéma américain autorise encore, dans la veine, des Garden State, Lost in Translation ou Little Miss Sunshine pour ne citer qu'eux.

    Recommandé.

  • Bon allez, merci hein !

    Je tiens à remercier JB, dit le Djib qui a le triste privilège de partager une bonne partie de mes gènes (est ce que ça le gêne ?) mais qui a eu la gentillesse de me réaliser ma bannière, avec ses talents de dessinateur et de toshopeur. Bon, grâce aussi à la palette graphique que j'ai eu l'idée de lui acheter pour Nöel. Il faut bien qu'il y ait un petit retour sur investissement.

    Cette bannière reflète bien ce que je suis et ce qui déteindra sur ce blog : immuable, pétri de principes moraux d'un autre temps mais généreux, assez rigide mais accueillant, calme, finalement tolérant sous ses airs bornés, artiste et révolutionnaire dilettante, grand amoureux des chats, romantique, rêveur.

    You're welcome.

    Encore merci le Djib !