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Ce nouveau billet ne parlera pas directement de politique. Mais qu'y aurait-il à dire qui ne sape pas le moral et ne renvoie au titre de cette note ? Tout n'est pas si noir malgré tout. Il faut bien sûr aller delà de l'émergence une nouvelle fois mise en scène d'un parti d'extrême-droite bien pratique pour que les deux formations principales ne remettent jamais en cause l'insanité de leur idéologie commune et de leurs pratiques de plus en plus en dehors des clous de la moralité, voire de la légalité, ce qui d'ailleurs nourrit le malaise des citoyens à l'origine notamment, d'une soit disant percée du Fn. Et le cercle est bouclé...
Mais le Front de Gauche progresse, dans l'ombre des medias certes, mais l'opposition de gauche se renforce et se structure, en triant le bon grain de l'ivraie. Il faudra faire fructifier tout cela au moment des européennes.
Pour le reste, il n'y a pas tant de bonnes nouvelles que parfois, il faille chercher un peu de réconfort et d'énergie dans quelques musiques joyeuses et agréables. The Go! Team et Fanfarlo, dans des genres différents remplissent parfaitement cet objectif.
La première formation, basée à Brighton en Angleterre, est un groupe mixte composé de six personnes, trois filles, trois garçons, venant d'horizons et de pays différents. Ils sont réunis autour d'un projet musical ultra-dynamique, puisant ces références dans les campus universitaires américains, les fanfares et la culture "cheerleaders" d'une part, dans le hip-hop, le funk, et le rock d'autre part.
Le résultat survitaminé, à l'image de la chanteuse nommée Ninja de façon très appropriée, est une suite de morceaux pêchus, bardés de cuivre et de percussions. Deux batteries bavardes rythment les chansons dans une ambiance de fête universitaire en plein air. Les instruments les plus divers, de la guitare à l'harmonica, en passant donc par force trompettes, trombones et tubas se répondent pour donner des hymnes au mouvement et à la gaieté communicatifs. Ecouter The Go! Team donnerait la pêche même après avoir regardé une minute de soirée électorale à sens unique sur France 2, c'est dire.
Fanfarlo, que j'ai eu la chance de voir en concert il y a peu à la Maroquinerie, est un groupe folk-pop, lui aussi assez féru de cuivres, mais aussi d'à peu près tout ce qui produit des notes de musique. Il est par ailleurs prolixe en mélodies et harmonies aussi envoûtantes que joyeuses. Il vient de sortir son troisième album, Let's go instinct.
Fondé en 2006 par Simon Balthazar, dont le nom vous aura bien entendu mis sur la piste de ses origines suédoises (si, si), et Giles J. Davies, qui a depuis quitté la formation, Fanfarlo, référence à une nouvelle de Baudelaire, illustrant bien en cela l'esprit poétique et rêveur de sa musique, nous offre des morceaux à la fois légers et riches d'arrangements scintillants. Ils ont quasiment tous la particularité d'être assez librement structurés et de monter vers le ciel, portés par les ailes des trompettes et de claviers joyeux et doux en même temps. Idéal après la débauche d'énergie livrée par les musiciens de The Go! Team, pour poursuivre dans une humeur plus feutrée mais sans en perdre le sourire.
Deux références hautement recommandées par les temps qui courent.
J'ouvre une petite parenthèse musicale au milieu d'une actualité politique qui sera plus que jamais présente en 2012, pour vous faire part de mes découvertes récentes et plus précisément vous présenter quelques artistes féminines dont le talent mérite d'être reconnu.
Commençons par Mina Tindle, qui comme son nom l'indique, est une française bien de chez nous (quoiqu'ayant des origines espagnoles), même si elle a été voir ailleurs comme son style musical l'atteste, mélange de folk et de pop légères, que l'on retrouve tout au long des six chansons du maxi EP qu'elle vient de sortir, en attendant l'album qui devrait suivre bientôt. Pauline de Lassus, de son vrai nom, jeune femme à la beauté discrète, s'affirme tranquillement, en flemmarde, comme elle dit, comme une figure remarquable d'une scène française folk-pop, qui, si elle privilégie l'anglais, sans pour autant délaisser le français, s'avère bien plus musicale que sa devancière plus "chanson française" qui ne m'aura jamais accroché.
Mina nous offre donc de bien belles mélodies, enveloppées d'une voix claire légèrement acidulée, qui de petites joies en douces mélancolies, nous transportent vers quelques jardins secrets qu'ont déjà colonisés Feist, Laura Weirs ou Coco Rosie. Les chansons de la jeune artiste m'auront en tout cas immédiatement séduit, par cette simplicité sophistiquée dont l'alliage savamment composé et tourné, a la légèreté flottante d'un mobile tout en mettant en oeuvre mille petits ressorts parfois presqu'invisibles mais indispensable à l'harmonie qui se dégage de l'oeuvre.
Poursuivons par Maïa Vidal, toute aussi jeune et riche de son ascendance franco-hispano-germano-japonaise, de nationalité américaine et vivant à Barcelone. Avec God is my bike, nous plongeons dans un bouillon de cultures qui a bon petit goût d'univers enfantin et merveilleux et dont la touche Amélie Poulinesque se révèle aux intonations des instruments dont Tiersen avait usé pour la bande-originale du film devenu culte. Mais Maïa visite aussi avec son petit vélo les territoires de la pop et de la folk, sans se départir de la rondeur de son chant et de la finesse des arrangements, même quand la tonalité d'ensemble de la chanson est plus grave.
Difficile d'imaginer que cette jeune femme au visage poupin a démarré très jeune sa carrière en fondant un groupe de punk. Sa trajectoire l'a depuis bien éloignée des guitares rageuses pour la déposer sur des rivages musicaux bien plus arrondis et foisonnants, où, sur une plage d'accordéon fin, les oreilles sont doucement baignées par les vaguelettes sonores des instruments jouets et autres cuivres juvéniles. Les paroles quant à elles, naviguent sur des esquifs où l'on chante en anglais, mais également en français, au détour d'une chanson d'amour tourmentée notamment.
Au final, God is my bike est un album charmant, qui mérite largement le détour.
Enchainons avec ce qui n'est pas réellement une découverte, parce que je la connaissais depuis l'écoute des deux premiers albums de Zero 7, que je recommande chaudement pour tout amateur d'électro trip-hop, chill-out organique, j'ai nommé Sia.
Breathe me
On m'a offert Colour the small one , un album qui n'est déjà plus tout récent, puisqu'il date de 2004, époque à laquelle celle qui compose et interprète suivait en parallèle et en solo, un chemin très proche de celui de Zero 7, déroulant donc une musique calme et très arrangée tout en ne versant jamais dans l'artificiel. A déguster dans le lent balancement d'un hamac, bercé par le timbre un peu lymphatique de Sia...
Sweet potato
Il est désormais temps de s'installer dans une Buick décapotable et d'arpenter les grands espaces, cheveux au vent et regard au lointain, au son de Lindi Ortega, canadienne, mexicaine par son père et baignée dans la country par sa mère. C'est donc tout naturellement qu'elle nous propose ce genre musical, un chouïa modernisé même si tous les codes en sont respectés. C'est un album plus typé et parfois peut-être plus convenu que les précédents dont je vous ai parlé, mais il renferme cependant quelques pépites. La voix de Lindi est superbe, conforme aux canons de la country. Les arrangements sont forcément riches en guitares, acoutisques et rêches ou électriques et reverbérées, mais la traversée est ponctuée d'orgues et d'harmonicas qui débarquent parfois, sans prévenir, comme une chevauchée de peaux-rouges.
Le rouge est d'ailleurs la couleur de l'album, puisque la demoiselle ne sort pas sans ses petites bottes sanguines, qui ont donné son nom à l'album et à un de ses titres (little red boots) Elle dessine du carmin de son rouge à lèvres, des sourires tantôt mordants, tantôt enjôleurs, qui donnent leur caractère aux douze chansons de cet opus. Si les routes de l'Ouest américain son interminables, le temps passé avec Lindi Ortega lui, s'écoule plutôt rapidement, d'autant plus que si la country peut parfois paraître répétitive, nous n'avons, de ce côté de l'Atlantique, pas beaucoup l'habitude d'en écouter, ce qui en fait un petit plaisir exotique.
Le nouvel album de Leslie Feist est sorti début Octobre et une écoute sur son site m'a suffit pour que je me l'achète, ce qui avec moi, toujours très réactif quand il s'agit d'aimer ou pas, est assez significatif de sa qualité.
Son dernier opus est intitulé Metals et il ne laisse clairement pas de bois.
Il s'avère moins pop que The Reminder, le grand succès de l'artiste jusqu'à présent, grâce notamment au tube interplanétaire, porté par la pub pour l'Ipod, 1, 2, 3, 4, mais il s'inscrit néanmoins dans ce qui fait désormais le style assez unique de Feist : une voix fragile mais étonnament élastique, fluide et puissante quand il le faut, des mélodies rapidement accessibles, voire souvent imparables mais néanmoins sophistiquées, des arrangements extrêmement soignés, des fondations musicales toujours très folk et guitaristiques.
De cet album, il ne ressort peut-être pas de tube évident, ce qui était semble t'il le souhait de cette jeune artiste complète, puisqu'elle compose, produit et interprête. Mais on y retrouve comme sur ses anciens disques, des titres semés comme des pierres précieuses sur un sentier secret. Caught a long wind est à cette image, une merveille suave, qui sait allier la délicatesse avec cette ambiance délicieusement glacée que sait construire Feist avec ses entrelacs de claviers, sa voix réverbérée, qui font scintiller les harmonies et les font couler dans nos esgourdes comme autant de petits diamants polis. Get it wrong get it right lui aussi, fascine comme un minuscule torrent de montagne, au clapot hypnotique et cristallin...
Caught a long wind (live)
Metals a été enregistré à Big Sur en Californie, dans un studio monté de toute pièces dans une grosse cabane juchée sur une impressionnante falaise au dessus du Pacifique. Il s'en dégage cette texture, plus sauvageonne et rustique que celle qui prévalait dans The Reminder. On y décèle à la fois la puissance des éléments dans les choeurs, les ensemble de cordes et la finesse versatile d'une brise de fin de soirée, que l'on ressent à peine un instant et qui le suivant s'en vient ébouriffer les cheveux, de la pointe effilée d'une guitare farouche et joueuse, puis nous pousse vers les étoiles naissantes, du souffle de ses arrangements en nappes. C'est le cas pour Anti-pioneer par exemple, à la fois intimiste et ouverte aux quatre-vents. Undiscoverfirst est faite du même métal, avec en plus la force de l'alliage des cuivres et de l'ensemble vocal final qui donnent une couleur presque rock à la composition. The bad in each others offre le même cours résolu, notamment au travers de son riff de guitare rugueux et obstiné.
The bad in each other (live)
Feist a encore livré un album réussi, qui confirme son talent et impose désormais un style reconnaissable entre tous, ce qui est la marque d'une artiste d'exception.
Quand vient le temps de l'été, arrivent souvent pour moi les voyages en train, réfractaire probablement irrémédiable au pilotage voiturier que je suis. Je ne m'en plains pas, car tandis que foncent à travers la diversité de notre France chérie (malgré les ravages du présidentactuellisme) les locomotives et leurs wagons gonflés de vacanciers, je peux laisser divaguer mon esprit, le regard aspiré par les paysages, le casque vissé aux oreilles.
En attendant l'Océan prochain, ma dernière entrevue avec le corail m'a permis d'apprécier la musique de Laura Veirs et de son dernier album, July Flame. Cette folkeuse originaire du Colorado me ramène à mes tropismes musicaux habituels, qui conduisent généralement à des contrées harmoniques douces et sophistiquées. Cette jeune femme qui partage avec moi son année de naissance compose une musique idéale pour se perdre dans ses rêveries de voyageur solitaire. Si son visage est quelque peu austère, ses mélodie et les arrangements qui les ornementent sont baignés d'une grave légèreté, d'un guilleret désenchantement. J'imagine un peu Alice revenue du pays des merveilles conter ainsi sa nouvelle vie en banlieue parisienne, le poids de la vie ne parvenant pas à lui en cacher les minuscules mais innombrables beautés.
Tandis que défilent les panoramas provinciaux, que mon regard se perd sur le ventre doré et plat, mais pourtant si fertile, de la Beauce, que je m'attarde sur ces hélices grises qui fleurissent de plus en plus au milieu des blés, traçant leur lent ballet de leurs bras ballants, comme des alignements de gymnastes faisant la roue sur elles-mêmes, tandis que s'avance le vert bocage limousin, ses arbres tranquilles qui défient sans fiel, le temps et le ciel, j'écoute les chansons de Laura Veirs distiller leurs liqueurs fines de guitares et violons mêlés, je sens perler les fines goutelettes de piano qui viennent enrichir le nectar, définitivement bonifié par la voix douce, ronde et précise d'une artiste dont on croirait souvent qu'elle l'emprunte à Suzanne Vega (vue d'ailleurs il y a peu, égarée au festival de Montereau).
Mes tympans abreuvés par ce délicat cocktail, j'arpente le rail qui m'éloignent du parisien sérail, vers la fin de ce mois. July flame m'aide à le consumer, à voir encore Juillet, s'il y est...
Il était un peu moins de 21h ce vendredi 18 Juin 2010. La Stade de France découpait le ciel d'un ovale laiteux. L'été se fait encore attendre... Slash, l'ancien guitariste des Guns and roses s'était retiré une vingtaine de minutes auparavant, après avoir très bien préparé au déchaînement de volts qui allait suivre.
Puis les écrans géants s'allument et un dessin animé défile en guise d'introduction. Un train à vapeur (pas électrique, curieux) est lancé à pleine vitesse, alimenté en charbon par l'avatar diablotin d'Angus Young, bientôt aguiché par des bimbos qui l'amadouent pour mieux essayer de stopper la course folle de la locomotive. En vain...Dans une gerbe explosive de feux d'artifice, elle déboule sur la scène et Ac-Dc débarque sur Rock and Roll train, un morceau de leur dernier album, Black Ice.
Voilà, moi, l'amateur occasionnel, j'ai assisté au concert d'un des derniers groupes légendaires du rock, un show énorme d'énergie, réalisé par des papys dont le plus jeune affiche sans complexe ses 55 ans. Deux heures de musique puissante, sans un fléchissement, face à plus de 80000 spectateurs bien évidemment conquis d'avance pour la plupart.
Une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie, sans nul doute. Passée la première minute où je me dit qu'ils sont plus tout jeunes, le reste de la prestation est assez ahurissante de pêche, notamment de la part du guitariste soliste et figure emblématique du groupe, j'ai nommé Angus Young. Il s'est permis un solo dantesque d'un quart d'heure après une heure et demie de concert, point d'orgue d'une agitation permanente, de courses d'un bout à l'autre de la scène et de son avancée en flêche à l'intérieur du stade, de son célèbre pas de l'oie la main gauche parcourant le manche de sa Gibson SG à une vitesse astronomique.
Même pour un non fan absolu comme je peux l'être, on ne peut qu'être emporté par la pure énergie rock dégagée par le groupe. Certes, j'ai quelque peu regretté le côté impersonnel du concert, millimétré et terminé abruptement après un seul rappel, mais c'est souvent l'inconvénient de ce genre de grosses machines musicales. C'est un défaut largement compensé par la générosité des cinq membres de la formation durant le show, pendant lequel ils se donnent sans compter.
Un évènement musical donc, pour un groupe toujours incontournable dans ce style. Le courant est très bien passé, dans un Stade de France sous haute tension.
A l'heure où tous les voyants sont au rouge et les esprits crispés sur un avenir crépit de sombre, je m'en reviens parmi toi lecteur (car tu n'es sûrement jamais plus de un en même temps à me lire) pour te parler de deux Cd zénifiants que l'on m'a offert sur mes propres recommandations, pour mon anniversaire.
Deux albums, deux destinations, deux évasions...
Kelli Ali avec Rocking horse nous offre un aller sans retour au coeur d'une forêt enchantée, jumelle de la Brocéliande arthurienne. Elle y déploie une musique diaphane dont les douces arabesques sont autant de sortilèges hypnotiques et délicieux. Dans une ambiance moussue et médiévale, la voix de Kelli dessine le chemin des fées et nous emprisonne, consentants, dans ses mystères couleur vert tendre. Dans un coin du tableau, une flûte, un cor anglais et un hautbois transpercent les frondaisons de quelques élans de lumière vaporeuse.
Heaven's door
Les violons tracent dans les feuilles mortes, entre les arbres immenses, le lit d'un ruisseau tranquille, qu'un banjo calmement enjoué agrémente de quelques clapots cristallins. Parfois, la brise encore un peu fraîche ramène avec elle la scansion chuintante d'un rite magique. La basse, ronde comme le fût d'un hêtre, pulse lentement la vie d'un être. Endormie, la nymphe des lieux est belle et irradiante comme une aurore. Ses cheveux sombres coulent sur le lin blanc de sa tunique. Son souffle ténu m'invite au sommeil. Je m'allonge auprès d'elle et j'oublie...
What to do
Kelli Ali
Le réveil n'est pas difficile. Le soir descend sans se presser, je suis allongé sur un sable tiède. J'entends au loin quelques éclats de samba que le vent rabat sur les flancs des pains de sucre. Plus proche de moi, une guitare nylon, relaxée, tresse une brassée d'accords de bossa. Je suis quelque part , dans une autre dimension do Brasil. Il fait doux...
The next time around
Ma belle druidesse s'est changée en déesse latine. Sa peau est bronzée et son regard chocolat. La franchise gourmande de ses oeillades a pourtant la tendresse de la fraîcheur. Son corps est une courbe mouvante qui chaloupe doucement sur la musique de Little Joy. Je l'embarque avec moi...
La soirée sera reaggae, pop sucrée et tonalités carioca. Entre amis, de tous âges pourvu qu'ils ne soient pas adultes... Un peu de ponch, quelques bières, des brunes, des blondes, un cocktail pour savourer le plaisir d'un moment fugace et éternel. Au bout du monde, le soleil se dilue dans l'eau sanguine de l'Océan. La vie n'a pas de fin, je me noie dans une joie mélancolique...
Cela ne vous aura pas échappé, l'actualité politique est en ce moment, dense comme une forêt équatoriale, enfin, ce qu'il en reste. Entre l'élection d'Obama qui laisse filtrer un maigre espoir, le congrès du Ps qui n'en laisse lui aucun et les suites politiques atrophiées de la crise économique, j'aurais pu en tartiner des pages et des pages. Mais finalement, pour m'éviter l'overdose, en même qu'à vous, je vais vous parler de musique et vous présenter The Uglysuit.
The Uglysuit siginife "le costume affreux" en anglais, d'où le titre fort subtil de cette note. Pourtant, aucun risque que je les fagote mal pour passer la mauvaise saison car leur album éponyme, sujet de mon babil présent est un vrai petit trésor, du genre qui se pare du doré de l'Automne pour mieux transporter son parfum de primevère.
Il faut bien ça pour s'évader de l'actualité plombée, le demi arc en ciel Obama déjà effacé (pour le moment) du ciel politique, il faut bien ça pour contrebalancer la grisaille des matins métronomiques et métropolitains...Avec la musique de ces six petits gars, on peut afficher un large sourire intérieur et apprécier à sa juste valeur la beauté des franciliennes, si variée et fascinante, large compensation, avec Paris l'éternelle, à mon exil banlieusard, qu'il me faut retrouver tous les soirs.
Le groupe est originaire d'Oklahoma city, rare capitale d'Etat américain à porter le nom de son territoire (Kansas city n'est pas au Kansas mais au Missouri, du moins son centre ville et n'espérez surtout pas que j'avoue être hors-sujet) et à en être la cité la plus importante, d'autant plus célèbre qu'un sanglant attentat y a été commis par un extrémiste de droite en 1995. Cependant, à l'échelle américaine, c'est un trou, dans un Etat du middle west régulièrement assommé par les tornades au printemps, écrasé de chaleur en été et par les néoconservateurs en toute saison (le gouverneur de l'Etat est démocrate mais une large majorité vote républicain lors des élections nationales) (oui oui je vais parler musique). Cela dit c'est une région plaisante avec des variations paysagères fréquentes, des grandes prairies à l'Ouest aux accidents des Monts Ozark à l'Est et à la culture métissée grâce à la forte influence des indiens cherokee notamment (oui bon c'est fini le docu Arte, parfois je me rappelle que je suis géographe de formation...).
Bon, le groupe est originaire d'Oklahoma city donc. Je ne sais pas si cela a un quelconque lien avec la virtuosité de leur musique, probablement pas pour tout dire. Mais peut-être que l'envie d'évasion qui bouillonne doucement dans les endroits isolés, les grands espaces à l'horizon toujours fuyant, sont à l'origine de la propension de The Uglysuit à vouloir se faire la malle dans leurs chansons, à prendre la clef des champs des pop-songs trop calibrées, à virer sec dans la petite ruelle qu'on avait pas vue, à ne pas se laisser emprisonner dans des schémas bien dessinés au départ. Certes ces jeunes messieurs font de la pop, mais de l'indie pop progressive, une musique qui est un peu comme un tourbillon de chaleur dans un lieu abandonné, une curiosité distrayante dans la touffeur de fonte d'un juillet caniculaire, un phénomène soudain et sans but précis, qui zig, qui zag et nous laisse les yeux grand ouverts, un peu interloqués.
Il n'y a pas de filiation directe avec les rockeurs psychédéliques des seventies qui planaient sans rarement atterir ou qui se lançaient dans des acrobaties musicales tellement expérimentales qu'elles laissaient sur le carreau les passagers les moins aguerris. Il y a l'attrait du flower power et des cheveux longs, évidemment... Mais Crosby Bray et sa bande savent varier les plaisirs, les rythmes et les couleurs tout en restant hyper mélodiques. Attendez vous à des envolées instrumentales, des virées en haute altitude, sur les ailes confortables de guitares aériennes. Rien de prétentieux ou de trop intellectualisé, mais des titres mosaïques, changeants comme un temps irlandais (j'aurais pu dire variable comme femme aussi hein, mais bon on reste dans l'atmosphère et Mesdames et Mesdemoiselles, vous n'en avez pas la tête), toujours réjouissants ou au pire mélancoliquement gais.
On trouve dans The Uglysuit par The Uglysuit beaucoup de l'esprit du pop-rock américain : peu de subversion musicale, au sens où tout est clean dans les tonalités et doux dans les mélodies, mais une richesse énorme dans les compositions, notamment dans les structures et des arrangements placés comme des engrenages dans une montre suisse. La filiation, ou plutôt la fraternité avec des formations comme The Shins ou Midlake et en cela très visible, le côté irrésolu des chansons en plus, mais ce genre de comparaisons vaut sacré compliment, surtout qu'il s'agit du premier passage en studio du groupe.
Il n'y a que neuf morceaux sur l'album mais la plupart ont une durée assez conséquente (7mn pour deux d'entre eux). Vous aurez le temps de découvrir les superbes patchworks que nous offrent les musiciens de l'Oklahoma. Des dentelles de six cordes aux applats tricotés-saturés, des motifs de piano cousus au point droit ou en zig-zag, des inserts de claviers planants ou de choeurs brumeux, de quelques chutes de tissu électronique, il en sort un assemblage parfaitement juxtaposé. Vous aurez toujours du mal à y retrouver couplets et refrains, fondus dans ce maelstrom poppy, au milieu de rythmes et d'instruments innombrables. Le groupe enverra même valser à trois temps les repères de la chanson rock dans un des titres (Anthem of the artic bird) et dès l'ouverture (Brownblue's passing), vous allez en prendre plein les oreilles, voir tous les bleus du ciel, visiter la face cachée de la Lune, voir la Terre de l'espace, la tête dans l'envers de l'endroit. Pfuiii, je me remets, je l'écoute en même temps que j'écris...
Le seul titre un tant soit peu formaté et régulier, c'est le single Chicago, très teenage rock, mais diablement joli pour un ado attardé comme moi. Il est de toutes façons implacablement efficace. Par ailleurs, les paroles de la chanson nous maintienne dans l'onirisme. En voici un extrait :
"I tried to sleep in the rain, underneath an acorn tree, but the drops kept falling,
hitting me, as I slipped further unconsciously, into a world of windy dreams.
Into a world of many windy dreams.
And where did I begin to drift off to that I think that I can fly.
My mind, I took it to Chicago. "
Bon, c'est de la musique pour gens qui veulent rester cool et se laver de l'hémoglobine du combat ordinaire quotidien, vous l'aurez compris. Et le morceau numéro 7, Everyone now has a smile, pourrait être le second titre de l'opus car il n'usurpe pas le sens de ces mots, notamment quand démarre le mouvement, après 5mn de chanson, où les guitares sont prises d'éclats de rires compulsifs...
Le mieux, c'est que je la ferme et que vous écoutiez vous-même... (juste un mot de l'artwork du livret, superbe, coloré, onirique)
Il y a dix ans, à une semaine près, la France se réveillait championne du Monde de football, tout allait bien, nous allions travailler moins, le gouvernement Jospin était encore à peu près de gauche et l'esprit du sport l'emportait sur le fric (superficiellement), la fraternité sur la mesquinerie quotidienne. Un rêve black-blanc-beur de bien courte durée mais un bien beau moment de plaisir car tout cérébral que je suis, je suis un amateur invétéré de sport et un supporter de tout ce qui porte une tunique bleue et qui le mérite (à destination de ceux qui pensent qu'on est champion du monde parce qu'on porte un maillot étoilé, même si ils étaient à peine capable de shooter dans un ballon en 1998). Mais finalement, ce n'est pas si antinomique que ça. Le sport, malgré ses dérives actuelles est un peu un condensé de ce qui fait l'humanité : un profond instinct animal de domination physique transcendé par la capacité d'abstraction. Hé oui, courir après la baballe, c'est une transcendance, c'est profondément intellectuel, tout en étant profondément animal. C'est humain donc...
C'est avec pas mal de nostalgie que je dis goodbye à cette page de ma jeunesse et du sport français et que j'en viens à mon propos du jour. Goodbye et Hello donc. Hello Saferide pour être précis, Säkert dans son pays natal pour être complet, de son vrai nom Annika Norlin pour être exhaustif, suédoise de son état, pas mal de sa personne et pop-folkeuse qui mérite un coup d'oreille.
Comment ais-je rencontré cette jeune trentenaire me demanderez vous, interloqués par ma propension à vous sortir de mon chapeau, d'illustres inconnus en nos contrées verdoyantes ?
Je répondrais en louant le grand capital qui a eu la bonne idée de marier la mélopée d'un beau chassis pour promouvoir une belle cylindrée. Pour ceux que mon vocabulaire digne d'un docte représentant de l'automobile club de France se révèlerait un peu sybillin, voire un tantinet abscons, je vais préciser ma pensée.
Il se trouve qu'une de ses chansons a été choisie comme fond sonore pour la dernière pub Volvo vantant les mérites de la C30. Musique suédoise pour technologie suédoise donc. Séduit par l'air entrainant, je suis allé illico sur Musique de pub pour avoir le nom de l'artiste ou du groupe à l'origine du morceau et hop, les présentations étaient faites.
Hello saferide, dont le pseudo a paraît-il été inspiré par la rencontre avec un routier passablement éméché, donne dans le pop-folk frais et léger, parfaitement adapté aux temps estivaux. Elle s'inscrit dans la tradition suédoise d'artistes pop qui pratiquent certes une musique pas très révolutionnaire mais talentueuse par ailleurs, souvent très bien produite et arrangée. On pourrait citer bien évidemment Gran Turismo mais ce groupe lorgne davantage du côté du pop-rock que du pop-folk. La comparaison avec Loney, dear est plus pertinente même si ce dernier sort un peu plus des sentiers battus.
Son premier album, Introducing, où n'apparaît pas la chanson de la pub pré-citée, I was definitely made for these times, il faut le noter, égrenne 12 petites perles à l'accent musical furieusement américain, que l'on pourrait retrouver dans une série pour ados (attardés ou pas), ce qui n'est pas péjoratif tant qu'on ne caricature pas le style. Comme je l'ai déjà dit, on ne lui donnera pas le premier prix d'originalité mais les chansons sont gaies, la voix d'Annika, fragile mais bien posée dans sa douceur, les guitares bien présentes. Leur timbre est bien plus cristallin qu'énervé mais ça ne surprendra personne dans ce type de musique. La production respecte le ton de légèreté qui se dégage d'Introducing. Elle évite donc la débauche d'arrangements baroques, mais sait être variée en ajoutant au parfum général "soleil couchant sur la plage" quelques arômes de trompettes pour les morceaux enlevés (If I don't write this song, someone I love will die par exemple) et un saupoudrage sucré de cordes ou de claviers discrets sur les titres plus lents.
La suédoise fait de la bonne musique mais a un physique ingrat en général :oB
Le clip n'a rien à voir avec Hello Saferide mais c'est le seul lien que j'ai trouvé pour cette chanson, qui est donc celle de la pub.
If I don't write this song, someone I love will die
Introducing est un album de pop-folk très agréable, idéal pour un trajet vers les vacances. Rien d'extraordinaire mais des chansons attachantes, à la fois entrainantes, douces et acidulées, un peu comme celles de Thao N'Guyen dont j'avais parlé il y a quelques temps.
Pour mon anniversaire, mon frère m'a offert le dernier album de Syd Matters, qui comme son nom ne l'indique pas, est un groupe français dont la figure de proue et le fondateur est Jonathan Morali. J'en avais déjà entendu parler sur le site des Inrocks qui ont chroniqué son dernier Cd et qui quelques temps auparavant avaient adressé leur prix CQFD à Syd Matters.
La critique était enthousiaste et ma curiosité m'a poussé à chercher sur le net des possibilités d'écoute de son dernier album, à savoir Ghost days. Le folk éthéré, mélancolique et original du groupe n'a pas mis longtemps à me séduire et le Djib (voir post sur ma bannière) n'a lui pas tardé à faire la même découverte et à m'acheter l'opus en question. C'est cool d'avoir un frère qui a presque d'aussi bons goûts que soi !
Jonathan Morali pratique donc un folk-pop extrèmement inventif et baigné d'une ambiance ouatée, légèrement surréaliste. Le visuel de son album et de ses clips viennent d'ailleurs confirmer qu'à l'écoute de sa musique, on change quelque peu de dimension pour entrer dans un monde fantasmatique, étrange et d'une douceur élégiaque. Construit autour d'une guitare acoustique , les morceaux s'enrichissent progessivement d'instruments divers où l'on remarque la présence répétée d'un clavier dont la sonorité se situe entre l'orgue de barbarie et l'ocarina. C'est peu commun et complètement adapté à la tonalité rêveuse, bizarre et un peu surranée du disque. Les compositions, qui suivent assez rarement le chemin trop balisé du couplet-refarin sont visitées également par des guitares électriques, des pianos, des cuivres (bien lustrés), des cordes (pas trop tendues) et quelques effets numériques qui font que Ghost days lorgne parfois du côté de l'électro organique. On remarque également la tendance qu'a la batterie, la plupart du temps discrète, à s'émanciper des rythmes quaternaires pour entrainer la basse et les pickings de guitare dans des discours compliqués.
C'est ainsi que les chansons empruntent à la fois à la nostalgie sepia, aux scintillements intermittents de la technologie moderne et à l'excentricité de constructions harmoniques et rythmiques bien plaisantes. Si l'on y ajoute la voix de Jonathan Morali, douce, flottante et précise à la fois, proche de celle de Rufus Wainwright qui se ferait discret et timide, des paroles en anglais qui ne démentent pas l'aspect onirique de Ghost days, on arrive à un mélange des plus réussis qui ressort particulièrement sur des titres comme Everything else, My lover's on the peers, After all these years, Louise, Me and my horses et à peu près tout le Cd en fait. Au final, on obtient un très joli album, créatif, tendre, subtil, mélancolique et mélodique. Une belle découverte...
Syd Matters sera en concert à La Cigale, le 11 Juin 2008 à Paris.
Ma première note sera musicale. Une note de musique, logique finalement…
Connaissez-vous Thao ? Non, pas le Tao des cités d’or mais Thao, Thao N’Guyen ? C’est une jeune américaine d’origine vietnamienne. Il faudrait que vos cerveaux soient bien bridés pour ne pas l’avoir deviné rien qu’à son patronyme.
Moi je ne la connais que depuis quelques semaines et musicalement depuis quelques jours seulement. J’ai lu une petite critique de son dernier album sur les inrocks, puis j’ai visité son espace (herspace) sur le net et j’ai tout de suite été séduit par ses chansons légères et sautillantes.
Miss Thao donne dans le folk-rock primesautier, dans la guitare post-adolescente. Dans son album, We brave bee stings and all dont le titre s’accorderait bien à la geste un peu vantarde d’un jeune et brave héro en culottes courtes, elle a mis onze petits bonbons à la sève de printemps.
La musique de notre mignonne asiatique respire la jeunesse comme un mois d’Avril sent le lila. C’est gai, léger, ça a 20 ans. Et ça me fait penser aux miens qui sont tombés de ma poche un jour où comme tous les autres, je regardais ailleurs. Je ne les ai jamais retrouvés…Du coup, mademoiselle Thao sème le printemps et ce sont des fleurs d’automne qui éclosent dans mes oreilles. La gaieté et la mélancolie sont toujours voisines en fin de compte.
Mais cet album, il y quoi vraiment dedans, me demanderez vous ?
Des comptines folk, faites d’un joli tissu chamarré de guitares, rapiécé ici et là avec quelques fils de banjo et des chutes de piano. On y trouve aussi quelques broderies cuivrées. Le son est le plus souvent cristallin, gracile comme une jeune beauté. Les accords ont à peine 18 ans mais sont toujours majeurs. Des petits devenus grands certes, gorgé d’énergie il va de soi, mais toujours très tendres.
Comme la demoiselle est née dans l’Est des Etats-Unis, dans les Appalaches de Virginie pour être plus précis, il n’est pas étonnant de trouver ça et là quelques pointes de jazz et de blues. Quelques arrangements en pentatonique servent de décoration exotique en provenance indirecte d’Indochine.
Voilà donc un album bien sympathique, tout en décontraction genre je tape le bœuf avec mes potes étudiants sans me prendre la tête, je chante tout juste juste mais on s’en fout, le ciel est bleu et le soleil brille. Thao me rappelle les jumelles Tegan et Sara dans un style moins noisy, cabotin et petite peste. Elle pratique une musique à l’identité très teenager américain cool, comme peut le faire aussi Nada Surf par exemple. Cela conduit rarement au chef-d’œuvre mais c’est efficace et très plaisant.
Mes chansons préférées : Beat (health, life and fire); Big kid table ; Swimming pool ;Yes, so on and so on.
Un petit défaut tout de même : c'est un peu court, même pas une demi-heure. Ah la jeunesse....Toujours pressée...