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Dans la presse, écrite ou télévisée, il semble que le Front de Gauche n'existe plus. Il n'y a plus que les communistes, dont tout le monde devrait savoir qu'ils se rallieront tôt ou tard au Ps, du moins est-ce que d'aucuns voudraient faire croire, pour tuer dans l'oeuf toute espèce d'alternative de gauche au gouvernement actuel, qui ne peut être soupçonné d'en être pourtant, à l'aune de la signature sans conditions du TSCG et de l'application des mesures dites de compétitivité. Sans doute que la rébellion des élus Front de Gauche donc, au Sénat comme à l'Assemblée, ne va pas dans le sens de cette mise au pas espérée de la composante communiste du mouvement et que les inquiétudes ont du mal à être masquées.
Enfin bref, on voudrait nous alléguer que cette fois-ci, nous sommes vraiment débarassés des gêneurs. Le Ps a eu le "courage" d'accéder à toutes les suppliques du Medef. Le Front de Gauche donc, est paraît-il porté disparu. C'est fait : Theres"s no alternative. Pas d'alternative, comme le pérorait Thatcher ?
Hé bien si, il y en a. Elle est d'autant plus vivave qu'elle propose et qu'elle montre que la force politique qui la sous-tend est prête à accéder aux responsabilités.
C'est à ce titre que le parti de Gauche, autre composante du FdG, a rédigé et publié son contre-budget, qui répond à l'obssession suicidaire de l'austérité, remarquée notamment au Ps.
On y apprend qu'il serait possible d'avoir des comptes exédentaires sans taxer une nouvelles fois les pauvres et les priver en sus de services publics, que les entreprises petites et moyennes peuvent être dynamisées à la fois en stimulant la demande et en leur facilitant l'accès aux financements, au moyen d'un pôle public d'investissement, en organisant véritablement la transition écologique sans laquelle notre environnement deviendra rapidement invivable, en même temps qu'elle permettra de nombreux débouchés économiques, etc...
Il y a bien d'autres façons d'envisager les politiques budgétaires et les orientations économiques. Je vous propose de prendre connaissance :
Comme une douleur lancinante, la question de la crise revient sans cesse dans l'actualité, faute de prendre les mesures pour la solutionner. Depuis cinq ans désormais, elle fait partie de nos vies et sert de prétexte à ceux qui otn contribué à la déclencher, pour asseoir davantage leur pouvoir, pour promouvoir des mesures qui en ont pourtant été à l'origine, comme, un parmi tant d'autres, je n'ai cessé de le rappeler sur ce blog.
Nous avons sans surprise connu un nouvel épisode de cette obstination absurde et toxique avec l'imposition, car il n'y a pas eu débat, de la question de la compétitivité et des solutions toutes prêtes pour l'améliorer. Le fameux rapport Gallois a provoqué, avec une célérité peu commune (nous pouvons comparer avec celui qu'a rendu Jospin sur la vie politique, déjà oublié) à une prise de mesures par le gouvernement Ayrault, qui s'inspirent en bonne partie celles préconisées dans le rapport.
La discussion sur le bien fondé du constat et de la pertinence des réponses n'a pas eu lieu. La compétitivité est le problème premier de l'économie française. Point. Il faut y répondre par une politique de l'offre en allégeant les cotisations (on parle de charge dans la pensée unique) sociales et en augmentant la TVA pour financer ce nouveau cadeau fait, sans nuance de taille et de production, aux entreprises. Que ce soit un gouvernement Ps qui fasse, cette fois-ci sans fausse gêne et de façon pleine et entière, ce que le medef réclame à corps et à cris depuis des années et que même la droite n'avait pas osé faire à ce degré, n'est certes pas étonnant, quand on connaît les accointances de Hollande avec le néolibéralisme, mais du moins cela marque t'il la fin de l'hypocrisie qui dure depuis des décennies au parti de la Rose. Désormais, quiconque pensera voter pour les intérêts des travailleurs en glissant un bulletin Ps ne pourra invoquer que son ignorance, certainement pas le programme proposé.
Mais au delà de la question idéologique, de savoir que Moscovici et compagnie sont dans la droite ligne des Blair, Schroeder, Zapatero, c'est à dire clairement néolibéraux, au mieux au centre, au pire carrément à droite, le problème le plus important est de savoir si les mesures proposées sont pertinentes, si déjà, le diagnostic qui est posé est le bon.
Que nenni, bien entendu. On rejoint une nouvelle fois l'idéologie, car à ce niveau d'autisme et d'enfermement intellectuel, il ne peut s'agir que de cela. Remarquez bien qu'être idéologue est inhérent à toute démarche politique de projet, mais que le travail premier d'un opposant est de ne pas laisser passer les failles de raisonnement béantes, d'autant plus quand la théorie se fracasse sur les faits. A ce titre, la crise a mis en pièce le crédo néolibéral et précisément, les mesures décidées en grande pompe et avec les félicitations et la pression de la plupart des media et experts autorisés, ont déjà échouées par le passé et font preuve de leur dangerosité aujourd'hui même, partout où elles sont appliquées. Cela en est même dramatique dans les cas grecs, portugais, espagnol et irlandais, dont on parle moins mais qui sur le plan social n'en est pas moins aigu.
Attachez bien les casques, parce qu'on y fonce et de plus en plus vite !
La compétitivité des entreprises françaises n'est pas grévée par le coût du travail. En effet, ce dernier est lègèrement moins cher qu'en Allemagne, le paradis économique que nous vend la médiacratie. Selon l'INSEE, le coût horaire du travail dans l'industrie est de 33.37 euros en Allemagne et de 33.16 euros en France. Plus encore dans l'automobile (Carlos Ghosn si vous me lisez), il s'élève à 43. 14 euros contre 33.38 en France. L'écart avec les pays scandinaves, régulièrement cités eux aussi en modèle n'est pas davantage en notre défaveur. Il n'y a donc pas un problème de compétitivité coût et tout l'arsenal d'allègement de cotisations qui étrangleraient les entreprises et déjà nul et non avenu.
En revanche, dans certains secteurs, il y a bien un souci de compétitivité hors coût et d'orientation économique. Mais pourquoi la France s'est elle désindustrialisée plus que certains de ses partenaires au cours notamment , de la dernière décennie ? A cause de ces fainéants de salariés, de ces parasites qui aspirent les dépenses publiques et nous écrasent d'impôts (chômeurs, immigrés, fonctionnaires, enfin toutes les légions du diable quoi). Il semblerait que ce soit plutôt à cause des rentiers qui ont préféré augmenter leurs dividendes (multipliés par trois en trente ans) et souvent, délocaliser pour ce faire. Forcément, on produit moins en France, c'est logique. Plutôt que d'investir dans la recherche, privilégier des produits à la valeur d'usage élevée (utiles quoi), favoriser le financement des petites et moyennes entreprises par les banques, l'accent a été mis à la fois sur la rémunération de la rente et sur les services, secteur dans lequel on trouve la plus grande proportions d'emplois non qualifiés, précaires, à temps partiels et sous-payés (du coup c'est rentable).
Pour avoir une idée très précise de cette effroyable erreur de constat et de réponses afférentes, surtout de la part de politiques qu'on situait il y a peu à gauche, donc plutôt du côté des catégories les plus fragiles de la population, je ne peux que vous conseiller chaudement les deux derniers billets de Jean-Luc Mélenchon. J'enjoins les plus méfiants d'entre-vous à laisser les a priori de côté et à lire les arguments à mon sens d'une pertinence rares qui y sont développés et d'y réfléchir. Vous ne trouverez pas plus exigeant et lucide dans l'offre politique actuelle :
Ce corpus idéologique, défendu avec une unanimité touchante par le Medef, le Ps et l'Ump est déjà partiellement ou complètement à l'oeuvre dans d'autres pays, avec des conséquences sociales désastreuses et des performances économiques plus que discutables. Pour ne parler que de l'Allemagne qui revient comme un leitmotiv, non seulement le dernier rapport de cette organisation peu suspecte d'être bolchevique qu'est OCDE, sur la croissance et les inégalités de 2011, souligne que les inégalités y explosent, les différentes enquêtes sur le travail y montrent une grande proportion de travailleurs pauvres (20%, en constante augmentation), mais en plus, le système économique mis en place à partir de Schroeder, ce gauchiste qui prospère désormais chez Gazprom, ne peut être viable que s'il est seul ou presque à fonctionner de cette façon, c'est à dire organiser une déflation salariale et fiscale pour concurrencer les autres pays membres de l'Union, en finançant ses importations par leurs déficits. Si tout le monde fait de même, les marchandises ne se vendent plus, ni plus ni moins et c'est la dépression généralisée. Il est en effet illusoire d'essayer de produire moins cher que les pays émergents, comme la Chine, sous peine de revenir à une situation sociale qui nous ferait goûter aux joies 19ème siècle prolétaire.
Voilà pourquoi il faut dénoncer avec fermeté le discours et les certitudes ambiantes, que le Ps a désormais clairement fait siens, dans la plus totale inconscience pour certains de ses membres, avec un complet cynisme pour d'autres. Elles nous mènent vers le chaos économique, celui qui règne déjà dans le sud de l'Europe, qui a déjà expérimenté les remèdes miracles de nos grands penseurs. Ils n'auront comme effet que d'approfondir la crise, appauvrir toujours plus de gens, en enrichir toujours davantage une infime minorité, nous priver des services publics qui nous permettent de nous éduquer, de nous soigner et d'établir cet équilibre si fragile entre libertés publiques et liberté individuelle.
Voilà pourquoi il est plus que temps que les citoyens fassent valoir leur droit. Le peuple doit faire front !
Je vous rappelle brièvement que demain a lieu la grande manifestation contre la ratification par la France du Traité budgétaire européen, qui sanctifie une nouvelle fois l'austérité et les politiques anti-sociales. Nous devons montrer que la résignation n'est pas de mise et qu'au contraire, nous sommes de plus en plus nombreux à être lucides et déterminés à remporter le combat politique que nous menons, en faveur d'une Union débarassée de ses fondements néolibéraux, d'une construction politique qui assure en priorité la souveraineté citoyenne.
Pour une analyse brillante et imparablement argumentée de la situation, voir ici.
Le 30 Septembre est organisée une grande manifestation pour exiger un referendum sur l'adoption du nouveau traité européen, dénommmé TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance). Comme pour celui de Lisbonne, les citoyens n'auront pas droit à la parole. Pourtant, encore une fois, des dipositions économiques vont être sanctuarisées après avoir déjà été au demeurant transcrites dans des directives (six-pack et two-pack), le tout sans qu'aucun débat digne de ce nom n'ait été organisé, alors même que ces dispositions entrainent de facto un abandon de souveraineté essentiel qui échappe à la sanction populaire.
Il s'agit une nouvelle fois d'imposer une idéologie qui ne dit jamais son nom mais qui pourtant subit une invalidation qui aurait été fatale à toute théorie scientifique, depuis le début de la crise. Il s'agit bien entendu du néo-libéralisme en général et en particulier ici l'ordo-libéralisme, auquel les dirigeants allemands tiennent énormément et qui postule que l'économie doit être libérée autant que possible de l'intervention du politique, ce qui notamment permet en théorie la saine gestion monétaire et budgétaire. Ce dogme est déjà à l'origine des fameux critères de Maastricht, crtitères dont la simple tendance au respect, en pratique impossible, a déjà contribué largement au déclenchement de la crise de l'euro et de son aggravation, notamment par le refus de la BCE de venir en aide directement aux pays attaqués par la spéculation sur la dette.
Or nos dirigeants voudraient aujourd'hui, malgré les résultats désastreux de l'austérité appliquée dans les pays du Sud et en Irlande, l'inscrire encore plus profondément dans les traités et les pratiques. Si l'équilibre budgétaire est un objectif sain en théorie, le contexte actuel le conduit en revanche à être extrêmement toxique si le désendettement des états est pratiqué à la hussarde, comme il est préconisé par les idéologues orthodoxes, au moment même ou les ménages doivent également procéder à une réduction de leurs dépenses, du fait de la crise. Le résultat est pourtant déjà largement observé, à savoir une contraction de l'économie sans précédent depuis la grande crise de 1929. Le PIB de la Grèce a ainsi chuté de 25 % depuis que la Troïka officie dans la péninsule et l'Espagne ainsi que le Portugal sont en récession.
En résumé, ce traité est encore une fois l'affirmation symbolique d'un refus de toute alternative aux politiques menées depuis désormais plus de trente ans et qui sont des échecs patents. Plus encore, il officialise sous prétexte d'intégration européenne plus poussée, l'écartement des citoyens de la décision budgétaire, un des piliers de la souveraineté. Il est qui plus est d'essence inter-gouvernementale, c'est à dire qu'il fait prévaloir la décision des exécutifs des pays membres, marginalisant les institutions de l'Union, présentant déjà un large déficit démocratique. Ceci est une manifestation de la politique à huis-clos en quelque sorte, puisque la question européenne n'est abordée que de façon très elliptique dans les campagnes électorales.
Il est donc crucial que les citoyens puissent s'approprier un débat sur l'avenir de l'Union et sur leur possibilité d'influer sur ce futur, sur les politiques, notamment économiques, qui seront menées. C'est précisément l'objet de la manifestation du 30 Septembre.
Quel rapport avec Paul Jorion, anthropologue de formation et depuis l'avènement de la crise, économiste dissident, pionnier auto-déclaré et très médiatique promoteur de sa propre parole ?
Un point de méthode, l'action politique, domaine qui très curieusement est quasi-inexistant de son discours, qui s'appuie pourtant sur l'intelligence collective, en lui déniant son principal moyen d'éxécution.
Pourquoi en parler dans ce billet ? Pour deux raisons qui sont liées : le fait que Paul Jorion soit une figure de l'hétérodoxie à l'audience relativement élevée autant que rapidement constituée, et que votre modeste serviteur fut un commentateur parmi les plus actifs sur son blog, mais récemment exclu pour dissidence blasphématoire.
Un règlement de comptes diront certains. Cette idée est pourtant à écarter, tout simplement, d'une part parce que ce blog n'a jamais eu la prétention d'être autre chose qu'un lanceur de bouteille à la mer et qu'à ce titre sa discrétion ne saurait mettre à mal l'entreprise mediatique de Paul Jorion, d'autre part car je me situe comme d'habitude dans le champ politique et donc dans le combat idéologique, avec pour objectif d'établir l'inanité du néolibéralisme, sa toxicité et faire prendre conscience au nombre que les choix politiques sont de première importance quand il s'agit de vouloir dessiner un projet de société.
A ce titre, bien qu'intéressé par le point de vue de l'anthropologue touche à tout, par une certaine lucidité sur les déclencheurs de la crise, le rôle de la finance notamment, surtout, très friand de la chronique régulière de la crise tenue par François Leclerc, pourvoyeuse d'informations et de décryptages très précieux, j'ai depuis le début été par ailleurs, très critique de la méthode adoptée par celui que d'aucuns ont qualifié de gourou ou de prophète de la crise, pour construire un changement de société.
D'autres que moi sont bien plus virulents sur la base théorique même des travaux assez pléthoriques de Paul Jorion depuis le début de la crise, oeuvres diverses dont l'auteur se fait le principal promoteur à tout bout de blog. C'est à tel point que cela déclenche aussitôt une certaine gêne, auprès du lecteur pour qui tout appropriation intellectuelle de la critique hétérodoxe est déjà une contradiction avec les objectifs recherchés. On ne peut, à la lecture de ces nombreux "je l'avais dit le premier...", "c'est écrit dans mon livre..." , "si on m'avait écouté..." etc... , s'empêcher de songer qu'il y a la une quête de reconnaissance qui, indépendamment de la qualité ou pas du propos, le parasite automatiquement. Mais cela ne pourrait être que jugement de valeur de ma part si la critique ne portait pas , en ce qui me concerne, sur des erreurs stratégiques évidentes, pour d'autres, sur des failles de raisonnement béantes.
Paul Jorion s'emploie en effet à convaincre les "élites" du bien fondé de son jugement sur la crise et des mesures qu'il faudrait mettre en oeuvre, qui ne sont d'ailleurs pas toutes à jeter loin de là. La proximité de Jacques Attali, marquis de cour bien connu est-elle pour quelque chose dans ce parti-pris ? Ce ne serait pas de bon augure pour la rectitude d'un projet que je crois encore sincère. Quoiqu'il en soit les exemples passés ne plaident pas vraiment en faveur de l'inflexion de la structure par l'intérieur, surtout quand les convergences d'intérêts y sont si prégnantes. Est-il besoin de rappeler la trajectoire de Danton qui professait si bien se servir des puissants qu'il en finit corrompu ?
Peut on se servir des puissants sans qu'ils se servent de vous ?
Il n'y a pas de procès d'intention de ma part à décrire la difficulté qu'une seule personne, même soutenue par un parterre de fidèles, puisse tordre une idéologie qui, même battue en brêche par les faits, s'ingénie à se renforcer dans la législation, comme je viens de le rappeler plus haut. A moins, bien entendu, de se placer dans le champ religieux et du prosélytisme de la foi plutôt que celui de la conviction politique, basée sur un projet de société précis. Est-ce une intention plus ou moins cachée de Paul Jorion dont les appétences pour les sciences cognitives, la programmation neuro-linguistique, la psychanalyse, pourrait le conduire dans cette direction. C'est bien entendu de l'ordre d'une hypothèse non vérifiable pour le moment...
En tout état de cause, les efforts de visibilité de Paul Jorion n'ont manifestement pas produit beaucoup d'effets sur les décisions politiques qui continuent à aller dans la même direction, la mauvaise bien évidemment. Lui même a fini par le reconnaître dans un billet récent, en comparant son échec avec celui d'une sommité reconnue mondialement, elle, Joseph Stiglitz, dont le dernier livre, Le Prix des inégalités, pose des constats que le Front de gauche a régulièrement déroulé pendant la campagne présidentielle. Cette justitfication un peu incongrue vient confirmer les doutes que j'ai exposé au dessus en se recentrant sur la critique de son oeuvre : en gros, cela signifie "bon ok, ma méthode ne marche pas mais ce n'est pas parce que paraît-il j'écris des contre-vérités que l'on ne m'écoute pas, puisque même un chercheur reconnu n'est pas plus écouté". Cela ressemble tout de même d'assez près à un besoin de se rassurer...
C'est pas juste, personne ne m'écoute !
Au contraire, la référence à Stiglitz de la part du FdG n'est pas une question de légitimation mais simplement le rappel que des positions keynésiennes mais libérales, du prix en hommage à Alfred Nobel américain, étaient qualifiées d'extrémistes et irréalistes dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon. De la relativité des procès médiatiques...
Pour en revenir à Paul Jorion, il est évident que son refus du champ politique à moins d'en être le réferent sans partage, le condamne à l'échec de son éventuel projet de transformation sociétale et aussi aux doutes extérieurs sur le bien-fondé de sa démarche, dont le désintéressement peut se heurter aux techniques marketing employé pour sa promotion, voire son financement (mécénat citoyen (sic), sponsoring non dénoncé de son futur cours de finance citoyenne (sic) à Bruxelles, par des sociétés d'assurance dont Allianz, rappels incessants à acheter ses livres etc)
Là encore, il ne pourrait s'agir que de vagues insinuations sans fondements objectifs si certains agissements sur son propre blog ne venaient pas alimenter le questionnement des sceptiques. Ici se rejoignent les mises en cause sur la méthode et sur la théorie. En effet, les deux branches de la contestation se sont arrêtées aux barrières d'une censure extrêmement active, assez paradoxale sur un blog très fréquenté, qui se réclame de la philia d'Aristote et qui pourtant rejette toute critique systématique, hors des propos clairement xéonophobes ou racistes qui n'ont bien évidemment pas leur place, à tel point qu'il fait passer les Coulisses de Bruxelles, le blog de Jean Quatremer, où je ferraille abondamment, pour un paradis de la liberté d'expression (de fait, la parole n'y est que peu entravée).
J'ai donc été exclu pour avoir souligné une apparente contradiction entre la tenue d'un cours sur la finance citoyenne (sic) qui sera sponsorisé par plusieurs sociétés d'assurance (c'est l'Université libre de Bruxelles qui reçoit cette ressource). S'il n'y avait pas Allianz dans le lot on pourrait très bien me rétorquer que les assureurs mutualistes sont un exemple d'activité nécessaire dans le respect d'une certaine éthique. Oui mais il y a Allianz, qui n'est pas un acteur innocent dans la spéculation financière et qui a certainement un intérêt à coller son image à un "penseur" de l'après-crise. Le simple fait d'avoir évoqué la possibilité d'un paradoxe m'a valu les remontrances sèches de la modération sur un procès d'intention nauséabond, puis, après mes explications argumentées ( renvoi sur la notion de don, sur les motivations réelles du mécénat et de son éventuelle réciprocité) et des coupes réglées dans mes messages afin d'en faire ressortir uniquement ce qui allait dans le sens de l'accusation, et pour finir, une exclusion en bonne et due forme, face à ma non conversion à la vraie foi.
Ma modeste personne serait la seule en cause que cela ne mériterait aucunement une mise au point de ce genre. Mais il se trouve que toute allusion à certains aspects de la théorie économique de Jorion contestée par ailleurs est passible d'une telle censure, ce qui vaut transition pour aborder les réserves que nombreux soulèvent à propos de l'oeuvre de Paul Jorion, notamment sur la création monétaire des banques privées, qu'il réfute en bloc alors qu'il est à peu près seul dans ce cas. Ce n'est certes pas un motif valable de rejet de son propos. D'autres avant lui, bien que plus modestes, ont été seuls contre tous, souvent contre l'establishment, et ont eu pourtant gain de cause au final.
Cela dit, que l'on soit d'accord ou non avec les assertions de Paul Jorion, il est tout de même évident que sa propension à faire censurer la critique est en mesure de semer le doute, quand dans le même temps elle est mise en parallèle avec une auto-promotion assez indigeste et dont on ne peut s'empêcher de se dire qu'elle serait un peu mise à mal si une erreur assez grossière venait à être vérifiée, erreur qui, si elle n'invalidait pas l'orientation générale du propos sur la crise du capitalisme, difficilement contestable, poserait quand même une limite tangible à la prétention d'être la référence de l'hétérodoxie.
Pour se faire une idée de la critique sur la réfutation jorionienne de la création monétaire par les banques de second rang et l'analyse de la crise du capitalisme américain :
En conclusion et c'était le but de ce long billet, il faut rappeler qu'un changement de société ne se fait jamais sans le nombre et sans qu'un renouvellement des élites en place ne s'opère réellement. Pour obtenir le nombre il faut informer sans relâche la population et le débat politique est encore le champ le plus prolifique pour que l'information puisse être discutée, analysée, soupesée et que les conclusions en soient tirées. C'est précisément ce que nous refusent nos dirigeants, que certains ont l'illusion de vouloir gagner à la cause, et ce que nous réclameront le 30 Septembre, afin d'éclairer les positions.
Edit du 26/09/2012 : Il semble que la position Paul Jorion évolue, comme je l'avais déjà signalé plus haut. Non seulement il s'est enfin aperçu que travailler les dirigeants au corps étaient peine perdue, mais il vient entre autres, de signer une déclaration commune contre le TSCG, émanant du Parti de Gauche, faisant ainsi le lien avec le nécessaire combat politique. Mieux vaut tard que jamais...