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Politique - Page 2

  • Une semaine pour ouvrir le champ des possibles

    Plus que sept jours avant le premier tour des élections présidentielles.

     

    Notre candidat a une nouvelle fois réussi son pari de réunir une assemblée géante de plus de 100000 personnes, à Marseille cette fois-ci. C'est la troisième fois qu'une telle réunion a lieu, quand les deux candidats de l'orthodoxie parviennent péniblement à réunir une seule fois autant de spectateurs, dans la capitale, dont un bon nombre payés pour y être.

    Jean-Luc Mélenchon y a fait un discours tout simplement impressionnant d'humanité, de lucidité, riche en perspectives, en espoirs réalistes, espoirs que certains ont intérêt à ne pas voir se matérialiser, les financiers en premier lieu, et tous ceux qui leur sont inféodés plus ou moins consciemment, ce qu'on appelle les élites, les faiseurs d'opinions qui viennent comme Franz-Olivier Giszbert à l'émission des paroles et des actes jeudi dernier et se permettre comme des petits marquis de cours convaincus de leur impunité, d'indiquer aux citoyens ce qu'il faut voter et ne pas voter. Il est temps de leur rappeler que le suffrage universel ne saurait tolérer l'étranglement du choix !

    En tout état de cause, je ne peux que vous conseiller de prendre une heure pour écouter le discours de Marseille, qui plus est si , soit vous ne connaissez pas bien la philosophie politique qui anime le Front de Gauche, soit que vous ayez des a priori ou soyez hésitants :


    J.-L. Mélenchon - Discours de Marseille par lepartidegauche

     

    Pour rappel, dans le programme économique du Front de Gauche il y a :

    Le smic à 1700 euros. Notez bien que cette hausse du salaire minimum qui aura des répercussions sur tous les autres salaires par effet d'entrainement sera compensée dans les petites et très petites entreprises par un transfert de la charge fiscale vers les grandes structures qui, paradoxalement, payent aujourd'hui moins d'impôts que les petites. En clair, l'impôt sur les sociétés sera diminué pour les PME, alors qu'il augmentera pour les grosses entreprises. L'effet de cette hausse sera de doper la consommation et donc l'activité, avec une répercussion sur l'économie locale par la mise en place d'un protectionnisme intelligent et négocié avec les pays à bas coût.

    Le nivellement des hauts revenus, qui ne pourront dépasser 20 fois la valeur des plus bas. C'est une mesure de partage des richesses afin là aussi de libérer de l'argent pour irriguer l'économie, consommation, redirection des bénfices vers les investissement plutôt que la rémunération des actionnaires.

    La lutte contre la finance qui vampirise l'économie : ouverture immédiate de négociations pour changer les statuts de la BCE afin qu'elle prête directement aux états, ce qui aurait pour effet de court-circuiter le secteur financer et échapper au chantage sur la dette, en même temps que de nous faire économiser la charge des intérêts qui est à l'origine de son creusement. Il sera ensuite plus facile de s'attaquer à la spéculation : interdiction des ventes à découvert, taxes sur les flux financiers, remise en place d'un contrôle des capitaux pour assécher les paradis fiscaux et l'évasion fiscale.

    La restauration des services publics durement touchés par la révision générale des politiques publiques qui l'ont totalement désorganisé et en ont entravé l'efficacité. EDF sera par exemple, de nouveau la propriété de tous et ses activités illégitimes à l'étranger feront l'objet de revente qui permettront de financer la nationalisation et les investissement nécessaires, notamment pour assurer la sécurité mise à mal par un management de la rentabilité dans les centrales nucléaires, en attendant le referendum qui permettra de discuter de la sortie de cette énergie.

    Le programme économique du Front de gauche est parfaitement chiffré et réalisable. Les recettes prévues sont même exédentaires de 70 milliards d'euros, ce qui met à l'abri de fluctuations de conjoncture non prévues ou d'efficacité moindre qu'escomptées des mesures de relance. 

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    Il y a bien entendu bien d'autres raisons de voter pour Jean-Luc Mélenchon le 22 avril car le projet porté par le Front de Gauche est le plus ambitieux et surtout le seul réellement capable de changer une situation à bien des égards dramatique. Vous avez quelques jours encore pour réfléchir et faire le bon choix, celui d'une société libérée de la compétition de tous les instants de tous contre chacun, de l'inféodation à la finance et à une hégémonie américaine à bout de souffle. Il reste une semaine pour ouvrir le champ des possibles.

  • La signification de notre choix

    Il reste deux semaines avant le premier tour des élections présidentielles. La dynamique de notre candidat est toujours excellente, après la nouvelle réussite de l'assemblée de Toulouse qui a réuni 70000 personnes. Le Front de Gauche s'affirme comme une force politique capable de gagner et comme celle qui, à gauche, a le meilleur potentiel pour l'emporter contre un adversaire de droite. Jean-Luc Mélenchon endosse donc la stature présidentielle, bien qu'il ne soit là que pour permettre l'édification d'une nouvelle constitution. Celle-ci permettra de redéfinir la vie politique en vue d'une moins grande concentration des pouvoirs, d'un retour à la souveraineté citoyenne. C'est à ce titre qu'il se pose en rassembleur, non seulement de toute la gauche, par les valeurs de solidarité et de partage que le programme, l'Humain d'abord, met en avant, mais aussi une bonne partie de la droite, en réaffirmant la pertinence de notre modèle historique, la portée universaliste de sa philosophie, le caractère profondément non aligné de notre tradition géo-politique, tout ce qu'ont bradé les élus de l'Ump depuis qu'ils sont au pouvoir, avec malheureusement, la complicité pas toujours passive des socio-démocrates.

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    Ce billet a pour objet de souligner en quoi le projet du Front de Gauche peut permettre un véritable changement, en s'attachant à montrer que la clé en est le retour de la souveraineté citoyenne. La lutte contre la finance en constitue la première étape, indispensable.

    Le secteur financier est une véritable hydre omnipotente qui non seulement, aspire le suc vital de l'économie, mais nous prive désormais de notre possibilité de choisir les politiques que nous voulons mettre en oeuvre (voir tous mes précédent billets sur la crise). Il s'agit bel et bien de combattre pour le maintien de la démocratie. Or si, parfois du bout des lèvres, les formations politiques dites de premier plan, Ump et Ps, ont admis qu'il y avait un problème avec la finance, quelle est réellement leur volonté d'en découdre ?

    Dans mon précédent billet, j'évoque la future attaque des marchés financiers contre notre pays. Ce n'est pas une prophétie illuminée. The Economist, célèbre journal économique ultra-libéral, porte-parole officiel du monde de l'argent, a sommé la France de se réveiller et de s'adapter, sous peine d'y être contrainte par certains évènements. C'est une menace à peine voilée quand on sait qui parle à travers les pages de cet hebdomadaire britannique. Il est donc à peu près certain que dès l'élection du prochain président, quel qu'il soit, je dis bien quel qu'il soit, la finance fera automatiquement monter la pression, en spéculant sur la dette, pour bien signifier au nouveau vassal qu'il ne doit pas sortir d'un chemin bien identifié, à savoir la privatisation de tout ce qui constituait le périmètre de l'Etat, dans sa dimension sociale, mais parfois aussi régalienne.

    Face à ce danger, nous savons tous que le "champion" de l'Ump n'aura pas d'états d'âme. Il partage l'idéologie qui a cours a Wall Steet et à la City de Londres. Il réaffirmera son allégeance, celle qu'il n'a jamais mise en cause durant les cinq ans de son mandat, avec l'efficacité économique catastrophique que nous avons pu constater, bilan calamiteux qui, avec la conjonction de la crise, aurait pu être dramatique, si les restes de notre modèle social et protecteur n'avait pondéré la dépression que nous avons connue, et qui est toujours l'état économique du monde à l'heure où je parle.

    Le représentant du Ps lui, n'a pas embrassé totalement les dogmes néolibéraux, mais ils les acceptés depuis longtemps. Au nom des traités européens auxquels sa fidélité s'attache en priorité, (c'est un des tenants du oui au TCE ne l'oublions pas), il nous dira qu'il n'y a pas d'autres choix que de réduire les dépenses pour rassurer les marchés et se conformer au dernier traité budgétaire voté par la majorité, avec le concours passif d'une majeure partie du Ps, qui s'est abstenu. La seule égratignure à l'orthodoxie qu'il concède dans son programme, c'est de négocier l'ajout d'un protocole non contraignant ciblant la relance, dans le dit dernier traité, celui qui conditionne l'aide du mécanisme d'aide financière, le MES, à l'inscription de la "règle d'or" budgétaire, c'est à dire à la réduction dans un domaine stratégique, de la souveraineté citoyenne. Cela sans débat d'aucune sorte, je ne parle même pas d'un referendum...

    Or que signifie aujourd'hui réduire les dépenses et quelles conséquences peut on observer dans les pays où, sous le joug de la Troïka (Commission européenne, FMI, BCE), ces politiques d'austérité sont appliquées ?

    Cela entraine des coupes dans les budgets nationaux : moins de services publics, moins d'aide aux plus démunis etc..., cela veut dire réduction des salaires, "assouplissement" du droit du travail, au nom de la nécessaire compétitivité, privatisation et libération des énergies, c'est à dire offrir sur un plateau les infrastructures financées par l'Etat aux appétits des spéculateurs d'un côté, ne plus permettre les rapports de force collectifs dans le monde du travail, pour pressurer les salariés et leurs revenus, de l'autre.

    Le résultat est édifiant. La Grèce a vu son PIB chuter de plus de 15% depuis que la saignée est pratiquée. Or, comme tout bon médecin du 17éme vous l'aurait dit, si la saignée ne donne pas de résultats positifs, alors c'est qu'il faut en refaire une. Mais la tendance est la même au Portugal, en Espagne, en Irlande. Partout l'austérité réduit l'activité, donc les rentrées fiscales, donc augmente la dette, que les marchés veulent voir réduite, ce qui entraine de nouveaux plans de rigueur, qui dépriment l'économie etc... Bienvenue chez Ubu roi !

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    Comme il y aura bien un petit malin pour me lire, il m'objectera que l'Allemagne elle s'en est sortie en choisissant ce modèle. C'est vrai, selon un point de vue qui est celui des exportations et de l'excédent commercial, mais cela a des contre-parties très graves.

    La stratégie qu'a employée les gouvernements depuis Schroeder, un "socialiste", c'est celui de la désinflation compétitive, la réduction des coûts. Le moyen : réduction des salaires et précarisation du travail, mais aussi et surtout, appui sur la consommation des pays partenaires, en grande majorité les membres de l'Union, qui, par leur déficit budgétaire et commercial, fournissent les consommateurs pour les produits allemands.

    Ce système ne peut donc fonctionner que si un seul pays l'utilise et encore son efficacité est limitée dans le temps car il aggrave la dette, aussi bien privée que publique des autres états. Il en a résulté une composante de la grande crise mondiale qui a éclaté en 2007, celle qui a été appelée crise des dettes souveraines (délicieux oxymore comme savent en créer les néolibs). Non seulement le modèle allemand ne peut être étendu sous peine de se voir invalider, car si tout le monde réduit les salaires et la dette en même temps, plus personne ne peut acheter et tout se casse la figure, mais de plus, il a été un ferment de la crise de l'Union qui a mis l'euro en grand danger de disparition, danger qui n'est toujours pas écarté pour l'heure.

    Par ailleurs, il a entrainé un des reculs sociaux les plus rapides des pays développés, comme le souligne le dernier rapport OCDE Croissance et inégalités de 2011, qui observe que les inégalités y ont fortement augmentées, à plus grande vitesse que dans le reste des pays occidentaux. Les 20% de travailleurs pauvres, le taux quasiment deux fois plus élevé qu'en France de temps partiels sont là pour en témoigner. 

    Voilà donc ce qui nous attend, si nous choisissons un des deux candidats de l'orthodoxie. La prise de pouvoir définitive de la finance, l'accélération de la crise économique, avec je ne sais quelle catastrophe à la clé.

    Le Front de Gauche lui a choisi de résister. Il y a des moyens pour le faire. Pour autant, il ne faut pas s'imaginer une sinécure. Il y aura une lutte acharnée et des secousses sévères. Mais c'est le prix de l'insoummission et de la liberté, c'est le coût de l'émancipation et de la souveraineté. Nous ne serons pas seuls. Nous pouvons compter sur les populations étranglées par cette oligarchie qui ne dit pas son nom. Elles sont à la recherche d'un espoir, d'un levier. Nous pouvons donner le signal de l'insurrection contre le secteur financier.

    Quelle peut donc être la réponse d'un gouvernement qui s'opposerait au chantage des puissances de l'argent ? En premier la banque centrale. En retrouvant la possibilité d'emprunter auprès d'elle à très bas coût, 1% au plus, ce que font aujourd'hui les institutions privées sans pour autant financer l'économie réelle, nous court-circuitons les marchés qui font pression sur la dette en faisant monter les taux d'intérêt, la renchérissant d'autant et pesant ainsi pour que soient mise en place les "bonnes " réformes.

    Le souci, c'est que les traités européens l'interdisent. Il faudra donc rapidement en discuter avec nos partenaires en liant de nouvelles alliances. Le but est d'assouplir la position allemande. Nos voisins germaniques sont en effet assez chatouilleux sur les politiques monétaitres, en raisons de traumatismes historiques qu'ils n'ont pas réussi à dépasser. Je ne vais pas rentrer dans les détails car ce billet va sinon être interminable. Il faudra de toutes façons que la banque centrale change de statut.

    Pour le moment , la France, qui est tout de même la deuxième économie de la zone, s'est gentiment ralliée aux injonctions de Merkel. On peut envisager une nouvelle façon de procéder, sachant que si la France claque la porte et soit désobéit aux traités, soit quitte purement et simplement la zone euro, l'Allemagne sera en difficulté (les interdépendances jouent des deux côtés), malgré sa relative arrogance actuelle. Il est également de son intérêt que notre pays puisse avoir ses contreparties, sachant qu'à terme, c'est une véritable résolution de la crise que porte le programme du Front de Gauche. Il n'y a en effet pas d'autres solutions que de mettre au pas la finance si on veut en sortir par le haut et pouvoir discuter avec les autres puissances mondiales d'un nouveau système monétaire qui rétablisse un équilibre mis à mal par l'hégémonie du dollar.

    Une autre possibilité est d'emprunter de force, comme il est possible, aux banques françaises qui iront elle-même se refinancer auprès de la BCE au même taux. L'institution de Francfort a déjà renié l'essence des traités en les contournant pour prêter plus de 1000 milliards d'euros aux banques, avec pour objet de les sauver une nouvelle fois de la faillite et leur permettre de continuer d'acheter des obligations d'état, c'est à dire de financer la dette, à des taux là, très sympathiques, parfois cinq à six fois supérieurs à celui auquels elle se servent à la BCE. C'était ça ou la disparition de la zone euro.

    L'air de rien, c'était déjà une victoire des idées alternatives, celles que les nonistes de gauche émettent depuis près de sept ans maintenant. Tout cela a bien entendu été maquillé, mais les observateurs ne s'y sont pas trompés. En résumé donc, la BCE n'aura pas le choix que de prêter aux banques françaises qui viendront y pleurer après le vilain traitement que l'Etat français leur aura fait, c'est à dire les forcer à faire ce qu'elle devrait faire tout le temps : financer l'économie réelle et non pas la spéculation. Si elle ne le fait pas, le secteur financier s'effondre, l'euro disparaît...Chiche ?

    Il faut rappeler que les traités ont déjà été violés, notamment quand la France et l'Allemagne (hé oui quand ça l'arrange) avec d'autres pays, se sont tranquillement assis sur les critères de Maastricht, gravés pourtant dans le marbre. Je n'ai pas souvenir que la Terre ait tremblé à ce moment là... En outre, en Amérique du Sud, il y a des exemples d'états qui, après avoir subi l'autorité destructrice du FMI, se sont libérés du carcan financier. L'argentine est là pour en témoigner. Certes, il y eut des secousses au début, mais depuis le redressement est spectaculaire surtout par opposition à la situation qu'avait entrainé les directives néolibérales du FMI.

    Voilà pour ce point qui me paraît crucial car il est au coeur du programme du Front de Gauche. Nous pouvons résister à la finance et nous DEVONS le faire pour sauver l'économie et nos modèles sociaux. Personne d'autres que le Front de Gauche ne le propose dans ces termes.

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    Dans un second temps et toujours sur le thème de la souveraineté citoyenne, c'est à dire le pouvoir pour l'électeur de choisir réellement quelle politique il veut mener, quelle qu'elle soit et quel que soit son degré de pertinence par la suite, j'aimerais évoquer une nouvelle fois le positionnement de Jean-Luc Mélenchon, qui se pose clairement en rassembleur du non au TCE en 2005.

    Le piétinement de ce vote par nos dirigeants est resté dans toutes les mémoires et témoigne de façon presque caricaturale du contournement de la volonté populaire qui se généralise depuis une dizaine d'années. Puisque j'évoque le combat de cette campagne refendaire, je ne peux également manquer de la relier avec l'actuelle attitude de la presse envers notre candidat, tout bonnement révoltante par sa capacité à occulter, la détourner de son sens, ridiculiser le programme et ses sympathisants etc...

    On voit bien là le parallèle avec 2005 car non seulement à l'époque les media n'avaient eu d'attention que pour le Oui, mettant une nouvelle fois la déontologie au placard, mais qui plus est, ils n'ont jamais encaissé leur défaite cinglante et la mobilisation des nonistes qui l'avait entrainé. Quoi de moins étonnant alors, qu'ils renouvellent le traitement journalistique totalement orienté qui avait prévalu il y a sept ans, lorsqu'on se rend compte que c'est bien le camp du Non, celui du refus de la confiscation de la politique, celui de la défense d'un modèle social protecteur dissout par les injonctions libérales gravées dans les traitées, celui d'une Europe différente au sein de laquelle l'influence française ne serait plus ringardisée par ses propres représentants, qu'ils doivent de nouveau affronter.

    Voici un article d'Acrimed sur le traitement médiatique de la campagne du Front de Gauche :

    http://www.acrimed.org/article3802.html

    Jusqu'à quand permettrons nous donc que des faiseurs d'opinion qui se veulent pluralistes mais défendent mordicus une restriction du choix démocratique à deux possibilités qui sont juste deux nuances différentes de la même couleur, décident de qui est légitime à recevoir notre voix ? L'élection au suffrage universel sous-tend l'égalité de tous les citoyens et la liberté inaliénable de leur choix, elle implique la reconnaissance de leur responsabilité. Nous ne sommes pas des enfants, pas plus que des chiens à qui on indique là où il convient de faire. Voter pour Jean-Luc Mélenchon, c'est aussi réaffirmer pleinement ce droit à décider de la politique que nous voulons mener, le droit à l'assumer, y compris si elle ne se révèle pas positive à l'usage. La véritable alternance démocratique est là pour précisément corriger des décisions électorales a postériori erronées.

    Enfin, et dans le même esprit de libérer à nouveau la politique du carcan dans lequel l'ont mis la libéralisation de la finance, le projet du Front de Gauche propose de redéfinir nos institutions et d'oeuvrer pour que celles de l'Union soient véritablement démocratiques.

    Chacun de nous pourra participer au chantier enthousiasmant d'une nouvelle constitution qui ouvrira l'ère de la sixième république avec l'objectif affiché d'en finir avec la concentration des pouvoirs, le carriérisme, le cumul des mandats. Nous les citoyens, nous ne devons plus nous contenter de donner des mandats. Nous devons aussi les assumer. C'est en cela que nous devons prendre le pouvoir comme en a fait son slogan le Front de Gauche. Telle est la signification de notre choix.

     

     

     

    Quelques liens :

    Le discours prononcé à Limoges, peut-être le meilleur à ce jour. Il contient toute l'essence du programme et la vision de la société centré sur l'humain et son environnement :

    http://www.youtube.com/watch?v=1w0fFMa5WjU

    Une conférence sur la géopolitique, la politique extérieure, selon une approche souverainiste et alter-mondialiste. Sans doute l'exposé le plus lucide et fin que j'ai entendu sur la question. De quoi confirmer les aptitudes de Jean-Luc Mélenchon à diriger ce pays, au moins temporairement, car il a bien stipulé qu'une fois le chantier constitutionnel effectué, il rendrait les clés :

    http://www.youtube.com/watch?v=g6heICDlWFs

    Un témoignage d'un cadre qui votera Front de Gauche :

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/521016-ancien-liberal-ec-ure-par-le-monde-du-travail-je-voterai-melenchon.html

     

    L'excellente intervention de Jean-Luc Mélenchon à la matinale de France-Inter ce matin :

    http://www.franceinter.fr/emission-le-79-jean-luc-melenchon-1

    Un article en faveur du front de Gauche et de son candidat dans The Guardian. Vous n'en trouverez quasiment pas en France, comme c'est étrange...

    http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2012/apr/10/jean-luc-melenchon-france-elections?fb=native&CMP=FBCNETTXT9038

     



  • Résistance !

    Dès le 7 mai, quel que soit le candidat élu, la finance va attaquer notre pays. Tout simplement parce qu'il est encore un verrou à l'établissement définitif des politiques néolibérales en faveur des spéculateurs et des actionnaires, qui sont les mêmes. Nos adversaires ne devront donc pas attendre un instant avant de prendre à la gorge le nouveau gouvernement. Si le président sortant est réélu, il ira au devant des financiers pour leur dire qu'ils ont raison et que la France va s'adapter. Si son concurrent du Ps est élu, il viendra au devant de nous pour nous dire, qu'au nom des réalités et des traités européens, il faut s'adapter. Le scenario est connu : c'est celui de l'austérité et de la plongée de l'économie, comme en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Irlande. Si la deuxième économie européenne chute, l'Allemagne n'y résistera pas non plus, elle qui a financé ses exportations par la désinflation compétitive (baisse des salaires et précarisation de l'emploi depuis dix ans) et les déficits commerciaux de ses partenaires. Ses exportations dégringoleront donc à la mesure des 60% des échanges qu'elle réalise avec les membres de l'Union. La spirale funeste sera lancée.

    Quelques autres, Jean-Luc Mélenchon le premier, diront aux financiers que nous ne nous rendrons pas. Ce sera un dur combat, mais nous ne serons pas seuls car les peuples européens au contraire de leurs dirigeants, ont assez de l'absurdité de ces politiques qui ne profitent qu'aux rentiers, au détriment des salariés, des petits patrons, des artisans sans parler de la foule de plus en plus nombreuse des marginalisés. L'objet aujourd'hui, c'est de renverser définitivement ce modèle en crise terminale mais dont on essaie néanmoins de nous imposer le cadavre en putréfaction afin d'empoisonner toute velléité d'émancipation.

    Ce qu'il nous faut faire désormais est simple : résister ! Ce qu'il nous faut sauver est essentiel : la Démocratie ! Nous sommes le nombre, nous sommes le Peuple, nous sommes la République, nous sommes la Victoire !

     

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  • Nous prendrons le pouvoir !

    Nous entrons désormais dans la dernière ligne droite de l'élection présidentielle. Le sprint est lancé et celui qui semble avoir la meilleure pointe de vitesse, c'est bien entendu le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, porté par la réussite d'une réunion à la Bastille qui a réuni plus de 100000 personnes. Ce succès a d'ailleurs contraint le candidat à abréger son discours pour ne pas engorger plus que de raison, avec les problèmes de sécurité que cela posait, les boulevards rayonnant de la Bastille.

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    Cet évènement préfigure l'insurrection citoyenne que nous appelons désormais de nos voeux, nous qui pensons qu'il est temps d'en finir avec un système politique sclérosé, qui a légitimé et installé des politiques économiques responsables de la crise que nous vivons. Il est temps désormais, dans nos sociétés, de penser l'humain d'abord !

    La dynamique est désormais bien installée et ce n'est pas le drame horrible qui a secoué la France entière en touchant notamment des enfants de la République, qui la fera dévier, n'en déplaise à tous ceux qui ont déjà commencé l'entreprise de récupération, afin d'aviver un peu plus la haine sans laquelle ils n'existeraient pas politiquement.

    Précisément, le projet du Front de Gauche , c'est le vivre-ensemble. Il nous faut pour l'assurer dans la sérénité et la prospérité, d'abord retrouver la souveraineté citoyenne, qui nous a été confisquée, parfois avec notre complicité, parfois à notre corps défendant comme après le vote non au TCE en 2005. En tant que citoyens, nous avons le droit de décider quelle politique nous voulons voir appliquer, dans le respect de chacun. Ce droit nous est dénié aujourd'hui, la dernière atteinte étant celle de l'inscription de la "règle d'or" budgétaire dans les constitutions nationales, règle qui soustrait en fait la gestion de l'argent public aux décisions du peuple, règle directement dictée par les marchés financiers, pourtant directement à l'origine de l'explosion des dettes (voir mes précédents billets sur la question) et par nos représentants politiques qui en partage l'idéologie.

    C'est pourquoi, il est nécessaire de changer nos institutions, pour en finir avec les pratiques de confiscation du pouvoir, devenues au fil du temps insupportables. Nous devons définir de nouvelles institutions, à la fois au niveau national comme à l'échelle européenne. Le besoin s'en fait cruellement sentir et pourquoi ne pas compter cette fois ci, sur un effet d'entrainement qui pourrait faire de l'Europe, enfin, un réel espace démocratique où le choix des citoyens pourrait être respecté et surtout possible. A cette fin, le Front de Gauche propose de convoquer une assemblée constituante, qui aboutira à la naissance d'une sixième république. Elle aura pour objet d'assurer les droits fondamentaux pour tous : l'accès à l'eau et à l'énergie, devenues propriété commune, la préservation des écosystèmes, notamment en inscrivant la règle verte, celle de la protection durable de notre environnement, plutôt que celle dite d'or, celle du court terme et du profit de quelques uns au détriment de tous les autres. La restructuration nécessaire du secteur financier dont la libéralisation aussi bien par les gauches que les droites de gouvernement dans tous les pays occidentaux depuis le milieux des années 70 a conduit à la conjoncture économique dramatique que nous connaissons, sera également réalisée. Elle permettra de juguler la spéculation et de ramener le crédit au rôle qui doit être le sien, à savoir l'essence nécessaire au moteur de l'économie, dans une optique d'investissement responsable, au service de l'innovation et du progrès humain. Pour en savoir plus, écoutez le discours tenu par Jean-Luc Mélenchon dimanche dernier à la Bastille devant plus de 100000 personnes.

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    Le serment du Jeu de Paume / Jacques Louis David

    Il faut désormais se convaincre que ce programme et le candidat qui le porte et qui en cas de victoire s'effacera une fois les nouvelles institutions élaborées, sont clairement en position de gagner ces élections. A gauche, le Ps va payer sa stratégie du rien et perdre petit à petit le capital bien fragile du vote anti présidentactuelliste. Il va notamment souffrir de la comparaison avec le Front de gauche, qui propose un vrai projet sociétal quand les caciques socio-démocrates n'ont toujours rien de mieux que l'accompagnement à l'adaptation au néolibéralisme à proposer. La crise ne leur a rien appris. Quand François Hollande déclare que la finance est l'ennemie, il part le lendemanin rassurer les traders de la City de Londres. Quand il propose, aiguillonné à sa gauche, de taxer les hauts revenus à 75 %, mesure bien incomplète si on la rapporte à la remise à plat de l'impôt sur le revenu préconisé par le Front de Gauche, il s'empresse ensuite de déclarer qu'il n'a rien contre les riches. Aucune direction, aucune conviction, aucune perspective...

    Oui, il va bientôt apparaître que le meilleur candidat pour battre le "champion" de l'UMP, c'est Jean-Luc Mélenchon. Le vote utile à gauche, c'est celui qui peut réellement faire bouger les choses. Et pour ceux qui douteraient de la possibilité pour le Front de Gauche de gagner un deuxième tour de l'élection présidentielle, je soulignerais une nouvelle fois la consistance du programme, sa cohérence et l'impressionnante maîtrise rhétorique de celui qui porte aujourd'hui ses idées, quand en face on ne peut présenter qu'un bilan catastrophique, afficher un catalogue hétéroclite de verroterie pour gogos, une ribambelles de promesses corporatistes qui ne seront jamais tenues (sauf pour les plus aisés comme la première fois). Il n'a pour le moment aucun rival dans l'exercice, primordial, du débat politique. Je ne doute pas une seconde, malgré la roublardise et l'énergie du président actuel, qu'il aurait le dessus en cas de duel d'entre deux tour. Enfin, il fait revenir de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique et réfugiées dans l'abstention, ce qui constitue un vivier délaissé et considérable. La victoire n'est plus inaccessible pour une gauche assumée.

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    Parce qu'au bout du printemps il y a...

     

    Forts de cette dynamique et des nouvelles réunions festives et militantes qui auront lieu en Avril à Toulouse, le 5 et à Marseille le 14 (Jean-Claude Gaudin, sans doute effrayé par la montée en puissance inexorable du Front de Gauche a décidée de ne pas accorder l'autorisation pour cet évènement, sous un prétexte bidon, qui ne traduit que la peur et la mesquinerie. Mais des solutions alternatives sont déjà prévues en cas d'entêtement du maire de la ville), forts de cette dynamique disais-je, nous les citoyens de France, au soir du 6 mai, nous prendrons le pouvoir !

     

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    ...le temps des cerises !

     

  • Prendre parti

    Nous voilà à moins de deux mois désormais d'une échéance électorale très importante en France. Ces présidentielles ne devraient pas pouvoir être isolées du contexte mondial, notamment économique bien entendu, puisque la crise se poursuit, selon les modalités que j'avais évoquée dans mes précédents billets sur la question.

    Nous vivons certes en ce moment une légère acalmie sur le front des dettes souveraines (en réalité tout sauf souveraines mais bon), pause qui doit tout à l'intervention tardive mais cette fois-ci dans les grandes largeurs, de la BCE. La banque centrale européenne s'est en effet décidé à lancer une quasi création monétaire, à l'opposé de ses beaux principes, tout en restant en façade dans les draps immaculée de la rigueur orthodoxe. C'est donc près de 1000 millards d'euros de liquidités qui ont été avalées par les banques, en deux opérations de refinancement à trois ans, dont l'objectif principal était de faire baisser la pression sur les taux d'intérêts de la dette des états, quasiment insoutenable depuis la fin de 2011 en Italie, en Espagne, au Portugal et dans certains autres pays, sans compter la Grèce, depuis longtemps incapable de se financer sur les marchés et sans solution alternative puisque les traités européens interdisent aux banques centrales de financer directement les états.

    C'est pourtant cette impossibilité que, contrainte et forcée, pour sauver l'euro, la BCE a contourné en abreuvant le secteur financier d'euros, tout en lui conseillant d'acheter des obligations, mais sans pour autan avoir les moyens de l'y obliger. Les banques se sont fait tirer l'oreille, préférant souvent mettre en dépôt les sommes prêtées à 1% (quasiment données) par la BCE, auprès de la BCE elle-même, à des taux ridicules (0,25%) signe d'une totale absence de confiance dans la stabilité du système financier. Elles ont aussi profité de ces facilités pour faire rouler leurs propres dettes et continuer par ailleurs, à spéculer, puisque rien n'a été fait pour restreindre les possibilités dans ce domaine. Mais vu l'énormité des sommes engagées par la banque centrale européenne, le marché des dettes souveraines s'est tout de même détendu courant décembre, descendant légèrement sous les 5% pour les deux grands pays méditerranéens, tandis que le Portugal lui, miné par la récession et probable candidat à la succession de la Grèce est toujours lui, soumis aux attaques des financiers. Cela montre bien, s'il en était besoin, que le calme est très fragile et provisoire, tant la situation des deux pays de la péninsule ibérique est délicate (près de 25 % de chômage en Espagne)

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    En parallèle, l'Union européenne s'enferme dans sa stratégie de l'austérité et de la rustine institutionnelle, qui sans le soutien in extremis de la BCE aurait viré à une implosion certaine. Quoiqu'il en soit cette politique a des conséquences pour le moins fâcheuses et inquiétantes pour l'avenir.

    D'une part, la pression mise sur la Grèce en matière de désentettement sauvage produit des résultats catastrophiques : le PIB a ainsi chuté de plus de 7% au dernier trimestre 2011 (sur un an) et de près de 15% au total depuis le début de la saignée, qu'un médecin du 17ème siècle n'aurait pas reniée. Il se produit là l'effet habituel de l'austérité, qui réduit l'activité et donc les ressources fiscales et donc l'endettement, ce qui donne prétexte à la troïka en charge du dossier grec (Union européenne, FMI et BCE) pour réclamer plus d'effort de réduction de déficit. Le cercle vicieux dans toute sa splendeur. On attendra sans doute longtemps que ce triumvirat sans légitimité démocratique s'attaque avec la même fermeté aux évidentes faiblesses de l'état grec et notamment son impossibilité à recouvrer l'impôt que lui doivent certaines catégories privilégiées comme les armateurs ou le clergé orthodoxe (tiens lui aussi)

    Il y a dans la situation grecque, à la fois la matérialisation de ce que les nonistes de gauche redoutaient au moment de leur contestation du TCE et la préfiguration de ce que sera bientôt l'Union si on laisse cette évolution se dérouler sans entraves. Non seulement les préceptes économiques des élites actuelles sont ineptes et prouvent leur toxicité, ce depuis 30 ans mais avec une irréfutabilité d'airain depuis le déclenchement de la crise en 2007, mais également, l'obstination des représentants politiques unis dans leur néolibéralisme nous entraine vers une mis à bas de la démocratie. POur preuve, on soulignera les propos outrés suite à la proposition de referendum de Papandreou en Grèce, les évocations à peine feutrées de la gêne ou de l'agacement vis à vis des élections législatives d'avril dans ce même pays, ou encore et bien évidemment, les mécanismes de contrôle budgétaire interdisant les déficits, ce qui soustrait de la souveraineté des citoyens ce levier essentiel de la politique, le tout sans qu'ils n'aient été aucunement consultés.

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    Sur le sujet, la position de Jean-Luc mélenchon :

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/brochures/tribune-libe-120220.pdf

    Si on ajoute à ce tableau sombre mais malheureusement très factuel, les tensions entre pays, nés de la crise de la dette, mais plus globalement de la mise en compétition des pays membres entre eux, la détresse sociale qui progresse partout, même si elle se concentre surtout en Grèce et en Espagne pour le moment, la montée en corollaire de l'extrême-droite partout en Europe (voire Orban en Hongrie, mais la France est particulièrement bien placée dans le domaine), les frictions géo-stratégiques au moyen-orient, le déclin économique des Etats-Unis toujours aussi mal en point, tout est réuni pour déboucher sur un épisode particulièrement pénible.

    Dans ce contexte, que penser des élections présidentielles française ? Il est évident que le sort du monde ne dépend plus de la France depuis belle lurette. Mais d'une part, il faut bien commencer la lutte quelque part, d'autre part notre pays fait partie de l'Union et a encore un rôle majeur à y jouer , pour peu qu'il retrouve un peu d'allant et de confiance en lui-même, dans les valeurs universelles qui l'ont marqué. L'Union, elle, premier marché mondial, qu'on écouterait donc avec attention si elle parlait d'une voix forte, y compris et surtout, si elle développait une parole de rupture, de changement, l'Union donc, peut, elle, décider, du moins influer sensiblement sur le devenir de notre planète.  Or, la France peut encore avoir un impact dans ce que peut-être l'Union, si elle décide d'adopter une attitude différente de celle qui est la sienne depuis trente ans.

    Qui parmi les candidats, porte cette potentialité de changement ? Il n'y en a qu'un et c'est celui du front de gauche.

    Il y a deux principales raisons à cela, c'est que dans son programme, d'une part, la compréhension de la crise entraine une volonté de réduire le secteur financier au rôle qu'il doit tenir, c'est à dire financer l'économie réelle, d'autre part rénover en profondeur la vie politique et la proposition de réunir une assemblée constituante est une initiative des plus cruciales, qui, dans le contexte actuel, pourrait créer une dynamique pourquoi pas similaire à celle qui a suivi les Etats généraux en 1789. Le système est moribond, il faut d'urgence penser à l'avenir et à une reconstruction du politique et partant, de l'économique qui lui est lié.

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    Je conseille à tous ceux qui, abreuvés de l'opinion mediatique autorisée, seraient sceptiques sur la qualité, à la fois du programme et du candidat du Front de gauche, de lire les billets de son blog, toujours très informatifs et d'une lucidité sans égale en comparaison des autres postulants à la présidence, les deux principaux les premiers, et d'écouter, voire de participer à ses meetings qui se révèlent à chaque fois, comme une rencontre politique d'où émane un discours de gauche, social, républicain et pédagogique qui n'avait pas été entendu depuis longtemps. A ce titre, il ne faut pas manquer celui qui se déroulera le 18 mars à la Bastille, dont le thème sera la démocratie et les institutions, thème d'actualité au moment où nos dirigeants étouffent la souveraineté citoyenne en se servant du paravent européen, pour mieux imposer un régime économique qui a fait les preuves de ses méfaits. Cette réunion pourrait bien marquer un tournant dans la campagne, par l'affluence qu'elle va entrainer et la force du discours qui y sera tenu.

    La gravité de la situation est telle aujourd'hui que les expédients d'une alternance qui résulterait du vote utile, en réalité de la négation du choix électoral, apparaissent comme totalement sous-dimensionnés face à une crise de système, qui à moins d'un véritable changement de cap, nous mène droit dans le mur. Pour ma part , je choisis Jean-Luc Mélenchon, parce qu'il est temps que le pouvoir nous reviennent à nous les citoyens. L'heure est venue de solidement prendre parti !

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/

  • Pas trop mauvaise année !

    L'exercice 2011 se termine avec un bilan sur le plan économique, politique et social désastreux et il faut être tombé étant petit, dans une plantation d'herbe prohibée, pour pouvoir être optimiste quant à celle qui vient. Il n'y a qu'à citer les derniers efforts en date s'acharnant à dissoudre l'Etat providence et plus généralement le modèle social protecteur qui avait été édifié en Europe au sortir de la deuxième guerre mondiale, pour que la besace pèse définitivement bien lourd sur l'épaule. Rien qu'en France pour les derniers jours de Décembre, la SNCF continue dans la logique de privatisation à nous faire détester le train (financièrement dans un premier temps, avant sans doute de craindre pour la sécurité une fois le traffic définitivement ouvert à la concurrence), le système de santé tombe par pans entiers comme les glaciers groenlandais (les mutuelles vont devenir un luxe, on incite les nouvelles mamans à passer le moins de temps possible à la maternité sous des prétextes variés qui n'arrivent pas à maquer le désir systématique de réduire les coûts, toujours au détriment des plus fragiles), le secteur financier continue de se gaver quasi gratuitement des liquidités déversées généreusement mais très hypocritement par la BCE,  avec à la clé, un léger sursis pour l'Euro (monétisation indirecte et non assumée) mais des résultats sur l'économie réelle qu'il faudra, comme aux Etats-Unis, rechercher au microscope à balayage électronique, tandis que les Etats sont priés de réduire la voilure si drastiquement que la vrille est inéluctable.

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    La course est lancée : qui disparaîtra en premier des glaciers ou de l'Etat protecteur, victimes de la même logique finalement...

     

    2012 est une année électorale en France et aux Etats-Unis. Mais il faut être là aussi shooté à la dopamine pour en espérer quoi que ce soit. A défaut d'espérance, il y a tout de même une éthique de la conviction à adopter en essayant le plus possible de travailler idéologiquement pour saper l'édification néolibérale qui atteint son apogée après trente ans de travail sur les esprits, au moment où les faits démentent pourtant catégoriquement son efficacité. Mais l'inertie des mentalités est ce qu'elle est. Le mythe de Cassandre est toujours d'actualité et il est pour le moins crispant et douloureux d'avoir raison trop tôt. Quand bien même, il faut continuer à montrer en quoi le modèle actuel s'avère être une impasse et proposer les alternatives. L'arène politique comme elle est structurée actuellement permet peu d'évolution, en tout cas sans doute pas suffisante pour faire virer suffisamment le grand paquebot de l'économie mondiale. Mais nous ne risquons strictement rien à essayer de peser sur les rapports de force du moment. C'est à ce titre que mon vote se portera très probablement sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon dont j'encourage la lecture du blog (dans mes favoris) pour s'apercevoir que même si le projet, voir l'homme, ne sont pas parfaits, ils demeurent sans doute les plus pertinents et les plus équilibrés de l'offre pour la présidentielle 2012, loin en tout cas, des caricatures qu'en font souvent les media et ses adversaires, très loin de la fuite en avant qui sert de programme à la droite, de la coquille bien vide et inadaptée aux enjeux des socialistes et d'une grande partie des verts malheureusement (Eva Joly aurait bien davantage sa place au Front de Gauche)

    Quoiqu'il en soit et qui plus est dans ce contexte bien difficile, je vous présente mes meilleurs voeux pour 2012, en vous souhaitant une pas trop mauvaise année !

     

    P.S : l'Hiver, c'est quand tu veux pour arriver. Tu vas pas t'y mettre aussi !

     

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    Pas trop mauvaise annééééééééée !!!

  • Money time

    La crise procède comme vous l'avez sans doute remarqué, d'un calendrier de plus en plus accéléré. Elle s'emballe, tout simplement, faute d'une prise de conscience réelle de nos dirigeants ou, pire, de leur volonté de ne pas accepter ce qui est pourtant désormais imparable : le chute de ce système.

    Depuis déjà quelques années, votre serviteur, inspiré par ses lectures et ses propres réflexions mâtinées d'une intuition qui pour le moment ne l'a pas trompé, a dessiné l'alternative de notre époque comme suit :

    -les décideurs ne se soumettent pas aux faits, préservent leur pouvoir et leurs intérêts coûte que coûte. Ils essaient de sauvegarder le système néolibéral en contournant, voire en supprimant la démocratie. Cela leur permet de faire porter tout le poids économique sur les classes populaires et moyennes, qui sont sommées de faire toujours plus de sacrifices, pour permettre aux rentiers de ne pas assumer le risque des placements financiers pour le moins aventureux qu'ils ont consentis. (les petits épargnants sont le noeud du problème, puisqu'ils servent de caution aux financiers pour se préserver, mais comme je l'ai déjà montré dans mes derniers billets sur la crise, c'est un argument qui peut aisément être démonté)

    -la prise de conscience d'une fin de règne s'impose à une majorité et l'hétérodoxie économique est mise en oeuvre afin de sauver le monde d'une période potentiellement dramatique qui suivrait un chaos économique. Il suffirait pour cela de revenir sur certains dogmes, à savoir permettre à la banque centrale européenne de financer directement les états pour les soustraire au chantage du marché et remettre en place un contrôle des capitaux pour définitivement court-circuiter le secteur financier et permettre aux investissements d'alimenter l'économie réelle, avec à la clé une meilleure répartition des richesses. Cette solution se heurte bien entendu à l'opposition radicale de la finance, relayée par le gouvernement français pour ne citer que lui, qui défend les banques avec un acharnement qu'on aimerait lui voir quand il s'agit du service public. Elle bute également sur les idéologues monétaristes et ordo-libéraux, très représentés à l'échelle de l'Union et surtout de l'Allemagne, sourde à toute tentative de monétiser la dette (financement direct) et agitant le spectre de l'hyper-inflation de l'année 1923, qui a certes durablement marquée les esprits par sa violence bien réelle, mais sert aujourd'hui de subterfuge pour camper sur des positions pourtant intenables économiquement, y compris pour les intérêts allemands à moyen terme.

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    Si vous n'êtes pas aveugles ou de mauvaise foi, vous aurez conclu que c'est la première option qui a été choisie. Les derniers épisodes grecs et italiens en témoignent de façon presque caricaturale et transparente : il n'y a qu'une politique possible, demander aux citoyens leur avis est passible d'excommunication inflexible (même si le referendum grec était tout sauf dirigé vers les électeurs de la part de Papandreou), tout politique qui n'est plus en mesure de tenir la barre solidement est prié de déguerpir, on le remplace par un représentant quasi officiel du secteur financier favorable au "fédéralisme européen", c'est à dire en ce moment, à la prise de pouvoir des marchés (Papademos a été vice-président de la BCE et proche de Goldman Sachs, Monti est conseiller de la même méga-banque)

    Certains vous diront que ces "experts" sont incorruptibles et valent bien mieux que les dirigeants qui viennent d'être exclus. On les trouve parmi les européistes les plus forcenés et bien entendu chez les néolibéraux qui ont toujours affiché leur défiance du politique et leur préférence vis à vis de la "gouvernance économique". Se passer de la consultation citoyenne est pour eux un signe de sagesse. Vous noterez qu'ils justifient la pertinence de leurx choix par les sondages qui montrent qu'une large majorité en Grèce comme en Italie, se réjouit du départ des anciens premiers ministres, ce qui vaut automatiquement soutien aux futures politiques d'austérité qui ne vont pas manquer d'être menées comme d'aggraver encore la situation (mais on ne change pas une méthode qui perd). Gourverner en s'appuyant sur les sondages, c'est une garantie démocratique, tout le monde en conviendra n'est ce pas ?

    Cependant, au contraire d'un Jean Quatremer, taulier du blog Les coulisses de Bruxelles, partisan du recadrage technocratique, qui hésite entre ce genre de retour de flamme propagandiste et une lucidité épisodique quand il se range à l'idée que seule la BCE peut sauver l'euro en rachetant sans limite les dettes publiques, des voix de plus en plus nombreuses se font entendre pour dénoncer cette dérive autoritaire, au nom de l'Union, des marchés ou des deux à la fois. Ainsi, Jean-Pierre Jouyet, europhile s'il en est (président de l'autorité des marchés financiers et ex secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes du gouvernement de François Fillon), vient de dénoncer récemment la "dictature de fait" de la finance, contre laquelle les citoyens finiront par se révolter.

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    Nous en sommes donc là aujourd'hui, dans une dérive très prévisible de la situation politique, quand les mesures préconisées pour solutionner la crise, elles, sont toujours les mêmes et d'une inefficacité catastrophique. La récession s'invite à nouveau, l'austérité agit de façon pro-cyclique en contractant l'activité, les revenus fiscaux et donc en augmentant encore l'endettement, les marchés, comme des vautours, dépècent la bête en exigeant d'elle qu'elle leur fournisse plus de viande. Quand Nosferatu constatera que l'aurore pointe, il s'apercevra trop tard que tout le sang aspirée à sa victime désormais défunte, n'a servi qu'à raccourcir sa vie de mort-vivant. Nous serons à ce moment là, tous sur le même bâteau, malheureusement...

    Mais la période est encore aux sommets ultimes de la dernière chance qui ne se représentrera plus, dont on célèbre le néant décisionnel avec fastes pompes et moulinets de bras. Le FESF, fonds de solidarité est mort né, produit de vielles recettes financières (effet de levier, véhicule financier spécial) qui sont directement à l'origine de la crise. Il a de plus été fauché à la fois par les refus dogmatiques allemands et la future dégradation de la note française, qui ne permettra plus d'en faire un outil considéré fiable par le secteur financier. Ce dernier en aurait pourtant largement bénéficié mais il est pourtant directement à l'origine de cette fragilisation par ses attaques sur les dettes publiques. Le serpent se mord la queue...

    Le temps s'accèlère, la situation s'aggrave. Il y a pourtant des solutions, comme je l'ai déjà dit. Financement direct des états, contrôle des capitaux, restructuration du secteur financier (certaines mesures sont préconisées par Frédéric Lordon, voir mes favoris), discussion avec la Chine d'un nouveau système monétaire plus équilibré, qui pourrait s'isnpirer largemement du Bancor de Keynes (voir le blog de Paul Jorion en lien dans mes favoris), au final, une meilleure répartition des richesses et une économie durable. Ces solutions sont portées par une certaine offre politique, celle de Jean-Luc Mélenchon par exemple. Une partie des Verts les défendent également...

    La partie s'accélère et il ne reste plus beaucoup de temps avant un basculement irrémédiable. Comme au basket, c'est le moment crucial, qui porte diablement bien son nom, du money time... 

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  • La dernière chance

    L'été, comme prévu, aura été agité sur le front de l'économie. Nous avons assisté au déclenchement du deuxième grand chapitre de la crise avec la plongée des bourses, suite à la dégradation de la note des Etats-Unis et de l'aggravation de la crise de l'Euro. La prospective des hétérodoxes, s'est donc révélée exacte, eux qui prévoyaient un scenario en double dip après la chute de Lehman Brothers, c'est à dire une dépression scandée par au moins deux dégringolades économiques. Le profil attendu était en W, soit une reprise après le premier plongeon, suivi d'un nouveau avant un éventuel rebond. Il s'avère en fait que les analyses les plus pessimistes, mais aussi les plus lucides, qui concluaient à une crise systémique et une fin d'époque, étaient bien les plus pertinentes, car en fait de W, on assiste plutôt à un déroulement en double L, c'est à dire, à une descente irrémédiable, ponctuée de gros trous d'air, sans remontée véritable.

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    Il convient de faire un bref rappel de la situation et de ses tenants et aboutissants. Si le diagnostic est sans appel vis à vis du capitalisme financiarisé (le modéle dit néolibéral), c'est qu'il a tout simplement détruit son moteur à force d'alimentation en carburant instable : le crédit, la dette. Reposant sur la consommation, le système a conjugué augmentation de la rentabilité actionariale, des profits en règle générale, basés notamment sur la compression salariale, les délocalisations etc, avec l'explosion du crédit, pour compenser la baisse relative des revenus du travail par rapport à ceux du capital (environ 10 points de Pib en trente ans). Parallèllement, le marché de la dette publique, confié au privé suite à un enchaînement de décisions politiques, a produit une augmentation énorme de celle-ci. Pour résumer de façon schématique, le choix unilatéral de Nixon de faire flotter le Dollar, donc de le décrocher de l'étalon or, afin de pouvoir endetter son pays sans limite et au frais du monde entier (hors communiste), pour l'alimenter dans la course folle avec l'URSS, ruineuse, a signé le début de la période. Les autres pays devant s'adapter, ont eux aussi crée un système de changes flottant (et son marché), tout bénéfice pour les spéculateurs et les rentiers, d'autant plus qu'il imposait quasiment que les banques centrales soient mises en indépendance des Etats, répondant ainsi à une nécessité théorisée par l'Ecole de Chicago sur les fluctuations de masses monétaires et la lutte contre l'inflation.

    Ce changement a fait d'une pierre deux coups : livrer le financement des Etats au privé, placement sûr et juteux qui a largement contribué à faire enfler les créances publiques, et garantir une augmentation des prix très limitée (mission fondamentale de la banque centrale européenne), ce qui permet aux rentiers de ne pas voir s'effriter leur précieux patrimoine financier au cours des ans.

    Le dernier volet de ces politiques a consisté en la libéralisation quasi totale du secteur financier, garantie par le libre circulation des capitaux (et la libre existence des paradis fiscaux), là encore aspect fondamental de la construction européenne. A partir de là, la finance s'est développée sans mesure, avec les conséquences que l'on connaît aujourd'hui, à savoir une insolvabilité générale des agents économiques par abus de crédit, abus qui résulte de la captation des richesses par une petite minorité. Le château de carte est désormais à la merci du moindre coup de vent...

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    Vous comprendrez que la réponse des politiques depuis les débuts de la crise est totalement inadaptée, puisqu'elle ne vise qu'à essayer de remettre le bâteau à flot, c'est à dire perfuser la finance, sans s'intéresser à la cause fondamentale du problème : l'insolvabilité. En fait, c'est une partie de la créance privée qui a été prise en compte, celle des banques et des gros spéculateurs. Les gros risqueurs n'ont pas eu à supporter le prix du risque et ont tranquillement fait passer leur dette aux Etats bien serviables (bien serviles), puis ils ont pu non moins sereinement reprendre les affaires en jouant sur la dette publique qu'ils avaient contribué à faire exploser. Au final, on demande aux contribuables de régler la note en agitant le spectre satanique de l'endettement, qui ne se combat qu'à coup de "règle d'or", autrement dit en faisant payer les contribuables (directement par les impôts, indirectement par la casse des services publics dont l'activité est jetée en pâture aux gros intérêts privés)

    Il y a un léger souci, au delà du scandale moral qui voit les dominants s'essuyer une nouvelle fois les pieds sur les classes populaires et moyennes pour solde de leurs comptes, c'est que le coeur du modèle n'est pas réhabilité. Qui va consommer, qui va faire vivre le tissu économique ? L'austérité est déjà payée de résultats probants puisque la Grèce voit son PIB faire le saut de l'ange (- 6.9 %), que les autres pays soumis au même traitement suivent et qu'on voit mal, dans ces conditions, comment les Etats vont trouver les recettes pour faire diminuer la dette, sauf à saper encore une fois les budgets publics, ce qui ne manquera pas de faire encore chuter l'activité, donc les recettes etc...

    Or, vous n'aurez pas manqué le feuilleton de la zone euro, soumise à la question par les marchés, qui réclament tout et son contraire, c'est à dire la réduction de la dette par l'austérité, pour que les obligations redeviennent ce produit financier garanti contre tous les risques de l'univers, mais qui ordonnent de ne pas casser la croissance sous peine de panique boursière (les marchés sont si sensibles, heureusement que les gentilles mamans Etats s'en occupent si délicatement). Le souci donc c'est que l'austérité casse la croissance. S'il fallait un indice de l'état de coma dépassé du système, en voilà un qui est probant.

    Il n'y a désormais que peu d'alternatives. Il faut un assainissement des créances et il est clair que celui en cours est mortifère pour l'économie. Il ne faut pas tergiverser, cela signifie une perte séche pour certains, idée qui fait bien évidemment frémir tous les spéculateurs et qui les fait dégoupiller une grenade à toute évocation de restructuration et à plus forte raison de défaut. Il reste en outre, l'argument hypocrite concernant l'implication de presque l'ensemble de la population dans le système financier via l'épargne, quelle soit en obligations ou en actions (assurances-vie, PEA etc ). La menace est donc de faire tomber le monde entier avec les riches, au cas où un éclair de probité et de logique atteindrait le cerveau de nos braves dirigeants, les conduisant à accepter l'inéluctable issue du non paiement des dettes.

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    D'un côté le secteur financier, la grande majorité des politiques et pour le moment sans doute des "petits épargnants" soutiennent l'austérité en prévention du grand chaos financier au cas où on toucherait un cheveu de la finance, de l'autre se profile le grand chaos financier , produit de l'essouflement du système qu'on essaie de soigner en le privant d'oxygène. L'issue est assez certaine, la moindre des responsabilité est d'y faire face, de l'anticiper avant d'atteindre les rapides...

    Il faut donc se résoudre à l'abandon de certaines créances, les moins légitimes. Pour cela, il faut rendre le marché incapable de nuire et donc le court-circuiter : recouvrer le pouvoir d'émission de monnaie pour les Etats et contrôler les flux de capitaux pour finir par une restructuration complète du secteur ( voir les solutions proposées par Lordon, le Slam ou Jorion, l'interdiction des paris sur la fluctuation des prix. Les liens vers les blogs correspondant se trouvent dans mes favoris) en association avec une refonte du système monétaire mondial, avec pour objectif une meilleure répartition des richesses, une diminution des inégalités et donc une société moins violente, plus coopératrice, moins compétitrice. La réponse pourrait être proche du bancor de Keynes par exemple, pour équilibrer les balances commerciales en pénalisant les pays qui exportent trop ou importent trop. Cela aurait pour effet de lisser les tentations salariales déflationnistes comme en Allemagne et bien entendu dans les pays émergents, ou permettre de garder, tout en y incitant, un tissu industriel local pour les régions à tendance sur-consumériste et endettée, qui de ce fait, le seraient moins, la Grèce par exemple.

    Il est essentiel de souligner que 95 % de la population à tout à perdre à vouloir sauver ses petites économies et plus largement, sa peau, de façon individuelle. A la crainte légitime de perdre ses bas de laines (parfois acquis en toute complicité, même inconsciente, avec le système. Hé oui, 5 ou 6% d'intérêts, ça ne se trouve qu'en dépouillant quelqu'un d'autre, quelque part, ailleurs, mais parfois soi-même, voir mes précédents billets sur la crise pour des exemples), on peut répondre que l'Etat, en battant à nouveau monnaie librement, pourra organiser des garanties sélectives, tout en permettant une inflation qui érodera mécaniquement les créances, rapprochant à ce titre les débiteurs de la solvabilité nécessaire à une saine reprise de l'économie.

    La tentation du repli sur soi, en se surestimant (winner attitude), en méprisant les autres, voire en voulant leur nuire, sous quelques prétexte que ce soit, c'est la garantie de laisser les dominants (5% de la population) appliquer les recettes qui préservent leurs intérêts et c'est par le jeu politique, le risque évident de tomber dans le populisme, au sens péjoratif du terme, en réclamant des boucs émissaires (les immigrés, les étrangers, les fonctionnaires, les chômeurs etc), en favorisant les logiques de confrontations, dont les pauvres et les moins aisés en général, sont les premiers tributaires. Comment ne pas penser aux sociétés autoritaires et liberticides dépeintes dans les oeuvres d'Orwell, de Bradbury ou d'Huxley ? Même s'il paraît que l'Histoire ne repasse pas les plats, le souvenir des années suivant la Grande Crise de 29, où on vit les mêmes erreurs qui sont actuellement commises aujourd'hui , avec l'aboutissement cauchemardesque qui suivit, suffit à vouloir écarter, en toute logique, ces scenarii de l'exclusion, de la stigmatisation des plus fragiles entre eux.

    La solution ne peut être portée que par un projet solidaire, j'entends par là, un projet de solidarité institutionnalisée, comme le Conseil National de la Résistance avait su le mener au sortir d'une épreuve parmi les plus dures qu'ait traversée notre pays. Aujourd'hui, c'est une mission que l'Union européenne devrait se faire l'honneur d'assurer, en remisant aux poubelles, ses fondations économiquement libérales qui n'ont su que metttre les pays et leurs populations en compétition et contribuer grandement au déclenchement de la crise que nous vivons. Elle pourrait ensuite, forte de sa puissance économique et de la tradition universaliste de son histoire, faire pression sur les autres blocs pour élaborer un nouveau système d'échange, plus harmonieux. Nous pouvons tous, en tant que citoyens, faire pression, pour que nos dirigeants s'y conforment et corrigent la trajectoire, avant l'impact destructeur qui nous est promis si rien n'est tenté pour s'éloigner d'une orthodoxie néolibérale totalement et implacablement discréditée dans les faits. Ce serait, pour la réhabilitation de l'humanité, la dernière chance...

  • La fin de l'histoire...

    Qui se rappelle de Francis Fukuyama, qui, se servant sans vergogne dans le vivier d'illustres philosophes, en avait quelque peu détourné les préceptes pour théoriser la victoire sans discussion du modèle américain, c'est à dire de la "démocratie de marché". C'était au sortir définitif de la guerre froide. Le Mur de Berlin n'était plus debout, le géant soviétique, gisait terrassé par la course qu'il avait accepté de livrer avec l'autre super-puissance. Il n'y avait plus d'obstacle au capitalisme, qui allait désormais s'imposer dans la joie et la félicité, pour l'éternité. Nous étions à la fin de l'Histoire...

    Les tenants du marché totalement libre s'en sont alors donnés à coeur joie en généralisant jusqu'aux moindres parcelles de la vie quotidienne, les dogmes de ce capitalisme financiarisé, que nous appelleront du vocable généraliste de néolibéral, mais qui regroupe diverses théories économiques comme celles issues de l'école néo-classique, celle de Chicago avec les monétaristes friedmanniens, les ultra-libéraux disciples d'Hayek et les ordo-libéraux plutôt germaniques.

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    Une belle tête de vainqueur, ce Francis !

     

    La ruée vers les profits n'a plus connu de limites et a réorganisé en profondeur la société, son rapport à l'argent, au travail, aux individus, phénomène déjà enclenché depuis le milieu des années 70 et brutalement accéléré avec la disparition de l'idéologie adverse, qui a entrainé la chute de toute la gauche avec elle, soit par complicité d'icelle, les socio-démocrates se rangeant dans cette catégorie, soit par ricochet intellectuel, la gauche dite radicale (en réalité aujourd'hui la gauche redistributrice, socialiste en somme), en ayant fait les frais.

    Il s'est opéré durant cette période un transfert des revenus, du travail, vers le capital, à la suite des diverses libéralisations, de la libre circulation des capitaux notamment, transfert générés par la hausse des rendements actionnariaux, eux-mêmes corollaires de la recherche de la compétivité, fruit certes de l'innovation, mais surtout de la compression des coûts. La productivité en forte hausse y a participé, mais c'est bien par la compression salariale, sous la pression de nouvelles méthodes de management (j'aurais tendance à dire pour ma part en appliquant LE management, puisque ce terme est avant tout un vecteur idéologique) et de l'externalisation des productions dans les pays à très faible salaires (Chine etc...) que les actionnaires ont obtenu ce qu'ils voulaient. Puisque, dans le même temps, il fallait bien acheter les produits, le crédit s'est substitué à la hausse des rémunérations des employés.

    En parallèle, à la fois pour parer à l'abandon en 1971 de l'étalon or par Nixon, de l'instauration d'un système de changes flottant pour les monnaies, et pour éviter les phénomènes inflationnistes peu appréciés des rentiers, les Etats se sont délestés de la possibilité de créer de la monnaie et donc de se financer directement. Ils ont donné leur indépendance aux banques centrales et ont fait appel au privé pour négocier leur dette. La France s'y est conformée en 1973 et curieusement, le gonflement de la dette publique a automatiquement commencé. Il faut dire que c'est un juteux marché, incroyablement sûr pour les investisseursn du moins l'était jusqu'à ce qu'on dépasse les limites du raisonnable et qu'on en arrive à tuer la poules aux oeufs d'or.

    De concert, dans une bonne humeur partagée, les dettes privées et publiques se sont engraissées, jusqu'au moment où le système allant au bout de sa logique de captation des richesses par une minorité, n'a plus tenu qu'à un fil, tant l'insolvabilité virtuelle d'une grande majorité d'acteurs économiques était énorme. Elle fut de plus étendue et complexifiée par une batterie d'instruments financiers censer disperser le risque, si apprécié par les capitalistes, qui cherchent pourtant par tous les moyens à l'éviter. Il s'agit des fameux produits dérivés, aux acronymes aussi mystérieux que leur traçage est difficile : CDO, CDS etc...

    Tout cela marche tant que la croyance en l'éternité de la hausse des profits n'est pas enrayée par un petit détail fâcheux, un mécréant qui va poser une mauvaise question ou soulever un coin de tapis avec de la poussière dessous. Les fameuses agences de notation, si décriées aujourd'hui parce qu'elles ne vont plus dans le bon sens, ont joué le rôle de prophètes de bonheur, attribuant le non moins célèbre triple A, la meilleur note possible garantissant une solidité financière au dessus de tout soupçon, à tout ce qu'on voulait bien leur présenter. Il faut dire que souvent, les clients, banques, hedge funds..., étaient souvent aussi les notés ainsi que leurs produits. Et il y avait tellement de fric à se faire...

    Il y avait bien eu des alertes pourtant, depuis la libéralisation du secteur financier. Les crises financières se succédaient de plus en plus fréquemment, alors qu'il n'y en avait quasiment pas eu durant les trente glorieuses, quand les capitaux étaient contrôlés. Une affreuse période bolchevisante heureusement révolue, qui avait laissé le champ libre au capitalisme financiarisé et ses petites embardées si naturelles et si créatrices in fine selon ses défenseurs (crach de 1987, crise de 1993, bulle internet en 2001...)

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    Puis vint la chute de la banque Lehman Brothers et la prise de conscience brutale que tout le crédit et la titrisation de ce crédit qui avait été produite ne serait pas remboursés, que les ménages américains sur-endettés et sous salariés, ne pourraient faire face à leurs engagements. Boum, l'immobiler, boum les banques, boum, l'économie dans son ensemble.

    Il y avait à ce moment là deux options.

    La première était de tirer rapidement les leçons de la folie spéculative des trente dernières années et de ses causes, de prendre les établissement financiers en tutelle des pouvoirs publics et d'organiser une restructuration de la dette, en privilégiant les citoyens, afin de les rendre solvables, ce qui en conséquence aurait permis aux créanciers et donc aux banques, de retrouver une certaines assise, malgré des pertes incontournables, notamment pour ceux qui avaient risqué en dépit du bon sens et du bien commun.

    La deuxième était de sauver sans condition les banques par l'argent public et opérer un immense transfert de la dette, du privé, au public. Cette solution privilégie clairement les rentiers aux travailleurs. Certes, ils sont parfois les mêmes et c'est le piège ultime de ce système que de s'être assuré par ses composantes les plus fragiles. Mais une garantie par niveau d'épargne aurait été possible ce qui aurait permis de punir les gros spéculateurs...

    Vous savez quelle solution a été choisie et quelles en ont été les conséquences. Les dettes publiques ont explosées et la finance, remise sur pieds et en pleine santé, exigeant de ses sauveurs d'apurer un gouffre qu'elle avait creusé, afin de mieux aspirer ce qui reste d'actifs (l'argent public qui ne termine pas dans ses poches, d'où la demande urgente de privatisations et de réduction du périmètre de l'Etat. Il y a encore quelques marchés à conquérir pour les criquets de la finance)

    Nous en sommes là aujourd'hui, au moment où ce qu'il faut bien appeler une oligarchie, tente, avec la complicité plus ou moins consciente des représentants élus, de substituer son pouvoir à celui des citoyens. La récente discussion autour de ce qui est déjà appelé de façon panurgique par les media, la "règle d'or", à savoir fixer dans la constitution l'obligation faite aux états de présenter des budgets en équilibre, est une façon de canaliser l'offre politique, et les solutions économiques qu'elle peut mettre en oeuvre suivant l'idéologie qu'elle porte. Il ne doit plus y avoir d'alternative à ce que le profit soit détourné par une minorité...

    Ce faisant, ceux qui soutiennent ce programme jouent terriblement avec le feu. L'économie occidentale est saignée par les plans d'austérité qui font payer les contribuables plusieurs fois : une fois pour assurer donc, le transfert de la dette privée vers les états, une deuxième par la réduction du champ des services publics, ce qui constitue autant de salaire indirect en moins en même temps que cela accroit de facto les inégalités, une troisième par la déprime de l'économie, les pertes de salaires voire d'emplois que provoquent les politiques actuelles. On se demande comment va bien pouvoir tourner l'économie. Les limites de l'économie de l'offre, le modèle allemand par exemple, axé sur l'industrie et la déflation compétitive (donc par l'appauvrissement d'une bonne partie de sa population, 20% de travailleurs pauvres tout de même), c'est qu'il faut tout de même trouver des acheteurs (rôle tenus par les affreuses cigales jusqu'à maintenant).

    Les conséquences sociales et donc politiques de ce choix peuvent s'avérer pour le moins explosives. Il n'y a qu'à constater la montée de l'extrême-droite partout ou presque en Occident pour s'en rendre-compte. Les replis nationalistes sont dores et déjà à l'ordre du jour et certains réflexes qu'on croyait disparus refont surface. L'Allemagne est tentée par l'égoïsme et un chemin solitaire qui réveillent de vieilles inquiétudes, d'autant que la France, son partenaire d'équilibre indispensable en Europe, est loin d'être à la hauteur des enjeux, faute de dirigeants un tant soit peu lucides et compétents (en réalité la plus belles bandes d'incapables et de charlots qu'elle ait compté à sa direction depuis les débuts de la cinquième république).

    L'Union européenne est, elle, sous la coupe d'idéologues fanatiques dont le gouverneur de la banque centrale euroépenne, Jean-Claude Trichet, est un exemple quasi caricatural, crispé sur le dogme monétariste qui a conduit la monnaie unique à la fragilité qui est la sienne aujourd'hui. Alors qu'elle constitue le premier marché mondial donc un espace décisionnel incontournable, elle est incapable de prendre les bonnes décisions pour sa survie, à savoir revenir sur les traités et autoriser le financement direct des Etats ainsi que le contrôle des capitaux, ce qui mettrait un terme à la crise de la dette publique en Europe, en court-circuitant les marchés, et forcerait probablement le monde à discuter d'une autre organisation monétaire. Au lieu de cela, la tentation est grande, face aux forces centrigufes issues pourtant du modèle gravé dans les traités, de passer en force et de cristalliser définitivement le néolibéralisme dans une construction qui n'aurait plus grand chose de démocratique, le tout pour prolonger quelque temps seulement la vie artificielle d'un système économique à bout de souffle.

    Force est de constater que les analyses prospectives des nonistes de gauche depuis 2005 se sont révélées exactes et que l'autisme continue à régner en haut-lieu, porteur des conséquences potentiellement des plus funestes.

    Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins, ce qui relègue ce brave Fukuyuma dans les oubliettes de l'Histoire qu'il voulait terminer. Certes, une page va se tourner afin d'écrire une suite qu'il faut être bien optimiste pour espérer belle à court terme. Pour le monde que nous avons connu depuis trente ans, c'est la fin de l'histoire...

     

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    Bonne vacances quand même ! (tant qu'on en a faut en profiter...)

  • OUPS, voilà UPS

    Ah, qu'il est de bon ton de passer ses nerfs sur ce qui reste de nos services publics, quand ceux-ci semblent ne pas apporter satisfaction, ce qui est malheureusement de plus en plus le cas actuellement, mais pour des raisons toutes autres et bien moins caricaturales que celles exposées ad libitum.

    De l'autre côté de la barrière, si souvent associée à celle qui sépare l'efficacité de l'incompétence, qu'en est-il de la qualité des services proposés par les entreprises privées ?

    Il se trouve que j'ai très récemment pu constater le niveau de l'une d'entre-elles, qui fait concurrence à notre vieille Poste, bien malmenée, de l'intérieur comme de l'extérieur.

    J'ai passé une commande sur internet portant sur des objets assez pesants, dont la livraison était assurée par la société américaine UPS. Je n'ai pas eu le choix du livreur et je tenais à effectuer mes achats par ce magasin en ligne, basé en Allemagne. Ayant déjà eu quelques soucis avec les transporteurs "alternatifs" (DHL par exemple), j'avais quelques craintes à en passer de nouveau par l'un d'entre eux, mais j'ai tout de même tenté.

    J'avais bien raison de me méfier car le jour de la livraison, le scenario redouté a bien failli se réaliser et c'est bien plus à moi qu'aux employés d'UPS que je dois d'avoir pu être livré dans les temps. Je m'étais levé tôt ce jour là et était bien entendu présent à mon domicile, consultant régulièrement le suivi du colis pour me préparer à la venue des livreurs et au besoin à intervenir le plus tôt possible en cas de problème.

    Passé midi et commençant à m'interroger sur la venue du transporteur, je jette une nouvelle fois un coup d'oeil sur le site internet d'UPS et malheureusement, je m'aperçois qu'il y a une nouvelle ligne au compte-rendu du suivi. Le constat d'une anomalie de livraison y est précisé. La raison invoqué est une adresse imprécise. Un nouveau passage est programmé le lundi suivant (nous étions vendredi) après renseignement plus précis de l'adresse. Outre la déception de savoir que l'objet convoité s'était arrêté à quelques mètres de mon appartement, se pose le problème de la livraison future. En effet, je ne pourrai pas me libérer pour être chez moi le lundi suivant, ni les jours suivants et ni l'option d'une livraison à l'adresse professionnelle, ni un retrait au dépôt le plus proche de ma résidence n'est possible, faute de voiture et en raison du poids et de l'encombrement assez élevés du colis. En résumé, si je ne le reçois pas le jour même, je vais devoir annuler la commande, alors que j'avais tout mis en oeuvre pour la recevoir chez moi.

    J'appelle immédiatement UPS et je leur expose ma contrariété en insistant que l'adresse que j'ai mentionnée au magasin est bien la bonne et que si le code de l'interphone n'est pas précisé, il est bien visible juste à côté de la porte de mon immeuble. Il suffit de regarder. J'ajoute que même les facteurs de la Poste y arrivent. En outre, je fais remarquer que j'ai donné mon numéro de portable à la boutique en ligne auprès de laquelle j'ai passé commande et que la vie est simple comme un coup de fil.

    On me répond d'abord qu'il est bien clair que le numéro de l'appartement n'était pas spécifié et que les agents n'ont pas de téléphones professionnels (très curieux puisque j'ai pu ensuite constater de visu l'inverse). Face à ma grogne, inhabituelle mais d'autant moins retenue que j'ai affaire à une boîte privée et que je n'ai jamais de tolérance pour des entreprises qui prétendent mieux faire en tout que ce que peut proposer le service public, l'opérateur du centre d'appel, très probablement délocalisé comme d'habitude, m'assure qu'il va faire passer un message d'urgence pour voir s'il est possible de faire repasser le camion de livraison. Il m'avertit toutefois que ce n'est habituellement pas prévu. Je lui réponds que c'est ça où je ne pourrai pas réceptionner ma commande.

    Une heure plus tard, UPS m'appelle pour me signaler que les livreurs peuvent repasser (comme quoi quand on veut...) Cette fois-ci, leur ayant bien indiqué le code de l'interphone qu'ils auraient pu voir juste à côté d'icelui, la sonnerie retentit et je vois débarquer deux hommes en combinaison kaki, avec l'inscription "sous traitant d'UPS". On se demande quel est le coeur d'activité de cette entreprise si elle se met à déléguer le transport...

    Nouveau problème, il n'y a qu'un colis sur les deux prévus. Je fais bien d'insister une nouvelle fois, malgré les premières affirmations des livreurs, puisque après vérification, il y a bien un autre carton pour moi dans le camion. Pfuiiii, voilà une livraison assez dure pour les nerfs...

    Quel enseignement tirer de cette péripétie, d'un niveau de gravité bien relatif, mais qui, sans pour autant généraliser excessivement, illustre bien la vision dominante en matière de gestion commerciale ?

    Elle est assez simple : la réduction des coûts pour favoriser le profit passe bien avant la qualité du service.

    L'externalisation a déjà montré plus que ses limites, notamment par la perte de savoir faire induit, mais surtout sur la maîtrise du suivi qualité. L'objectif du gain financier est lui assez souvent illusoire voire totalement erroné, surtout dans le public où la gestion des marchés est désastreuse. Les livreurs à qui j'ai eu à faire, sans les accabler, n'étaient clairement pas au niveau : mauvaise formation, incompétence, désintérêt pour leur tâche, je n'en sais rien, mais la qualité de leur prestation a été clairement insuffisante.

    Bien entendu, ils ne sont pas les seuls responsables. La rationnalisation par l'absurde qui sévit aussi malheureusement à la Poste désormais, pousse à gagner du temps au maximum, quite à léser le client. Pas une minute à perdre pour chercher un complément d'adresse pourtant bien visible par exemple. Sans doute est-ce du aussi à une culture de la qualité totalement absente au profit du quantitatif.

    En tout cas, on est bien loin du différentiel positif dont se prévaut le privé et nos braves politiques qui privatisent à tour de bras. Malgré la valse des intérimaires au sein de la Poste et la dégradation réelle suite  à l'application du management calqué sur le privé et à celle de la RGPP (révision générale des politiques publiques), jamais un facteur n'a pris pour excuse que mon adresse était imprécise pour ne pas me livrer. De plus, en cas d'absence, un bureau se trouve toujours à proximité. Enfin, c'est encore le cas mais ces agences sont de plus en plus remplacées par des points d'accueil (Dédé le boucher par exemple où il est toujours très plaisant d'aller pour ne prendre qu'un colis sous les yeux scrutateurs de la clientèle habituelle)

    Enfin bref, fuck la privatisation, y'en a vraiment raz le bol !

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  • Le monde marche sur la crête

    Tenter une synthèse et une analyse de l'actualité en ce moment n'est pas chose aisée.

    Il n'aura échappé à personne que certains évènements se sont déroulés en afrique du Nord et au proche-Orient. Révolte, révolution, guerre civile ou simple mouvement de contestation, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions.

    Moins visibles sont les éléments qui indiquent la poursuite de la crise économique. Ils sont pourtant bel et bien présents. Certains ont participé au déclenchement des émeutes en Tunisie ou en Egypte, la spéculation sur les produits agricoles notamment, qui renchérit le coût des produits de première nécessité. D'autres, qui tiennent à la gestion erronée de la crise, mécontentent les populations tout autour du monde, y compris aux Etats-Unis, touchés par une contestation d'ordinaire bien sporadique dans ce pays. Ainsi la ville de Madison au Wisconsin a été le théâtre d'affrontements en réponse au souhait du gouverneur républicain de l'état de restreindre drastiquement les marges de manoeuvre des syndicats, entre autres mesures anti-sociales.

    http://www.nytimes.com/2011/03/06/us/politics/06union.html?ref=us

    Les media français et probablement européens ont peu ou prou passés sous silence cette lutte qui dure depuis trois semaines, ce qui m'oblige à citer un lien anglophone pour donner quelques informations sous couvert de neutralité (bien entendu de nombreux sites de gauche relayent l'actualité de cette contestation, celui-ci par exemple : http://www.unmondeagauche.fr/?p=3158)

     

     

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    Madison, petite ville pas si tranquille des Etats-Unis

     

     

    En Irlande, le gouvernement a payé cash son plan de sauvetage des banques et la politique de rigueur qui s'en est suivie, en Grèce, les grèves générales se succèdent et la possibilité d'une restructuration de la dette, qui mettrait en difficulté les banques, françaises et allemandes notamment, est de plus en plus difficilement écartée, alors même que les orthodoxes affirmaient il y a encore quelque temps qu'il n'en était pas question et que ce ne serait pas nécessaire, que l'austérité suffirait à apurer les budgets. La surdité aux arguments lucides a comme limite la survenue des faits.

    En Islande, dont on ne parle pas davantage que de Madison, les citoyens ont refusé de payer pour la gestion irresponsable de leurs banques et des établissements étrangers. Ils ont démis le gouvernement sortant et planchent actuellement sur une nouvelle constitution, malgré un recours en annulation porté par les quelques conservateurs de service qui demeurent là-bas comme ailleurs.

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    Pour la révolution, suivez la flèche !

     

    Dans un autre genre, il y a donc aussi les confrontations en Tunisie, Egypte, Lybie, Yemen et sans doute ailleurs bientôt...Le point commun, c'est la lutte contre une oligarchie qui s'arroge tous les pouvoir et la richesse induite (et inversement). En première analyse, on peut penser que les puissances occidentales et les américains en particulier ont été pris de cours et cherchent depuis à accompagner les mouvements, parfois très maladroitement et pathétiquement, comme malheureusement notre pauvre pays, qui boit décidément le calice jusqu'à la lie depuis l'arrivée du président actuel.

    On ne voit en effet pas pourquoi, les services secrets des pays développés, à la solde des financiers auraient oeuvré pour déstabiliser une région qui était pour l'heure assez docile, avec de bons régimes autoritaires assez sains pour les affaires, amicaux envers l'économie de marché et pas partageux pour un sou. Il faut donc impérativement préserver les intérêts des multinationales d'un possible revirement de tendance dans ces pays. C'est ainsi qu'au silence gêné et aux condamnations molles des Obama and Co, on peut penser qu'on succédé les manoeuvres de l'ombre pour éviter que les peuples ne prennent réellement leurs affaires en mains. Cela dit, est-il à craindre pour le néolib vaguement inquiet, que ces révoltes aboutissent en révolution et travaillent à changer le système ? Rien n'est moins sûr, tant le consumérisme a un pouvoir d'inertie assez impressionnant. Il faut encore attendre pour voir...

     

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    Les égyptiens ne sont pas restés les bras croisés mais vont-ils garder la main ?

     

     

    Néanmoins, ces évènements n'auraient pas eu lieu sans la crise et si les tenants néoconservateurs de la Fin de l'Histoire ne vont sûrement pas se priver de remarquer qu'une fois encore, le marché et la liberté vont main dans la main, au cas où on verrait tunisiens et égyptiens manifester pour le droit de faire la révolution sur facebook en direct de leur Ipad, ils taieront avec une pudeur d'hypocrite, les motifs qui ont abouti à la situation actuelle. On ne citera que le libre cours laissé à la spéculation pour illustrer ces facteurs. Echaudés par les dettes publiques qu'ils ont eux même creusées, les financiers délaissent en effet les obligations d'Etat pour les produits naturels, toujours abreuvés qu'ils sont de liquidités par les banques centrales, océan d'argent qui ne quitte jamais la virtualité des cotations informatisées, sans jamais irriguer l'économie réelle. Le résorption du chômage peut attendre et attendra...

    En revanche, les politiques d'austérité, les coupes dans les budgets sociaux, les lois liberticides, elles ne souffrent aucune patience. Le Royaume-Uni de Cameron se lance ainsi dans une folle et absurde épopée libérale et individualiste dont lui seul à le secret depuis Thatcher, ce qui ne va pas là bas non plus sans réveiller enfin et quelque peu les consciences solidaristes et simplement, l'intelligence collective. Chez nous, les opérateurs internet sont discrètement sommés de garder toutes les informations personnelles de tout contributeur sur internet (dont votre serviteur donc), pendant un an. Il en va de la sécurité et de l'ordre...

    Nous vivons le dernier épisode de la guerre idéologique menée depuis trente ans pour abattre les protections sociales élaborées après la seconde guerre mondiale. La crise, qui a sapé entièrement le bel édifice théorique des néolibéraux, leur donne pourtant l'occasion de parachever leur oeuvre, dans une fuite en avant que leur autisme et la poursuite d'intérêts juteux ne permettent pas d'inverser. Il s'agit de la stratégie du choc, précisément décrite par Naomi Klein, de la fabrique du consentement, explicitée par Noam Chomsky...

    Face a cette offensive, les citoyens sont pour le moment encore pour une grande majorité, dans une position démissionnaire (tiens, il y a comme un jeu de mots...), résignés, drogués de consommation à crédit (tant qu'ils y ont droit), tournés vers une responsabilité imputée aux boucs-émissaires habituels (immigrés, assistés, fonctionnaires etc...). Il y a bien un sentiment diffus mais de plus en plus partagé de fin d'époque. Il y a aussi tous ces mouvements que j'ai évoqué plus haut, avec un impact encore flou et à venir des mouvements arabes, mais aussi des réactions contre les politiques de rigueur et la prise de conscience qu'une minorité confisque les richesses et se façonne un régime sur-mesure pour pérénniser sa position.

    Les fondamentaux du capitalisme financiarisé l'ont asphyxié. Il ne respire plus qu'artificiellement...L'appauvrissement de la classe moyenne et la relégation d'une part de plus en plus grande des populations dans les marges de la société, seul moyen de la part de l'oligarchie pour préserver le sytème qui lui rapporte tant, ne pourra tenir qu'on sacrifiant la démocratie. Il n'est pas étonnant que nos dirigeants européens cherchent actuellement à promouvoir une inscription dans les constitutions de règles budgétaires interdisant les déficits et par conséquent toute alternative à l'austérité dans un contexte de crise, empêchant donc la pluralité de l'offre politique. C'est une façon d'entériner la fin de l'Etat protecteur et celle de la souveraineté populaire...

    Face à l'absence de choix et à la constatation que les partis dits de gouvernement, une fois au pouvoir appliquent les mêmes principes de gestion, économiques notamment, il n'est pas étonnant de voir monter les extrêmes, qui plus est dans un contexte de crise et sur un substrat individualiste, qui favorise les thèses fascisantes, au détriment des idées de gauche, durablement discréditées par la social-démocratie et la gauche dévoyée dans son ensemble.

    Il est bien entendu difficile de prévoir quelle sera la tournure du futur. La crise ne s'est vue proposer aucune résolution sérieuse et s'approfondit malgré les envolées optimistes de nos représentants politiques. Des chocs nouveaux sont annoncés, corollaires de l'éclatement de nouvelles bulles spéculatives, de l'aggravation des situations économiques des Etats provoquée par l'austérité censée, comme une bonne saigné au 17ème siècle, les purger et les rétablir dans leur santé. Les dettes tant publiques que privées deviennent insoutenables, les banques affichent des bénéfices insolents grâce aux largesses des contribuables, aux efforts des salariés et à la pusillanimité des élus (ou pas s'agissant des directeurs de banques centrales par exemple), tout en cachant soigneusement hors comptabilité les brouettes géantes d'actifs pourris qui ont font des sortes de vampires, incroyablement forts et vivants, mais morts tout de même et dont la chute est inéluctable tant leur goût du sang s'avère incurable.

     

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    C'est pas beau, hein, un financier ?

     

     

    Par ailleurs, la situation géostatégique est porteuse d'instabilité que nourrit la crise et dont la crise se nourrit. Que se passera t'il si l'Arabie saoudite est touchée par la fameuse révolution du jasmin ? Il n'a suffit que de la paralysie d'un producteur mineur de pétrole, la Lybie (10% des importations européennes) pour faire flamber le cours du baril et menacer la reprise déjà atone de l'économie. Quid en outre de l'affaiblissement de la puisance Etats-Unienne dont certains pensent que le basculement du régime égyptien est l'analogie de ce que la Pologne avait été pour l'URSS. La montée du Tea party, rassemblement libertarien d'extême-droite, est une menace considérable dans un pays qui demeure la première puissance militaire du globe et dont on connaît les élans martiaux quand la situation intérieure est chaotique et elle l'est de façon considérable en ce moment (nombreux sont les états fédérés qui sont en situation de faillite). Par opposition, la Chine apparaît comme le nouvel acteur dominant dans le monde, sans pour autant être exempt de failles économiques. Il représente par ailleurs un certain idéal capitaliste : la dictature de marché...

    Les incertitudes sont nombreuses quant à l'évolution des choses. Il semble quasi certain cependant que nous allons vivre des moments chaotiques et historiques, avec une faible probabilité d'issue heureuse à court terme, issue positive à laquelle il faut pourtant croire et contribuer, ne serait-ce que par dignité d'être humain. Pour le moment et dans l'attente d'un basculement, le monde marche sur la crête...

     

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    Il faudra le temps qu'il faudra, mais nous y arriverons !

     

  • Parti de gauches

    La bienpensance mediatico-politique s'agite en ce moment, quand elle n'est pas surprise par telle révolution tunisienne et la fuite d'un certain quasi-dictateur pourtant considéré la minute précédente comme un grand démocrate, autour de la montée des populismes.

    Le populisme c'est l'ennemi de la politique raisonnable et consensuelle, celle qui, menée depuis trente ans et dont l'exemple le plus abouti s'observe dans les institutions européennes, a conduit le monde dans l'impasse qu'il connaît aujourd'hui. Donc forcément, le populisme c'est pour les démocrates autoproclamés, n'importe quelle tentative pour remettre en cause le néolibéralisme et l'économicisme apolitique (en apparence seulement). Secondairement, prendre l'acception à son origine, c'est à dire comme un courant politique tourné vers les préoccupations du peuple, n'est jamais évoquée aujurd'hui que comme amalgamée avec la démagogie. Le suffrage censitaire, c'était tout de même mieux n'est ce pas ?

    Comme aux plus belles heures de la campagne pour le referendum sur le TCE en 2005, voilà que media et partis politiques dits de gouvernement ne tarissent pas d'excommunications en direction des apprentis dictateurs qui font entendre une voix forte et dissidente.

    Au coeur des critiques, le FN bien entendu mais aussi et surtout, le Parti de Gauche et plus spécialement son co-président, Jean-Luc Mélenchon, cible privilégiée des gardiens de la morale politique. La défense contre la montée supposée de ces deux partis dans l'électorat est bien connue : l'amalgame rouge-brun dont on a pu constater la redoutable efficacité lors du referendum sus-cité, perdu à plate couture. Mais qu'importe, outre la mauvaise foi éhontée qui consiste à confondre deux mouvances politiques qui n'ont absolument rien à voir dans le fond, on continue dans les milieux, souvent très favorables à l'Union telle qu'elle est aujourd'hui, à utiliser des méthodes d'une bêtise crasse et surtout d'une inefficacité totale. 

    Au delà du caractère profondément insultant pour quelqu'un qui porte des convictions de gauche, républicaines, laïques et jacobines en tungstène, à se voir accolé à une formation politique qui en est l'antithèse, une réflexion sur le pourquoi de tels subterfuges s'impose.

    Il y a d'une part toujours cette même incompréhension de la colère populaire vis à vis de la gestion de la crise et de plus en plus consciemment, des dogmes qui, appliqués depuis trente ans, ont accouché de cette cassure mortelle du système. Mais foin d'analyse objective, il faut non pas comprendre le ressentiment, mais parer les dangers pour les dirigeants en place qu'il représente.

    Il est vrai qu'en temps de crise, les solutions simplistes et autoritaires peuvent rapidement séduire et dégénérer gravement. L'Histoire nous l'a montré, particulièrement en Europe. Mais suffit-il de seulement stigmatiser les offres électorales qui n'ont pas obtenu le label "démocratie de marché", dire que c'est un vivier de méchants pas beaux, pour les neutraliser ? Dénoncer l'inconscient totalitaire de la gauche dite radicale, qui se manifesterait par un soutien aux dernières républiques populaires, sert-t'il de sinécure contre toute atteinte à la pensée unique ?

     

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    Cuba : résidence secondaire de Satan selon les bons démocrates

     

    En effet, on assiste en ce moment à une tentative de décrédiblisation et de salissement de Jean-Luc Mélenchon, qui un peu provocateur, un peu excédé par le deux poids deux mesures qui règne en matière de condamnation de régimes autoritaires (voir la Tunisie, qui parce qu'elle avait accepté pleinement l'économie de marché, était bien entendu beaucoup moins dénoncée que Cuba par nos braves prêtres de l'orthodoxie économique et accessoirement, de la liberté), boycotte les résolutions de l'UE uniquement dirigée vers Cuba ou dernièrement la Biélorussie. De là à en faire un soutien des pouvoirs en place, il y a loin mais pas pour les "raisonnables" On peut voir une bonne traduction de cette expression quasi inquisitoriale ou mac-carthyiste chez le journaliste spécialiste des affaires europénne, Jean Quatremer, sur son blog : les coulisses de Bruxelles.

    Donc, accuser le parti de gauche, d'avoir des visées liberticides et l'adosser au FN, doit suffire à écarter les brebis égarés qui seraient tentées d'y diriger leur vote. Cela revient à dire que la méfiance populaire vis à vis de ce qu'on appelle les élites n'existe que parce que certains prennent un porte voix et dicte aux citoyens la voix du diable. C'est pratique, cela évite de réfléchir et de remettre en cause la politique menée depuis le milieu des années 80. En gros, il suffit d'actionner l'interrupteur : eux méchants, position off, eux plus dangereux, eux plus exister. Inutile de dire que c'est illusoire, que c'est vraiment prendre les électeurs pour des êtres quasiment dépourvus de tout jugement et surtout de réflexions préexistantes, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, intelligentes ou totalement mesquines.

     

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    Tunisie : ancienne destination balnéaire des bons démocrates très surpris d'apprendre que c'était une quasi-dictature

     

     

    D'autre part, la méfiance vis à vis d'une gauche qui retrouverait le chemin du combat politique et du clivage, une gauche qui ne renierait plus son substrat marxiste et ses traditions jacobines, cette méfiance devient prégnante et bien visible. Le Ps bien entendu, toujours en fonctionnement végétatif d'un point de vue idéologique et tout occupé à trouver sa star pour 2012, s'inquiète de la possible progression d'une formation qui n'a pas renoncé à l'action politique et qui souhaite lui redonner des marges de manoeuvres, vis à vis du secteur financier par exemple. Les verts aussi voient monter cette concurrence d'un oeil suspicieux alors qu'une entente avec les composantes les moins libérales, encore majoritaires, de ce parti et le PG pourrait donner des résultats appréciables, voir permettre une accession au deuxième tour de l'élection présidentielle. L'Ump quant à elle souhaite continuer à marginaliser le FN pour au mieux garder les voix qui en proviennent et qu'elle a su capter en reprenant une bonne partie du programme frontiste en 2007, au pire, en favorisant l'amalgame entre extrêmes, espérer assez logiquement que c'est la droite nationaliste et xenonophobe qui en profitera, lui fournissant un socle de reports au deuxième tour.

     

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    Ben Ali : grand démocrate selon le président actuel français et les bons démocrates.

     

     

    L'objectif est au final de préserver le système tel qu'il est, une fuite en avant qui pourtant laisse augurer de grands dangers politiques, faute de réponses lucides et adaptées. Une visite sur le blog de Jean-Luc Mélenchon mais aussi sur ceux que je recommande régulièrement, à savoir ceux de Paul Jorion et de Frédéric Lordon (qui ne se réclament pas du Parti de Gauche mais déroulent des arguments dont certains sont proches des positions mélanchoniennes), devrait suffire à montrer que rien ne peut les identifier, sur le fond, à l'extême droite. D'ailleurs son restylage ne fait pas oublier que ses ressorts sont strictement opposés à ceux de la gauche assumée. En effet, quand les uns vont jeter l'opprobre sur les plus fragiles (immigrés, fonctionnaires, chômeurs et autres "parasites" sociaux), les autres promeuvent un retour à l'intérêt général, à la chose commune, au rôle de l'Etat protecteur, qui garantissent la liberté des plus faibles en limitant les pouvoirs abusifs de la minorité dominante.

     

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    Jean-Luc Mélenchon : nazioïde de gauche, selon Plantu et les bons démocrates

     

     

    On est loin de cette recherche de nuance dans les condamnations empesées de certaines figures médiatiques et politiques, qui si elles se réunissaient, feraient de leur hypocrisie, de leur incompétence et défaillances intellectuelles, de leurs maladresses insignes, un véritable parti de gaucheS.

     

  • Déjà vu...

    Nous voici presque arrivé au terme de cette année, au milieu de l'affairement pour préparer les fêtes de fin d'année, période quelque peu irrationnelle où même votre serviteur cède quelque peu à la folie mercantile de Noël, que beaucoup doivent cependant modérer cette année, en raison des effets de la crise. Bien entendu, seuls eux peuvent s'en apercevoir, la foule continuant à envahir les lieux de commerce enguirlandés. Elle sait se maquiller la crise. Nombreux sont ceux qu'elle lacère, qui pourtant la griment aussi, de peur de se retrouver face à eux-mêmes et à l'echec d'une représentation personnelle fondée sur un matérialisme bien fragile, par crainte aussi de regarder l'avenir en face. L'autruche est une espèce en progression rapide...

    Le lent naufrage du capitalisme financiarisé continue et l'orchestre joue toujours son air impassible qui ne trompe plus grand-monde mais dont une majorité ne souhaite pas l'extinction, faute de perspective alternative connue, faute de vouloir entendre ceux qui depuis déjà longtemps leur en propose pourtant, faute de vouloir une remise en cause qui touchera leur conception (ou plutôt l'absence de conception) bien installée de leur rapport à la société.

    Les données économiques sont pourtant implacables et loin de disparaître, les épées de Damoclès se multiplient au dessus des Etats occidentaux. Même si les pays émergents sont un peu à l'écart de la tourmente, ils s'illusionneraient s'ils pensaient échapper à l'onde de choc de l'effondrement des actuels puissances dominantes. Nos élites ont voulu la mondialisation, y compris celles des ensembles en développement, elles ne seront pas préservées des conséquences mondiales de la crise ultime de leur système économique.

     

     

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    Le récent coup de chaud irlandais tout juste et temporairement calmé a montré à quel point le dogmatisme mortifère de nos représentants politiques et des "experts" en économie était au service du seul intérêt des lobbys financièrs. Le bon peuple paiera...

     

    Vraiment ? C'est l'eternelle question de la prise de conscience et du refus citoyen qui se pose encore et toujours. Ici et là, quelques vagues commencent à fouetter un peu plus violemment les rivages d'un libéralisme dont le cynisme commence tout de même à agacer les plus flacides. Les étudiants britanniques font ainsi savoir avec un peu d'emportement que la hausse jusqu'à 10000 livres des frais d'inscription dans les universités signifie soit un endettement très vite insupportable vu l'état du "marché " de l'emploi (pas facile d'assurer le remboursement des traites, en plus du loyer exorbitant etc, quand on est précaire et à temps partiel), soit tout simplement l'interdiction aux plus pauvres d'avoir accès à l'enseignement supérieur. Tout cela bien entendu, pour faire plaisir à la finance mondialisée, qui, si délicate et sensible à l'endettement qu'elle a elle-même provoquée (voir mes précédents billets sur la question), exige la sainte austérité, que les prêtres gouvernementaux s'empressent d'appliquer. Bien entendu, on pourrait leur renvoyer qu'il suffirait aux Etats de récupérer leur souveraineté monétaire, déléguée depuis le milieu des années 70 dans un premier temps, puis définitivement perdue avec les libéralisations financières au milieu des années 80, pour mourrir complètement avec le traité de Maastricht en 92. Pouvoir désormais émettre de la monnaie, sous conditions certes, conjuguée avec une restructuration courageuse du secteur financier, qui, s'il était évalué avec les critères de son rejeton management, serait tout simplement taxé d'inefficacité totale et dispendieuse en argent public, comme le sont aujourd'hui les services de l'Etat, émettre de nouveau la monnaie et réformer le secteur financier donc, permettrait de se sortir de l'impasse actuelle en se débarassant du chantage des banques et des acteurs qui leur tournent autour. Ce serait au prix certes de quelques pertes financières pour des très riches et pour beaucoup de petits épargnants qui auraient alors tout le loisir de réfléchir à leur complicité au système (voir plus bas), même s'il serait plus facile et plus juste de compenser au moins en partie leur épargne, pour celle qui n'était pas directement placée en bourse. Je suis néanmoins partisan d'une pédagogie assez cinglante à ce niveau (sans doute est-ce plus facile quand on a aucun compte épargne, mais en ce qui me concerne c'est aussi un choix réfléchi et cohérent)...Malheureusement, à part Mélenchon, que la médiacratie s'empresse d'adosser à l'extrême-droite, peu se font l'écho de telles propositions hors internet (Je vous recomande toujours aussi chaudement les blogs de Frédéric Lordon et de Paul Jorion dont vous trouverez les liens dans mes favoris).

    Un peu d'énervement se fait donc sentir. Comme celui qui a prévalu au mois d'Octobre en France, bien étouffé par le jeu désormais transparent des principales centrales syndicales (là aussi, voir mes précédents billets). Mais rien de cohérent, ni de très violent, comme je le laissais entendre. Des réactions catégorielles, quelques sursauts de ceux qui sont touchés par les mesures d'austérité ou les autres conséquences de la crise, les alertes continues aussi de tous ceux qui ont compris depuis longtemps vers quoi tout cela nous mène. Mais comme prévu, tant qu'une majorité ne connaîtra pas les privations, le système pourtant en fin de course ne sera pas remis en cause dans ses fondamentaux. Or, il est à craindre que, quand la prise de conscience ne pourra plus être repoussée, ses manifestations seront contre-productives et funestes. Quelles réactions attendre en effet de gens qui perdront, avec la chute quasi inéluctable des banques et le défaut des Etats qui ont endossés leurs pertes faramineuse, leur petites économies de petits rentiers, qui ont alimenté le système en servant de caution aux rapaces ?

    Je ne reviendrai jamais assez sur la complicité d'une grande majorité qui a voulu elle-aussi s'enrichir par la rente, par la spéculation immobilière, qui aurait bien aimé avoir l'air mais qui n'avait pas l'air du tout, privée par sa participation au grand jeu financier, de ses emplois (les restructurations c'est bon pour les actions), de ses services publics (qu'elle ne voulait plus payer) que ses revenus ne lui permettront pas de compenser, au final, de son statut de classe moyenne, qu'elle se sera ingénié à codétruire en parallèle avec les quelques uns qui ne peuvent décemment supporter une égale répartition des richesses. Que produira la vérité quand elle sera enfin révélée et impossible à se cacher ?

    Au mieux, une révolution aura lieu, avec son cortège de chaos et de violence. Au pire...

    Comme un air de déjà-vu...

     

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  • A l'Ouest, rien de nouveau...

    Un peu plus de deux ans après la faillite de la banque Lehman Brothers, qui marque le début de la crise économique systémique que nous vivons aujourd'hui, il faut malheureusement constater, sans grande surprise, que rien n'a évolué dans l'esprit des décideurs et pas grand chose parmi les citoyens.

    Quelques tirades politiques tançant le manque de moralité des financiers ont bien été lancées, pour occuper l'espace médiatique et leurrer les rares pigeons qui croient encore aux opérations de comm. On sent aussi une grogne populaire larvée mais assez peu vindicative d'autant plus que soigneusement anesthésiée par les principaux syndicats, soucieux d'éviter les débordements, c'est à dire désireux de conserver, sous couvert d'être raisonnable, un pouvoir et une notabilité qui semblent être addictives.

    De toutes façons, officiellement, tout est terminé. La rémission est acquise, la croissance garantie, le sommeil tranquille des braves gens, préservé. Pourtant, si l'on excepte l'Allemagne, de façon temporaire et en raison du modèle quasi parasite qu'elle a adopté (assurant ses exportations sur le déficit des autres états membres de l'Union européenne et sur le dos de ses salariés), le reste du monde occidental est au mieux dans le marasme, au pire, toujours au coeur d'une crise sévère, comme l'actualité de la dette souveraine en Irlande et en Espagne commence à nous le rappeler.

    Outre-atlantique, la dette américaine ne cesse d'être chaque jour plus gigantesque et la FED a dores et déjà lancé un vaste programme d'achat d'obligations d'Etat, ce qui n'a d'autre but que de dévaloriser la monnaie dans laquelle elles sont émises, à savoir bien sûr le dollar et donc de faire fondre la dette par la dévaluation. Cela ne fera malheureusement pas diminuer le chômage, notamment en facilitant les exportations, car pour ce faire il faudrait encore que les Etats-Unis produisissent quelque chose. Mais comme une grande partie de l'activité industrielle a été délocalisée...

    Les taux de chômage continuent donc d'être déprimés et l'activité atone, plombés par une idéologie persistante autant que funeste, aveuglée par son attraction exclusive envers la finance. Celle-ci est désormais la seule véritable détentrice du pouvoir, dont elle se sert pour avaler les milliards nécessaires à ses pertes abyssales et à sa soif jamais étanchée de spéculation. Ce n'est pas grave, les citoyens paieront, en impôts, en baisse drastique de la redistribution, par l'intermédiaire des plans d'austérité réclamés avec emphase par les gardiens de l'orthodoxie (et des privilèges d'une caste quasi féodale) comme les médecins du 17ème préconisaient une bonne saignée. La réduction des inégalités et la baisse des violences sociales induites attendront...

    Le système est bel et bien mort, faute de crédit et de consommation liée, mais ses prêtres continuent à l'agiter comme un pantin, en manipulant des fils dont la résistance ne sera pas éternelle. Quand le petit théâtre n'aura plus l'heur de plaire, ne distraira plus, ne masquera plus une réalité devenue insupportable pour une majorité, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui, il ne restera plus que la solution totalitaire pour le garder en dévotion forcée.

    Allons nous aller jusque là ? Tout dépend du réveil des masses. L'Histoire relue ne pousse guère à l'optimisme, l'attitude de nos élites encore moins. La crise est celle d'un modèle socio-économique, celui des actuels pays développés. Il se trouve qu'il est celui qu'ont adopté à quelques nuances près les puissances émergentes, peu enclines à faire une croix sur leur désir d'égaler les anciens empires. Mais il n'y aura pas de place pour tout le monde, la Terre étant finie et ses ressources naturelles en quantité limitée. Il est difficile d'imaginer le géant nord-américain, pour ne parler que de lui, s'agenouiller sans réagir. Si sa puissance économique s'effiloche, son arsenal militaire est encore sans égal. Chacun sait en outre son appétance pour les élans martiaux...

    Le pire n'est jamais inéluctable. Nous pouvons changer collectivement les choses mais il faudra pour cela adopter de nouveaux paradigmes, développer de nouvelles mentalités. Demain peut-être...Mais aujourd'hui, malgré des trésaillements, des frémissements, la société semble figée dans une résignation peureuse, s'accrochant à un confort qui se dissout pourtant au fur et à mesure des attaques des politiques néolibérales. Mais pour l'heure, pas encore de réaction d'ampleur. A l'Ouest, rien de nouveau...

     

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  • L'Union défait la force

    La crise que la Grèce connaît actuellement est en fait une crise de l'Union européenne, une conséquence directe de ses choix économiques. Il est bien entendu bien trop facile d'en renvoyer la responsabilité aux seuls grecs. Bien sûr, le pays a montré des faiblesses de gestion évidente dont la corruption et l'évasion fiscale sont les deux principales. Mais que dire du corset idéologique qui a entravé tous les pays membres depuis la signature du traité de Maastricht, traité dont les critères de convergence en vue de la finalisation de l'Euro devraient être aujourd'hui clairement sur le banc des accusés.

     

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    Oui bon, chacun s'habille comme il veut après tout. C'est quand même pas une raison pour faire payer 10% de taux d'intérêts.

     

    Croire que des Etats aux économies (et aux cultures) aussi différentes que la Grèce et l'Allemagne pouvaient respecter la règle des 3% maximum de déficit public et des 60% d'endettement partaient déjà d'une espèce de naïveté dogmatique assez ahurissante. On sait ce qu'il est advenu depuis : un concours de camouflage statistique pour masquer la triche omniprésente, quelque soit le pays. Même les soit-disant meilleurs élèves comme les allemands ne sont pas blancs comme neige. Pourquoi auraient-ils ainsi fermé les yeux sur les dérives grecques, secret de polichinelle, ou refusé qu'Eurostat, l'équivalent européen de l'INSEE, puisse contrôler les chiffres budgétaires de façon plus sévère ?

    Les critères de Maastricht, basés sur les théories monétaristes, n'étaient tout simplement pas viables pour un ensemble économique hétérogène comme l'est l'Union. Mais plus encore, d'un point de vue social et politique, ils portaient en eux les germes de la crispation actuelle qui est en train de faire vaciller l'Europe, à la suite de tout le corpus idéologique néolibéral qui constitue les fondations de l'Union actuelle. On a aussi beaucoup parlé de l'article 123 du traité de Lisbonne, déjà présent bien entendu auparavant, qui interdit à la banque centrale, indépendante comme l'exige les dogmes monétaristes, de financer directement les Etats qui auraient besoin de fonds. Le prétexte qui peut-être recevable bien entendu, est d'éviter les dérapages politiques dans la gestion des finances et de façon grossière, de ne pas permettre un déversement de liquidités qui ferait exploser l'inflation, éternel souci de l'orthodoxie économique européenne.

    Sauf que l'inflation est désormais un phénomène largement endigué, d'une part par les politiques d'austérité salariale et budgétaire dont l'Allemagne s'est faite la gardienne, au prix du sacrifice de ses classes populaires, d'autre part par la concurrence des pays émergents qui fait baisser les prix. On notera tout de même que les principes ne valent pas toujours puisque les banques, menacées de faillite par leur propre gabegie, ont été innondées d'argent par les institutions financières centrales, qui apparemment ne sont indépendantes que du pouvoir politique. Or il n'y a pas eu d'inflexion inflationniste, pour la bonne raison que ces fonds ont été directement réinjectés dans la spéculation financière et que seules quelques miettes ont transitées dans les canaux du crédit, presque asséchés (j'avais évoqué le phénomène dans un précédent billet)

     

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    Photo : Thierry Roge/Reuters

    Les critères de convergences ont donc contraints des pays qui n'en étaitent pas capables a observer des politiques économiques basées sur une orthodoxie néolibérale dont on a vu à la faveur de la crise combien elle était toxique. L'Allemagne, qui les a fixées en bonne partie, ne doit d'ailleurs sa relative bonne santé qu'au fait que les autres membres de l'UE n'ont pas pu suivre exactement son chemin. En effet, si tous avaient, comme nos voisins teutons, pressurés leurs salariés pour augmenter la compétitivité à l'export, ce qui a pour effet induit de diminuer la consommation intérieure, personne n'aurait pu acheter les produits allemands et le fameux modèle se serait écroulé piteusement, ce qui risque d'ailleurs d'arriver si Merkel s'obstine à vouloir faire cavalier seul.

    C'est là qu'intervient l'article 123 (ex 104 de Maastricht). Il fait en quelque sorte office de deuxième lame en interdisant à des pays qui n'ont pas pu rester à un niveau de compétitivité suffisant du fait d'une monnaie surévaluée (la dévaluation étant impossible) de pouvoir financer ses déficits à des taux préférentiels. Seuls les marchés financiers peuvent être mis à contribution, ce qui lance un cercle vicieux : le déficit, signe de mauvaise gestion aux yeux des gardiens de l'ordre économique néolibéral, inquiète les marchés qui exigent donc une prime de risque plus importante pour acheter les obligations qu'émettent les états pour se rajouter des lignes de crédit, les taux montent, les Etats voient le prix de leur dette augmenter, doivent mobiliser plus d'argent pour y faire face, donc emprunter à nouveau sur les marchés, qui s'en inquiètent encore plus, donc font monter derechef les taux etc... Dans le même temps, les efforts d'austérité demandés immanquablement par les vestales de la saine gestion des finances ont un impact négatif sur la croissance, ce qui réduit d'autant plus les rentrées fiscales et vous l'avez deviné, contribue à faire croître le déficit et donc la nécessité d'obtenir des crédits auprès des marchés, dont la voracité n'a jamais de limite.


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    Dans ses fondements même, l'Union portait en elle son éclatement en cas de crise. L'Allemagne est aujourd'hui la figure exemplaire de ce processus, au nom de dogmes qui ont fait advenir la plus grave catastrophe économique depuis 1929. Non seulement, la cohésion de l'Euro est remise en cause mais dans le même temps, la solidarité européenne vole en éclat, tout simplement parce qu'elle n'était qu'un vernis que les traités ne pouvaient contribuer à solidifier, bien au contraire. On ne construit pas l'unité dans la concurrence exacerbée. Ce genre d'évidence avait bien entendu été rappelé par les nonistes de gauche en 2005. On sait à quelles réflexions cinglantes ils ont du faire face...

    Aujourdh'ui réapparaissent des comportements d'exclusion dont on pensait qu'ils appartenaient au passé. Il n'y a qu'à voir avec quel mépris les allemands traitent aujourd'hui les grecs. Quelles que soient les erreurs véritables qu'ils aient pû commettre, ils ne méritent pas, si l'on s'en réfère à l'idéal européen, ce genre de considérations quasi raciste. Le danger en est directement palpable. Par ailleurs, sur le plan politique, cette attitude montre drastiquement ses limites puisqu'il aurait suffit d'afficher solidement la volonté d'aider la Grèce pour que les marchés rentrent à la niche. Au contraire, le signal envoyé a été très clair. Désormais, ils savent qu'ils font la pluie et le beau temps, que la puissance publique n'agit que pour essayer de leur plaire, ce qui revient à pactiser avec le diable. Le Portugal, l'Espagne et d'autres sont déjà en ligne de mire. Ce n'est pourtant dans l'intérêt de personne que les Etats en viennent au défaut de paiement, pas même de la grande Allemagne qui se trouvera fort dépourvue, toute fourmi qu'elle soit, quand l'Union sera financièrement sinistrée. Je ne parle même pas des financiers dont la majorité perdra sa chemise. Cela illustre simplement leur incapacité à voir plus loin que le profit immédiat...

    Force est de constater que les traités interdisent quasiment de fait la solidarité, la vraie, celle qui ne demande pas de compte, celle qui fait la cohésion et l'unité. L'évolution vers la crise actuelle était toute tracée et l'Union affiche désormais son vrai visage, fait d'égoïsme. L'idéologie économique à laquelle s'accroche encore dramatiquement nos dirigeants y pousse inexorablement, réveillant de biens mauvais souvenirs, avec la complicité passive ou non de beaucoup de nos concitoyens. Car la figure du cueilleur d'olives paresseux et dépensier ou celle du parasite fonctionnaire dont on ne veut plus payer le salaire et les vacances, sont le miroir d'une même mesquinerie, d'un abêtissement sans nom, d'une régression de civilisation.

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    Plus que jamais, la construction européenne apparaît incontournable pour faire face aux nouveaux défis mondiaux et sauver un modèle de société qui reste le plus équilibré. Mais pour ce faire, il faudra jeter au feu les traités actuels, repartir sur de nouvelles bases, politiques et sociales, loin de théories économiques complètement obsolètes et malsaines. Je crois que les français, s'ils s'appuient sur une certaine tradition d'égalité et de solidarité, auront à nouveau leur mot à dire. Encore faut-il qu'ils sachent retrouver des valeurs qu'on a jugé bon de stigmatiser comme ringardes (le service public en fait partie, dans l'idée que tout n'est pas que marchandise et profit financier). Finalement, nôtre vieux pays, malgré tous les coups que lui donnent aujourd'hui certains de ses enfants, peut s'ennorguellir de sa solidité. S'inspirer de certains principes permettrait peut-être de refonder l'Europe, de ne pas en rester à cette Union qui défait la force...

  • Faire sauter la banque

    Il ne vous aura probablement pas échappé que la Grèce connaissait actuellement une crise de financement liée à une dette jugée excessive et surtout fautive, selon le point de vue de l'orthodoxie économique. Si on en a autant parlé ces derniers temps, c'est surtout en raison de la vague de spéculation qui a touché des produits financiers attachés à cette dette, ce qui contribue à la renchérir. Pour simplifier car je ne veux pas rentrer dans des explications complexes de phénomènes que je ne maîtrise pas complètement par ailleurs, les marchés parient sur la faillite de l'Etat grec ce qui augmente les taux d'intérêt et lui rend plus difficile d'emprunter auprès de ces mêmes marchés (6% environ en ce moment, contre 3% pour l'Allemagne, considéré comme le pays le plus sûr en Europe, toujours par l'orthodoxie). C'est tout bénéfice pour les boursicoteurs, c'est potentiellement dramatique pour la Grèce qui ne peut s'en sortir sans les premiers, faute de pouvoir agir directement sur sa monnaie, prisonnière qu'elle est de l'Euro. En tant que tel, la monnaie européenne n'est pas coupable. Ce sont les critères de convergences décidés au moment de sa création et l'impossibilité pour la BCE de financer directement les Etats membres qui sont fautifs. Ils enlèvent de fait toute possibilié à la force publique d'agir sans recours aux marchés, dont on voit bien ce qu'ils font du pouvoir exorbitant qui leur est donné.

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    Il y aurait déjà beaucoup à dire sur la notion de dette publique, sur la façon de l'envisager , de la calculer, de la définir, sur son utilité ou ses risques. La comparer à celle d'une entreprise ou d'un foyer suffit déjà à situer l'erreur de perspective (souvent savamment calculée) de la plupart des réflexions sur ce problème particulier. Un Etat est une entité politique, ce n'est pas une défaillance économique qui peut le menacer directement. Un Etat ne met pas les clés sous la porte, même en défaut de paiement...De plus, la dette est la plupart du temps énoncée sans tenir compte des actifs possédés par un pays : l'immobilier, productif ou non, les infrastructures (transport, énergie, services publics en général) etc...A ce titre, la France qui possède un parc public encore relativement important, malgré la grande braderie en cours, est relativement riche.

    Plus encore, c'est sur la manière de creuser la dette qu'il faudrait se pencher. Toux ceux qui aujourd'hui sigmatisent les grecs et les dépenses publiques trop élevées en général, sont acquis aux dogmes néolibéraux, dont le monétarisme, doctrine économique portée notamment par Milton Friedmann et l'école de Chicago. Là aussi de façon résumée et ciblée, ce courant a préconisé l'abandon de la gestion monétaire par l'Etat au profit de banques centrales indépendantes. Cela interdit aux Etats de se financer directement et les soumets aux marchés financiers pour emprunter, avec pour objet de maîtriser l'inflation et les taux d'intérêts. Cette idéologie libérale s'est imposée en France après 1983 et certains de ses thuriféraires politiques les plus convaincus appartenaient au PS, Pierre Bérégovoy notamment.

    Pourtant, si l'on regarde les effets des politiques libérales menées aussi bien par leurs défenseurs naturels (Reagan, Thatcher) que par les gauches de gouvernement (Blair, Shroeder, Clinton et Jospin dans une moindre mesure), on constate aisément que l'explosion de la dette date précisément de la mise en oeuvre de ces préceptes.

     

    On peut le voir grâce aux liens suivants :

    http://abel.jerome.free.fr/img/DettePubliqueFrancaise.jpg

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Dette_US_longue_periode.png

    C'est ainsi que la droite en France est la principale artisane du creusement des déficits et qu'aux Etats-Unis, ce phénomène a été particulièrement sensible à partir de l'ère Reagan. C'est donc la famille de pensée, droite et gauche confondues, qui s'échine à faire baisser les dépenses publiques en taillant dans les services du même nom qui a pourtant fait exploser la dette. Vous avouerez qu'il est assez culotté de voir les mêmes prétendre que non seulement la dette doit être réduite, que c'est un présupposé de bonne gestion économique, mais qu'en plus elle va être diminuée en utilisant les mêmes moyens qui pourtant ont contribué à lui faire atteindre des cîmes.

    Là où on tutoie des sommets dans l'enfumage, c'est quand les banques et le secteur financier en général, à l'origine de la plus grande crise qu'on ait connu depuis 1929, (crise qui n'en est encore qu'à ses débuts), qui ont été sauvés par la diligence asservie des Etats, réclament le comblement de la dette, qui s'est accentuée du fait de leur sauvetage, tout en spéculant de façon éhontée, toujours avec l'argent mis gracieusement à leur disposition par les banques centrales (indépendantes donc, enfin indépendantes des Etats). C'est ainsi que des établissements privés qui empruntent à 0.5% peuvent se permettre de pressurer les Etats qui viennent de les tirer d'une faillite certaine, à des taux parfois 10 fois plus élevés. Celui qui trouvera une saine logique économique, sans parler de justice et de morale, dans ce phénomène, voudra bien me l'expliquer doctement. Je rappelle qu'au même moment, le chômage continue sa progression, la casse des services publics s'accélère, les protections sociales s'effacent : les plus faibles trinquent quand une infime minorité se roule dans le fric.

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    Or, les marchés financiers trouvent dans la représentation politique actuelle des alliés indéfectibles qui sont prêts à faire payer les citoyens, soit par l'impôt mais malheureusement plus vraisemblablement par des mesures drastiques d'austérité, pour rester fidèles au dogme. Le secteur financier lui, peut tranquillement continuer à sinistrer l'économie en exigeant des retours sur investissement indécents et pénalisants (précarisation, management par la peur, licenciements, délocalisations, court-termisme). Il faut également souligner que la petite condition assortie aux aides financières des Etats était que les banques reprennent la distribution du crédit, ce qu'elle n'ont pas fait. Le crédit à la consommation ne cesse de baisser aux Etats-Unis depuis le déclenchement de la crise (-4% en 2009 selon la FED) et l'encourt sur les crédits aux entreprises a diminué de 24% en France (chiffres de la Banque de France). Bien entendu, le chômage et les défaillances de sociétés expliquent en partie cette baisse, ce qui n'est de toutes façons pas une bonne nouvelle pour les tenants de la reprise heureuse, mais les banques se concentrent quasi exclusivement sur la restauration de leurs fonds propres et l'absorption de leurs "actifs" toxiques (les chariots de produits dérivés) par la spéculation massive, dont le dernier épisode en date a donc touché la Grèce. Le serpent se mord la queue...

    Il est tout de même difficile de ne pas être scandalisé, à la fois par le comportement des financiers mais aussi et peut-être surtout par l'inaction, voire la complicité des autorités politiques. Il y aurait pourtant des moyens d'action, pour à la fois faire courber l'échine aux banques et redonner aux Etats des marges de manoeuvre par le biais du financement direct. La question de l'indépendance des banques centrales doit désormais se poser clairement et par conséquent, la pérennité de traités européens qui la garantissent, entre autres aburdités économiques. Pourtant, leur toxicité est maintenant avérée par la crise.

    Ce constat posé, je ne vois pas comment sortir par le haut de cette crise sans faire sauter la banque...

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  • Croire au pire Noël

    2009 touche à sa fin et notre société n'est, elle, pas loin de toucher le fond. Aussi vais-je me livrer avant la trève des confiseurs à une brève revue du pitoyable.

    Un mot d'abord qui sera la seule note positive, sur les belles conditions météo que nous avons eu ces derniers jours et qui ont permis un court moment de laver le gris d'un monde en crise terminale. Un peu de neige et l'esprit des contes de Noël ressurgit pour le bonheur des enfants éternels. C'est bien peu, malgré le plaisir toujours aussi vif à marcher dans la neige et d'apprécier le silence immaculé.

     

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    L'hôtel de Cluny, aux abords de la Sorbonne

     

    Mais les contes de Noël rappellent aussi l'époque victorienne de Dickens et d'Hugo, romantique et belle, cruelle et noire comme la suie. En déambulant le soir dans les vieux quartiers de Paris, sublimés encore par le glacis nival, comment ne pas voir des similitudes entre notre époque et une autre qu'on eut cru un moment révolue à jamais. Le pavé est dur pour les miséreux...

    Voilà que l'hiver hausse le menton donc, pour que le traffic Eurostar s'interrompe lamentablement. Je ne manquerai donc pas de souligner pour ceux qui l'ignoreraient qu'Eurostar est une société privée et que tous les manquements qui ont été mis en lumière ces derniers jours sont typiques d'une gestion orientée vers la rentabilité à tout crin. Voilà pourquoi des problèmes connus, comme l'infiltration des flocons dans le système électrique des rames et les court-circuit qu'elle provoque, ne sont pas traités, au motif des probabilités faibles des épisodes neigeux en Europe de l'Ouest. C'est toujours de l'argent économisé n'est-ce pas ? Je ne parle même pas du traitement des passagers qui n'ont certes pas vécus l'enfer sous terre mais tout de même. Moi qui croyait que dans le privé, le client était roi...Toujours pressé de voir la SNCF complètement privatisée ? Hâte de constater que les problèmes d'entretien de lignes s'accentuent, alors même qu'ils sont déjà notoires aujourd'hui du fait de la séparation entre RFF et la SNCF et la sous dotation chronique depuis, du premier ?

    La privatisation rampante des services publics et notamment de notre bonne vieille société des chemins de fer ont des effets sur notre propre liberté de choix, de plus en plus illusoire dans une démocratie de pure forme. J'avais déjà dénoncé ici l'instauration du yield management à la SNCF. Je viens d'en faire les frais. Contraint pour avoir des tarifs accessibles de réserver l'ongtemps à l'avance, j'ai anticipé un déplacement pour rejoindre ma famille lors des fêtes de fin d'année. Mais il se trouve que par l'impossibilité d'un autre membre de cette famille de descendre également en Limousin, c'est la translation inverse qui va s'opérer. Je vais donc rester dans ma région d'adoption pour Noël et me voilà avec un billet non échangeable ni remboursable sur les bras, obligé d'essayer de le revendre sur E-Bay (avec succès certes) pour ne pas perdre d'argent dans l'affaire. J'ai autre chose à faire, encore une fois que de passer un temps fou à essayer d'obtenir un billet pas trop cher, des mois à l'avance, en anticipant sur des déplacements qui n'ont rien de garantis, et qui plus est d'essayer de le revendre quand je ne peux l'utiliser. Ce système est clairement détestable et je ne suis pas le seul à le penser...

    Mais que vaut l'avis d'un plébéien par les temps qui courent ? Un banquier là je ne dis pas, lui on l'écoute. Plus, on lui obéit. Voilà pourquoi les institutions financières et le système qui va avec ont été sauvés (en apparence seulement) à la vitesse de l'éclair et que notre bonne vieille Terre elle continuera à s'asphyxier avec la fumée toxique des gros cigares indécents de l'élite financière et de ses affidés politiques.

    Copenhague a été un pur fiasco et ce n'est certes pas une surprise. Trois leçons imbriquées peuvent en être tirées. La première c'est que les politiques n'ont clairement plus la main, constat déjà quelque peu éventé. Les lobbies économiques dictent leurs desiderata et les élus obtempèrent le petit doigt sur la couture des pantalons. La deuxième c'est qu'un nouveau bipolarisme s'afirme chaque jour davantage : celui du G2, Chine et Etats-Unis. Ce n'est pas un hasard si je nomme la Chine en premier. Le règne de l'empire américain se termine. Il essaie juste de s'accrocher aux branches asiatiques et n'a plus un regard pour son chien fidèle européen. D'où le troisième enseignement qui est que l'Union européenne n'existe pas politiquement, que Lisbonne comme attendu n'y change rien de rien et bien plus encore c'est le modèle choisi quasiment dès l'origine, d'une intégration avant tout économique, sur un shema anglo-saxon qui est à l'origine de cette transparence internationale. Plus que jamais le non de 2005 paraît justifié de même que ce que portait son expression de gauche, à savoir la rupture avec l'idéologie du tout marché et de la concurrence comme maître étalon d'une société entière, de l'alignement aveuglé avec les Etats-Unis, qui nous maintient dans leur dépendance quasi complète et l'accentue même, enfin, la nécessité urgente d'une véritable constitution démocratique. Cela passe par la réaffirmation assumée de la pertinence d'un modèle de société continental et du nôtre en particulier, lui qui tant bien que mal et malgré la casse qu'il subit tous les jours depuis sept ans, nous fait affronter la première vague de la crise sans trop de dégats, comparativement à certains pays.

    Enfin, comment ne pas parler alors que je cite en référence une façon d'envisager la société typiquement française, fondée sur une recherche de l'égalité, ce débat pestilentiel sur l'identité nationale ? Il ne renvoie qu'aux pires moments de notre histoire et conduit à l'inverse d'une démarche politique intelligente, qui s'attacherait d'abord à interroger le sentiment d'appartenance à une collectivité, ce que précisément, le modèle français, issu de la Révolution, du front populaire et du CNR (donc également produit du Gaullisme) avait su faire d'une façon relativement efficace. La question n'est donc bien entendu pas de savoir quelle identité devrait s'appliquer à tout citoyen mais bien de savoir comment le vivre ensemble peut être promu et perennisé. En vrac, certaines notions complètement absentes du débat aujourd'hui, gagneraient à être rappelées et de nouveau explicitées : la laïcité avant tout, pour ne pas tomber dans le piège grossier et dangereux de l'anti-islam primaire, l'égalité, de droit et de devoir, garanti par la présence d'un Etat fort, centralisé et de ses services publics, un projet politique commun qui ne soit pas entièrement l'émanation d'une idéologie économique en faillite qui précisément détricote le lien social, mais un véritable pari sur l'avenir, sur une évolution sociétale où chacun se sentirait impliqué et bénéficiaire de plein droit, quelque soit son origine. Je crois qu'il n'y aurait alors pas grand mal à se sentir français et à lutter contre des égoïsmes, des recroquevillements qui nous mènent droit à la catastrophe.

    Bien entendu, relater ces épisodes pathétiques de notre quotidien incite à croire au pire Noël. Mais la neige est tombée...

     

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    Neige et toits : émoi...

     

    Je vous souhaite tout de même de passer de bonnes fêtes de fin d'année. A bientôt en 2010 !

     

    V

  • Crise en thème

    Voilà que l'Automne arrive et que l'on en est à la deuxième année de cette crise sans précédent depuis la dernière guerre mondiale. Heureusement, nous disent nos loyaux représentants politiques, le problème est en voie de règlement et de résorption. Pour le moment, seuls les financiers les croient, pour la bonne raison qu'ils sont à l'origine plus ou moins, de ces paroles de réconfort économique. Tout va bien, laissons les reprendre leur gavage de profits, désormais accompli sur fonds publics, ce qui creuse démesurément les dettes, ce qui entrainera inéluctablement des hausses d'impôts et la réduction des dépenses sociales, avec effet induit d'enfoncer encore un peu plus les catégories populaires et la consommation, donc d'aggraver la crise.

    Mais pour qui veut bien prendre la peine de se renseigner, le regard se porte vite vers le large et abandonne les malheureux premiers noyés qu'a laissé la première vague du tsunami financier. Il s'avère en effet que la situation du système est encore pour le moins fragile et sujette à caution, pour euphémiser.

    Non seulement les actifs toxiques sont toujours aussi opaques à toute recherche, dénombrement et traitement curatif, à tel point qu'on préfère les glisser sous le tapis en enjolivant les comptes à coup de changement de règles comptables, ou les ensevelir sous les liquidités accordées sans compter par les banques centrales, mais de l'autre côté du système, le chômage augmente implacablement, alimenté par les défaillances d'entreprises en hausse, alimentant l'insolvabilité qui pousse les banques à la faillite, fragilisant encore plus le monde de la finance. Le cercle vicieux se referme...

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    Les USA, instigateurs et principal moteur du capitalisme financiarisé qui domine le monde depuis le milieu des années 70 n'ont jamais été aussi près de mettre les deux genoux à terre : leur dette publique est faramineuse, les chinois qui en possèdent une large part s'en désengagent doucement mais fermement ; la dette privée est également arrivée à un point maximal, conséquence logique d'un tassement continu des salaires qu'il a fallu compenser par le crédit pour nourrir la consommation, pilier du système. Le pays n'a quasiment plus de marge de manoeuvre et ne compte plus que sur ses affidés (c'est à dire la quasi totalité des pays occidentaux, qui perdraient autant que lui à sa chute) pour cacher du mieux possible la vérité. Lucide mais funeste pari, notamment pour l'Europe qui, si elle s'en donnait les moyens pourraient échapper à un déclin inéluctable, à condition de tourner le dos à une orthodoxie économique dont la créature ne survit plus que par acharnement thérapeutique. Malheureusement et loin s'en faut, l'Union n'en prend pas le chemin et la ratification par l'Irlande du traité de Lisbonne pourrait bien être la dernière victoire à la Phyrrus des européistes avant liquidation totale du projet par obstination idéologique (celle qui a attaché depuis les origines, le boulet du libéralisme économique à l'Europe)

    D'aucuns comptent sur la Chine pour sauver la forme actuelle du capitalisme. Quand bien même arirverait-elle à créer véritablement un marché intérieur, elle ne ferait qu'accélerer la chute de l'occident, du moins de ses populations, les multi-nationales elles pouvant tranquillement migrer où bon leur semble, ce qu'elles ont déjà largement fait du reste. En tout cas, nul espoir pour les occidentaux de développer leurs exportations grâce à la Chine qui a maintenant les moyens d'alimenter elle-même son marché, grâce notamment aux nombreux transferts de technologie consentis par les entreprises de l'Ouest et par ses propres progrès scientifiques et techniques.

    Il semble que la domination de l'Occident se termine mais peut-on penser raisonnablement que cela ira sans heurts ?

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    Vouloir maintenir coûte que coûte le système est le pire des choix pour l'éviter alors que l'Occident a encore la force et les moyens en changeant de paradigme social et économique de peser sur un ordre mondial afin de l'équilibrer. Les propositions ne manquent pas afin de stabiliser le système financier depuis la nationalisation de certaines banques  (dépôt et crédit) jusqu'à rendre inattractives les opérations financières exigeant des retours sur investissement trop élevés pour ne pas fragiliser l'économie réelle (notamment le financement par levier mais aussi les rendements actionnariaux supérieurs à 8% par exemple. Une mesure comme le SLAM de Frédéric Lordon va dans ce sens, tout comme la proposition d'interdiction des paris sur les prix de Paul Jorion)

    Malgré tout il est bien difficile d'être optimiste aujourd'hui tant les relais politiques qui pourraient se saisir des alternatives proposées, à savoir la gauche en général sont au mieux en pertes de repères ou chroniquement entravés par une parcellisation et mésentente coupable, quand ce n'est pas totalement corrompus par des renoncements complets voire des sympathies envers les idéologies les plus libérales. La débâcle de la social-démocratie dont le score piteux du SPD allemand vient encore d'apporter un témoignage parlant, n'est pas à chercher plus loin que dans sa dérive à droite et son acceptation d'un monde au moment où il s'écroule. La victoire apparente des droites elles, si l'on écarte le chiffre pourtant crucial des abstentions, souvent des classes populaires résignées, n'est due elle, qu'au classique recours quasi pavlovien au maintien de l'ordre, alors que celui-ci est pourtant déstabilisé par les politiques néolibérales menées par les droites et gauches de gouvernement depuis trente ans. La logique des votes n'a parfois rien à voir avec la logique...

    Le mur se rapproche donc et les espoirs de l'éviter s'amenuisent. D'un côté il semble qu'un monde nouveau ne soit pas possible sans l'effondrement de l'ancien, de l'autre comment ne pas vouloir s'épargner un chaos dont personne ne peux prédire les effets dévastateurs avant que la création ne reprenne le dessus. Guerre, dictature, les deux ?

    Y a t'il aujourd'hui des courants de pensée philosophiques résolument novateurs qui pourraient porter une contestation, une révolution ? D'aucuns voudraient réssusciter ou plutôt redéfinir le communisme, le vrai, celui de Marx, celui que prend pour hypothèse plausible un Alain Badiou. Je n'y crois pas, à la fois intuitivement et en raison de contradictions ontologiques dans ce discours : comment le communisme peut-il naître de l'individu, même sous la contingence de nouveaux rapports de production (c'est à dire différents de ceux du capitalisme qu'on suppose effondré) ? Or le communisme étatique a prouvé sa toxicité. Pour ma part je tiendrais beaucoup plus à une sorte de néo-jacobinisme structurant, porté par ses valeurs morales transcendantes, soucieux de réaliser un équilibre (forcément fragile, temporaire, donc à renouveler, et bien imparfait) entre liberté et égalité, étendu à l'échelle du continent. Mais force est de constater que nul intellectuel à ma connaissance ne porte ce message aujourd'hui, ne cherche à explorer à nouveau le chemin de la troisième voie. La France avait presque réussi à la trouver mais la social-démocratie, notamment grâce à ses éléments les plus cyniques, comme Tony Blair, probable futur président du conseil si le traité de Lisbonne est entériné, s'est ingéniée à la pervertir.

    La seule quasi certitude qu'il nous reste à ce jour est que le système est touché à mort. J'anticipe sa disparition, sans en porter le deuil, en mettant la crise en thème ...

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    Quelques liens pour obtenir des informations et notamment des chiffres sur la poursuite de la crise (n'hésitez pas à lire les commentaires des articles, souvent très informatifs) :

    http://www.pauljorion.com/blog/

    http://blog.mondediplo.net/-La-pompe-a-phynance-

    http://www.nouvellegauche.fr/blog/2009/09/29/comment-sortir-du-piege/

  • Sonner la retraite

    Chacun aura remarqué le travail de préparation du gouvernement au fait que le temps de travail devra inéluctablement augmenter pour que notre modèle social soit préservé. C'est-à-dire que parmi la seule solution proposée au débat, c'est-à-dire l’allongement de la durée de travail, sur une journée, une semaine ou une vie, c’est celle-ci qui va être privilégiée et donc détruire implacablement un modèle social avec pour but de le préserver. Vous suivez ? Oui bien entendu, c’est encore une fois une escroquerie intellectuelle grosse comme une maison à 100000 euros. La droite décomplexée en a l’habitude depuis les incantations de son chef pour le « travailler plus, pour gagner plus » dont nombreux sont ceux qui auront constaté douloureusement l’invalidité tant économique que sociale, pour peu qu’ils en aient gobé le traître mot (c’est le cas de le dire).

     

    Mais puisqu’il n’y a pas d’alternative alors il faut, après avoir poignardé dans le dos les 35h, dézinguer la retraite à la mitrailleuse lourde, si possible dans un couloir. L’âge légal de départ devrait être bientôt fixé à 67 ans, c’est en tout cas le souhait du gouvernement, qui en débattra entre gentlemen avec les partenaires sociaux. Nul doute qu’un consensus raisonnable sera alors trouvé pour légitimer ce recul à 70 ans ou peu s’en faut.

     

    Il devrait être évident à tout le monde que reculer le temps du départ à la retraite dans un contexte de chômage fort est une hérésie socio-économique. Les jeunes arrivent de plus en plus tard sur le marché du travail et les entreprises ont du mal à conserver les gens après 55 ans. Quand dans le même temps, on augmente la durée des cotisations pour bénéficier de pensions à taux plein, là aussi en ayant balayé le spectre des solutions à raison d’une et d’une seule, la conclusion logique et pour le coup là assez imparable et que peu d’entre nous pourrons bénéficier d’une retraite véritable, soit parce qu’elle viendra trop tard, soit parce que le montant des reversements sera trop amputé pour que nous puissions en vivre.

     

    Economiquement en outre, le scenario est catastrophique au sens où il est maintenant complètement irresponsable de croire que les pays occidentaux pourront afficher une croissance supérieure à 5%, chiffre qui en théorie doit pouvoir conduire à une baisse du chômage jusqu’à ce que celui-ci se situe à un niveau marginal (en théorie seulement, je vais y revenir). Non seulement notre modèle économique se heurte aux dimensions finies de notre Terre, mais il ne permet plus à l’occident, du fait essentiellement de la faiblesse des salaires dans les pays émergents d’accaparer une part suffisante de la production de marchandises ou de services, qui suffisent à faire croître le PIB dans des proportions suffisantes pour entrainer mécaniquement une création forte d’emploi. Par ailleurs, le tassement des salaires qui est d’actualité depuis une trentaine d’années n’a comme on le voit pas suffit à redonner de la compétitivité aux pays développés, le différentiel étant bien trop grand ( un salaire chinois est encore inférieur de 75% à la moyenne aux USA par exemple) et en outre, la solution palliative à cette stagnation, voire baisse des traitements, pour supporter la consommation, à savoir le crédit à tout va, vient d’exploser en vol.

     

    Quoiqu’il en soit de l’âge de départ à la retraite donc, quelles que soient les augmentations globales de la durée du travail, il faut maintenant clairement dire que notre modèle social est de toutes façons condamné si les politiques s’obstinent à ne pas réformer le système économique. Cependant même largement amendé, le capitalisme demandera à ce que le contrat social soit lui-même ajusté et qu’il tienne compte des formidables gains de productivité qui ont été réalisés depuis les trente glorieuses, amenant avec eux une création de richesses également sans précédent. Les progrès technologiques ne vont pas s’arrêter en chemin, « l’ industrie verte » (oxymore) n’est pas la panacée que l’on veut bien nous vendre. La solution la plus raisonnable si la préoccupation est d’assurer un bon niveau de développement conjugué à une société pacifié et sereine, c’est de partager les richesses comme le travail (le dernier rapport sur la croissance et les inégalités de l’OCDE a montré que les modèles les plus redistributifs et les moins inégalitaires étaient ceux où la mobilité sociale était la plus élevée. Il en va de même pour les violences).

     

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    67 ans : retraite réussie ou Berezina ?

     

     

    Or, je reviens sur mon chiffre de 5% de croissance pour permettre une baisse durable du chômage. On a souvent cité la réussite des modèles anglo-saxons, américain ou anglais en matière de création d’emploi. Malheureusement, peu ont souligné à quel point la qualité de l’emploi était dégradée pour permettre d’arriver à ces résultats (hors contorsions statistiques largement usitées). Qui sait qu’en raison de la part des temps partiels subis que la durée de travail hebdomadaire moyen aux USA est inférieure à celui des français, ces fainéants notoires, soit 33.9 contre 36.3 ?

     

    http://travail-chomage.site.voila.fr/us/us_duree_travail.htm

     

    Comme l’a très bien fait remarquer Pierre Larrouturou, rare personnage du Ps à éviter le naufrage intellectuel et qui devrait d’ailleurs en tirer la conclusion qu’il n’y a pas sa place, le partage du travail est désormais un fait bien établi, qu’il soit spontané et anarchique ou régulé comme en France. Je crois comme lui qu’il représente la seule solution stable et humaniste pour résoudre la question du chômage et par corollaire celui des retraites.

     

    http://www.lautrecampagne.org/article.php?id=34

     

    Il sera peut-être nécessaire, de travailler plus vieux, ce que l’allongement de la durée de vie et surtout de l’amélioration de la santé des « séniors » permet, à condition que la pénibilité du travail soit pleinement reconnue et qu’il y ait un étagement selon les secteurs d’emploi. L’entrée tardive des jeunes dans la vie active est également un facteur plaidant pour un léger recul de l’âge de la retraite, si toutefois il est compensé par une durée de travail largement moins élevée à l’échelle d’une vie. Mais la vision défendue par le gouvernement ne va pas dans ce sens et constitue comme pour nombre de domaines, une régression sociale pure et simple, une véritable restauration. Car dans le même temps, les inégalités explosent dans le monde (moins en France du fait de la pertinence de son modèle, mais depuis 2006 les courbes s’inversent, on se demande bien pourquoi) et les politiques s’interdisent de taxer la richesse, même de façon infinitésimale. Bien à l’inverse et l’exemple français est parlant avec le bouclier fiscal, on s’efforce de conforter les plus aisés. Sur la question des retraites, pour le système français basé sur la répartition, qui affichait une identité solidaire marquée et fondatrice, la question de la provenance des cotisations pourrait pourtant déboucher sur des solutions assez évidentes, mais idéologiquement incorrectes par les temps qui courent. Cela ne saurait en outre satisfaire les sociétés d’assurance qui piaffent pour capter l’épargne retraite de ceux qui peuvent en avoir.

     

    Le président actuel, par la voix de son sous-fifre, préfère donc taper sur les solidarités, sur l’idéal d’égalité et de fraternité, revenir sur le modèle français tout en le couvrant de louanges sournoises dans les discours. Sur la question du travail, il cherche le KO en multipliant les coups (travail des malades par exemple). En ce moment, poursuivre son offensive, c’est s’efforcer de sonner la retraite…

  • Le serment d'hypocrites

    L'actualité politique est toujours et encore désespérante et surtout lourde de conséquences négatives pour l'avenir de nos sociétés. Les médecins qui se penchent sur le malade n'en finissent pas de l'achever, jurant pourtant jours après jours, que le changement de méthode est décrété, que le virus du capitalisme financier va être éradiqué à grande seringue de moralisme, mais que pour s'en sortir, il faut accélérer les réformes absolument nécessaires à la survie de notre modèle social. En somme une bonne grosse saignée administrée à un patient déjà exsangue...

    Je ne saurais dire s'ils sont vraiment conscients de ce qu'ils font, s'ils ont dépassé depuis longtemps le stade des scrupules ou de la lucidité, si ce sont vraiment tous des opportunistes arrivés au dernier degré du cynisme. Mais force est de constater que ce sont en tout cas, des hypocrites décomplexés.

    Comment expliquer sinon, ces cris de triomphe de l'Ump au soir d'une élection européenne qui aura vu ce parti rassembler une part gigantesque de l'électorat, soit 11.2 %. Comment de même expliquer ces râles de jouissance des européistes qui oublient conscienscieusement que 60% des citoyens européens (80% des jeunes de 18-35 ans) n'ont pas jugé utile de se déplacer ?

    L'explication est sans doute simple : la victoire à tout prix, la joie de rester entre soi en se convainquant que la démocratie ne récompense que les vainqueurs et que seuls ces derniers sont légitimes. C'est vrai quand la démocratie fonctionne. Mais que dire d'une situation où non seulement deux électeurs sur trois ne vont pas voter, mais où ce sont les classes populaires et les jeunes en grande majorité qui ne le font pas ? Ne serait-il pas sain de se poser la question ? N'y a t'il pas un léger problème à ce qu'une sorte de vote censitaire se mette en place naturellement ? A plus forte raison quand on est de gauche, ne doit-on pas s'interroger sur le malaise politique qui touche les populations les moins aisées financièrement ?

    Ce n'est apparemment pas l'attitude de la sphère politico-médiatique qui en France a comme d'habitude, nationalisé ces européennes et en est resté à la petite cuisine politicienne qui est pourtant à l'origine à la fois du désintérêt des citoyens et du score flatteur des écologistes.

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    En parlant d'hypocrites...

    Les verts m'ont toujours été sympathiques. J'avais même glissé un bulletin Mamère en 2002, comme une petit coup de canif à Jospin que je ne savais pas mortel. Je ne regrette rien cependant. Je ne suis pas responsable des reniements du Ps, qui l'ont conduit à recevoir cette claque magistrale et méritée de dimanche dernier. Pour autant, la victoire objective d'Europe écologie est aussi celle d'une certaine hypocrisie, dont le plus beau témoignage est peut-être représenté par la démarche pédagogico-marketing de Yann Arthus Bertrand. Comment s'affirmer préoccupé par le devenir de notre planète, chercher des solutions, sans jamais ou presque condamner la forme de capitalisme qui se révèle incompatible avec ces belles résolutions ? (les bons philanthropes donnateurs tels que Pinault ne s'y sont pas trompés en associant généreusement leur nom à cette entreprise si responsable, garante de la perennité de leur position et accouchant d'un film chiant comme la pluie en prime)

    Il y avait pourtant de bonnes raisons de voter pour ce parti, ce que je n'ai pas fait, préférant la cohérence avec mes opinions européennes en choisissant le Front de gauche. Les verts ont affiché l'unité, au contraire donc des formations de la gauche assumée (NPA, pas bien !), ils ont fait campagne sur l'Europe, ce qui est bien la moindre des choses pour cette élection, mais qui n'est pas très représentatif du choix des autres partis, ils ont mis en avant une certaine intégrité, représenté par les figures médiatiques (trop ?) et combatives de José Bové et d'Eva Joly. Cela représentait trois bonnes raisons de voter pour eux.

    Malheureusement, il y a un vrai problème de cohérence come je l'ai dit entre la volonté de changer la société pour ariver à son développement durable et l'acceptation d'un modèle économique qui a prouvé à la fois son incurie et son potentiel de destruction de l'environnement. Cohn-Bendit incarne à lui seul, en bon libéral, cette contradiction. Je crois qu'il en est conscient et voilà, pourquoi je ne l'aime pas beaucoup...

    De plus, les verts en choisissant une posture relativement apolitique, attire un électorat bobo qui cherche à s'acheter une bonne conscience à bon marché, tout en se masquant les réalités sociales, trop violentes. Plus d'orientation idéologique, plus de pauvres ? Malheureusement, la politique raisonnable et non partisane, l'apolitisme en somme, font toujours le jeu du système dominant. Il n'y a qu'à voir les réactions empressées du gouvernement devenu tout d'un coup plus vert que jamais, malgré l'enterrement peu classieux du "Grenelles" de l'environnement.

    Je ne m'apesantirai pas sur l'insignifiance du Ps et sur sa mort maintenant programmée et souhaitable pour la gauche. Il est temps de laisser les éléphants aller au cimetierre avec les restes de leur parti. La rose est définitivement fanée...

    Pas grand chose à dire non plus de la tenue respectable du Front de gauche et du relatif échec du NPA : division coupable, mauvais choix de campagne pour le deuxième, abstention des catégories d'électeurs susceptibles de voter pour ces formations, lassitude des nonistes qui ont bien compris que le vote européen ne changeait strictement rien à la politique menée. Le sort fait au choix des français après le referendum sur le Tce a fait son oeuvre, de même que ce que j'appelle la théorie du ping-pong. Les Etats imputent les regressions sociales aux politiques économiques promues par l'Union pendant que celle-ci se défend an arguant qu'elle n'a aucune compétence sociale et que les Etats sont donc coupables. C'est pas moi, c'est lui ! Pendant ce temps, les citoyens se détournent de la démocratie et l'Europe avance toujours plus avant dans l'application des préceptes néo-libéraux (ou ordo-libéraux, ou néo-classiques mais le résultat est le même). Je rappelle en passant que la crise, qui n'est jamais que la plus puissante depuis celle de 29, en est issue...

    La crise est donc aigue et les conséquences sociales encore à leur débuts. Voilà pourquoi, les syndicats dans un grand accès d'intelligence managériale qui devient leur marque de fabrique, à la grande joie de la droite (et du Ps aussi mais est ce bien différent ?) et du Medef, n'ont rien trouvé de mieux que de casser toute contestation en diluant avec méthode les mouvements nés cet hiver, depuis celui des universités, on ne peut plus légitime, jusqu'à celui des salariés du privé qui ne l'est pas moins. Le mécontentement étant lui bel et bien toujours présent, on saura les féliciter d'avoir mis à terre les derniers vestiges d'un corps médiateur entre les citoyens et les politiques qui laisse augurer de situations potentiellement violentes. L'Automne s'annonce avec une odeur de roussi...

    Décidément, nous observons à l'ère du cynisme médiatique, la ronde des faux médecins vénaux, le bal des Hippocrates de salon qui tournent autour de leurs seuls intérêts et dont on pourrait bien croire qu'ils ont fait serment d'hypocrites...