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Ma mie, la gente damoiselle

En ce début Octobre, je m'en viens vous parler d'une bande-dessinée plus que sympathique : Mon amie la Poof, par Efix.

De prime abord, ce n'était pas gagné. C'est un polar, ce n'est pas mon genre favori. C'est en noir et blanc, je préfère en général la couleur. Ca parle d'une poof, je déteste la vulgarité.

Pourtant, j'ai énormément apprécié cette Bd, pétrie de qualité.

 

Couverture_bd_9782849491355_mon_amie_la_poof.jpgLa poof, c'est Liv. Liv Shmidt (tiens, c'est curieux, j'ai l'impression d'avoir connu une nana qui portait ce nom...). Elle est née en France, pendant l'occupation, des amours austro-américaines d'un déserteur de la Wehrmacht et d'une ancienne étudiante étrangère à Paris restée sur place. La Libération et son allégresse offriront une coupe boule à zéro gratuite pour elle tandis que lui sera prié de vérifier l'efficacité des noeuds coulants (test validé). Liv grandira donc sans son père et avec une mère durablement éprouvée, qui ne laissera plus repousser ses cheveux pour que personne n'oublie. Enfance troublée donc pour notre héroïne, qui en développera un caractère bien trempé et porté sur les excès. Un coeur a vif que cette Liv, qui cache sacrément bien son romantisme derrière ses penchants pour l'alcool, les produits prohibés et les plaisirs charnels.

Notre belle plante (forcément une poof, c'est pas dégueu physiquement la plupart du temps) a l'habitude de dire qu'elle est née à 22 ans, le jour où elle a quitté le Roubaix de ses tendres années pour le Paris agité de Mai 68. Elle y arrivera seule, sans projet et quasiment sans argent. Sa fortune, rarement bonne, se fera au gré de ses rencontres, rarement bien famées. Petit à petit la spirale de la marginalité et de la violence l'entrainera dans une existence sombre et tourbillonnante.

Presque trente ans plus tard, son meilleur ami, Yvan, noir, gay, star du porno (c'est tout) se souvient de leur vie pendant tout ce temps. Tout sauf un fleuve tranquille...

Mon amie la Poof, c'est d'abord un trait extrèmement attrayant, aux accents à la fois cartoon et réalistes, un mélange de dessin traditionnel en noir et blanc et d'infographie. Le tout donne une ambiance graphique très originale, très cinématographique, avec notamment de nombreux effets de flous, de superbes ciels nocturnes ou ennuagés générés par photoshop ou un de ses clones. La mise en cadre est très dynamique, les personnages très expressifs et les formes poofesques très voluptueuses. Efix a une patte artistique vraiment particulière et un vrai talent. Il nous gratifie parfois de belles planches en forme de clichés parisiens, avec de belles perspectives sur les monuments célèbres et les quartiers typiques de notre belle capitale lumière. En outre, la plupart des cases sont truffées de clin d'oeil et de détails humoristique qui décuplent le plaisir à la lecture de cette Bd.

Parler d'humour est une habile transition pour en venir au ton du livre. En effet, bien que s'agissant d'un polar avec tout son cortège de gangsters, de policiers, de violence (souvent crue et mortelle), de sexe (cru et rarement mortel) et de grisaille quotidienne fendue d'excès en tout genre, Mon amie la poof est aussi très drôle. Rien que la personnalité brute de décoffrage de Liv est une source d'amusement parfois agacé, souvent attendri. C'est qu'il nous fait tomber habilement sous son charme rudoyant de poof écorchée vive, le gars Efix. J'ai déjà parlé des multiples références et petites touches drôlatiques cachées au fil des pages par le dessinateur et elles ajoutent vraiment au plaisir de la découverte, d'autant qu'elles se cachent un peu partout (saurez vous trouvez les tontons flingueurs ?)

 


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© Petit à petit 2008 Efix

 

Le scenario est également très travaillé, s'attachant à dérouler une histoire aux multiples rebondissements mais où tout se tient, à planter des personnages diversifiés, rarement aussi noir ou blanc que le dessin les fait apparaître : Moorad, le malfrat impétueux, Yvan le rasta rigolard, Monique, l'avocate de poche féministe etc...Et bien entendu, Liv, poof bien moins superficielle que nombre de grandes dames...

Merci à Efix pour cette histoire mouvementée, souvent dure mais avant tout célébration de l'amitié et hommage appuyé aux femmes. Du coup les filles, la prochaine fois qu'on vous traite de poof, vous le prendrez bien ! ;o)


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© Petit à petit 2008 Efix

 

Mon amie la Poof existe en cinq tomes indépendants, de moyen format, agrémentés d'esquisses et de dessins préparatoires. Une intégrale très interessante par son prix et de dimensions plus grandes (18*25.5) est disponible depuis quelques mois en librairie. C'est cette dernière que je possède. La reliure sommaire (mais solide néanmoins) et la couverture souple patissent du faible coût de l'objet mais ce n'est pas grave, le plus important est à l'intérieur. Elle se conclue par différents hommages de collègues bédéistes à Efix et son oeuvre présente : c'est bien sympathique.

A noter, qu'Efix a également fait paraître Putain d'usine, Bd engagée dont le titre évoque bien le propos. Elle est dans ma bédéthèque en attente d'être lue. Peut-être vous en parlerais-je lors d'un post politico-culturel.

 

 

Mon amie la Poof /Efix-[Paris] : Petit à petit, 2008-496 p. - 20€

Commentaires

  • Quand je traite quelqu'un de pouffe, c'est rarement affectueux... J'avoue que ce titre me gêne !

  • Ouais mais t'es un peu peu psycho-rigide du féminisme aussi, c'est normal ! :oB

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