Le nouvel album de Leslie Feist est sorti début Octobre et une écoute sur son site m'a suffit pour que je me l'achète, ce qui avec moi, toujours très réactif quand il s'agit d'aimer ou pas, est assez significatif de sa qualité.
Son dernier opus est intitulé Metals et il ne laisse clairement pas de bois.
Il s'avère moins pop que The Reminder, le grand succès de l'artiste jusqu'à présent, grâce notamment au tube interplanétaire, porté par la pub pour l'Ipod, 1, 2, 3, 4, mais il s'inscrit néanmoins dans ce qui fait désormais le style assez unique de Feist : une voix fragile mais étonnament élastique, fluide et puissante quand il le faut, des mélodies rapidement accessibles, voire souvent imparables mais néanmoins sophistiquées, des arrangements extrêmement soignés, des fondations musicales toujours très folk et guitaristiques.
De cet album, il ne ressort peut-être pas de tube évident, ce qui était semble t'il le souhait de cette jeune artiste complète, puisqu'elle compose, produit et interprête. Mais on y retrouve comme sur ses anciens disques, des titres semés comme des pierres précieuses sur un sentier secret. Caught a long wind est à cette image, une merveille suave, qui sait allier la délicatesse avec cette ambiance délicieusement glacée que sait construire Feist avec ses entrelacs de claviers, sa voix réverbérée, qui font scintiller les harmonies et les font couler dans nos esgourdes comme autant de petits diamants polis. Get it wrong get it right lui aussi, fascine comme un minuscule torrent de montagne, au clapot hypnotique et cristallin...
Caught a long wind (live)
Metals a été enregistré à Big Sur en Californie, dans un studio monté de toute pièces dans une grosse cabane juchée sur une impressionnante falaise au dessus du Pacifique. Il s'en dégage cette texture, plus sauvageonne et rustique que celle qui prévalait dans The Reminder. On y décèle à la fois la puissance des éléments dans les choeurs, les ensemble de cordes et la finesse versatile d'une brise de fin de soirée, que l'on ressent à peine un instant et qui le suivant s'en vient ébouriffer les cheveux, de la pointe effilée d'une guitare farouche et joueuse, puis nous pousse vers les étoiles naissantes, du souffle de ses arrangements en nappes. C'est le cas pour Anti-pioneer par exemple, à la fois intimiste et ouverte aux quatre-vents. Undiscover first est faite du même métal, avec en plus la force de l'alliage des cuivres et de l'ensemble vocal final qui donnent une couleur presque rock à la composition. The bad in each others offre le même cours résolu, notamment au travers de son riff de guitare rugueux et obstiné.
The bad in each other (live)
Feist a encore livré un album réussi, qui confirme son talent et impose désormais un style reconnaissable entre tous, ce qui est la marque d'une artiste d'exception.