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indie pop

  • Un costard pour l'hiver

    Cela ne vous aura pas échappé, l'actualité politique est en ce moment, dense comme une forêt équatoriale, enfin, ce qu'il en reste. Entre l'élection d'Obama qui laisse filtrer un maigre espoir, le congrès du Ps qui n'en laisse lui aucun et les suites politiques atrophiées de la crise économique, j'aurais pu en tartiner des pages et des pages. Mais finalement, pour m'éviter l'overdose, en même qu'à vous, je vais vous parler de musique et vous présenter The Uglysuit.

    61pif0al99L._SS400_.jpgThe Uglysuit siginife "le costume affreux" en anglais, d'où le titre fort subtil de cette note. Pourtant, aucun risque que je les fagote mal pour passer la mauvaise saison car leur album éponyme, sujet de mon babil présent est un vrai petit trésor, du genre qui se pare du doré de l'Automne pour mieux transporter son parfum de primevère.

    Il faut bien ça pour s'évader de l'actualité plombée, le demi arc en ciel Obama déjà effacé (pour le moment) du ciel politique, il faut bien ça pour contrebalancer la grisaille des matins métronomiques et métropolitains...Avec la musique de ces six petits gars, on peut afficher un large sourire intérieur et apprécier à sa juste valeur la beauté des franciliennes, si variée et fascinante, large compensation, avec Paris l'éternelle, à mon exil banlieusard, qu'il me faut retrouver tous les soirs.

    Le groupe est originaire d'Oklahoma city, rare capitale d'Etat américain à porter le nom de son territoire (Kansas city n'est pas au Kansas mais au Missouri, du moins son centre ville et n'espérez surtout pas que j'avoue être hors-sujet) et à en être la cité la plus importante, d'autant plus célèbre qu'un sanglant attentat y a été commis par un extrémiste de droite en 1995. Cependant, à l'échelle américaine, c'est un trou, dans un Etat du middle west régulièrement assommé par les tornades au printemps, écrasé de chaleur en été et par les néoconservateurs en toute saison (le gouverneur de l'Etat est démocrate mais une large majorité vote républicain lors des élections nationales) (oui oui je vais parler musique). Cela dit c'est une région plaisante avec des variations paysagères fréquentes, des grandes prairies à l'Ouest aux accidents des Monts Ozark à l'Est et à la culture métissée grâce à la forte influence des indiens cherokee notamment (oui bon c'est fini le docu Arte, parfois je me rappelle que je suis géographe de formation...).

    Bon, le groupe est originaire d'Oklahoma city donc.  Je ne sais pas si cela a un quelconque lien avec la virtuosité de leur musique, probablement pas pour tout dire. Mais peut-être que l'envie d'évasion qui bouillonne doucement dans les endroits isolés, les grands espaces à l'horizon toujours fuyant, sont à l'origine de la propension de The Uglysuit à vouloir se faire la malle dans leurs chansons, à prendre la clef des champs des pop-songs trop calibrées, à virer sec dans la petite ruelle qu'on avait pas vue, à ne pas se laisser emprisonner dans des schémas bien dessinés au départ. Certes ces jeunes messieurs font de la pop, mais de l'indie pop progressive, une musique qui est un peu comme un tourbillon de chaleur dans un lieu abandonné, une curiosité distrayante dans la touffeur de fonte d'un juillet caniculaire, un phénomène soudain et sans but précis, qui zig, qui zag et nous laisse les yeux grand ouverts, un peu interloqués.

     

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    Il n'y a pas de filiation directe avec les rockeurs psychédéliques des seventies qui planaient sans rarement atterir ou qui se lançaient dans des acrobaties musicales tellement expérimentales qu'elles laissaient sur le carreau les passagers les moins aguerris. Il y a l'attrait du flower power et des cheveux longs, évidemment... Mais Crosby Bray et sa bande savent varier les plaisirs, les rythmes et les couleurs tout en restant hyper mélodiques. Attendez vous à des envolées instrumentales, des virées en haute altitude, sur les ailes confortables de guitares aériennes. Rien de prétentieux ou de trop intellectualisé, mais des titres mosaïques, changeants comme un temps irlandais (j'aurais pu dire variable comme femme aussi hein, mais bon on reste dans l'atmosphère et Mesdames et Mesdemoiselles, vous n'en avez pas la tête), toujours réjouissants ou au pire mélancoliquement gais.

    On trouve dans The Uglysuit par The Uglysuit beaucoup de l'esprit du pop-rock américain : peu de subversion musicale, au sens où tout est clean dans les tonalités et doux dans les mélodies, mais une richesse énorme dans les compositions, notamment dans les structures et des arrangements placés comme des engrenages dans une montre suisse. La filiation, ou plutôt la fraternité avec des formations comme The Shins ou Midlake et en cela très visible, le côté irrésolu des chansons en plus, mais ce genre de comparaisons vaut sacré compliment, surtout qu'il s'agit du premier passage en studio du groupe.

    Il n'y a que neuf morceaux sur l'album mais la plupart ont une durée assez conséquente (7mn pour deux d'entre eux). Vous aurez le temps de découvrir les superbes patchworks que nous offrent les musiciens de l'Oklahoma. Des dentelles de six cordes aux applats tricotés-saturés, des motifs de piano cousus au point droit ou en zig-zag, des inserts de claviers planants ou de choeurs brumeux, de quelques chutes de tissu électronique, il en sort un assemblage parfaitement juxtaposé. Vous aurez toujours du mal à y retrouver couplets et refrains, fondus dans ce maelstrom poppy, au milieu de rythmes et d'instruments innombrables. Le groupe enverra même valser à trois temps les repères de la chanson rock dans un des titres (Anthem of the artic bird) et dès l'ouverture (Brownblue's passing), vous allez en prendre plein les oreilles, voir tous les bleus du ciel, visiter la face cachée de la Lune, voir la Terre de l'espace, la tête dans l'envers de l'endroit. Pfuiii, je me remets, je l'écoute en même temps que j'écris...

    Le seul titre un tant soit peu formaté et régulier, c'est le single Chicago, très teenage rock, mais diablement joli pour un ado attardé comme moi. Il est de toutes façons implacablement efficace. Par ailleurs, les paroles de la chanson nous maintienne dans l'onirisme. En voici un extrait :

    "I tried to sleep in the rain, underneath an acorn tree, but the drops kept falling,

    hitting me, as I slipped further unconsciously, into a world of windy dreams.

    Into a world of many windy dreams.

    And where did I begin to drift off to that I think that I can fly.

    My mind, I took it to Chicago. "

     

    Bon, c'est de la musique pour gens qui veulent rester cool et se laver de l'hémoglobine du combat ordinaire quotidien, vous l'aurez compris. Et le morceau numéro 7, Everyone now has a smile, pourrait être le second titre de l'opus car il n'usurpe pas le sens de ces mots, notamment quand démarre le mouvement, après 5mn de chanson, où les guitares sont prises d'éclats de rires compulsifs...

    Le mieux, c'est que je la ferme et que vous écoutiez vous-même... (juste un mot de l'artwork du livret, superbe, coloré, onirique)

     

    http://www.myspace.com/theuglysuit

    (les trois premiers titres sur leur myspace sont issus de l'album)

     

     

                           




    Everyone now have a smile