J'ouvre une petite parenthèse musicale au milieu d'une actualité politique qui sera plus que jamais présente en 2012, pour vous faire part de mes découvertes récentes et plus précisément vous présenter quelques artistes féminines dont le talent mérite d'être reconnu.
Commençons par Mina Tindle, qui comme son nom l'indique, est une française bien de chez nous (quoiqu'ayant des origines espagnoles), même si elle a été voir ailleurs comme son style musical l'atteste, mélange de folk et de pop légères, que l'on retrouve tout au long des six chansons du maxi EP qu'elle vient de sortir, en attendant l'album qui devrait suivre bientôt. Pauline de Lassus, de son vrai nom, jeune femme à la beauté discrète, s'affirme tranquillement, en flemmarde, comme elle dit, comme une figure remarquable d'une scène française folk-pop, qui, si elle privilégie l'anglais, sans pour autant délaisser le français, s'avère bien plus musicale que sa devancière plus "chanson française" qui ne m'aura jamais accroché.
Mina nous offre donc de bien belles mélodies, enveloppées d'une voix claire légèrement acidulée, qui de petites joies en douces mélancolies, nous transportent vers quelques jardins secrets qu'ont déjà colonisés Feist, Laura Weirs ou Coco Rosie. Les chansons de la jeune artiste m'auront en tout cas immédiatement séduit, par cette simplicité sophistiquée dont l'alliage savamment composé et tourné, a la légèreté flottante d'un mobile tout en mettant en oeuvre mille petits ressorts parfois presqu'invisibles mais indispensable à l'harmonie qui se dégage de l'oeuvre.
Poursuivons par Maïa Vidal, toute aussi jeune et riche de son ascendance franco-hispano-germano-japonaise, de nationalité américaine et vivant à Barcelone. Avec God is my bike, nous plongeons dans un bouillon de cultures qui a bon petit goût d'univers enfantin et merveilleux et dont la touche Amélie Poulinesque se révèle aux intonations des instruments dont Tiersen avait usé pour la bande-originale du film devenu culte. Mais Maïa visite aussi avec son petit vélo les territoires de la pop et de la folk, sans se départir de la rondeur de son chant et de la finesse des arrangements, même quand la tonalité d'ensemble de la chanson est plus grave.
Difficile d'imaginer que cette jeune femme au visage poupin a démarré très jeune sa carrière en fondant un groupe de punk. Sa trajectoire l'a depuis bien éloignée des guitares rageuses pour la déposer sur des rivages musicaux bien plus arrondis et foisonnants, où, sur une plage d'accordéon fin, les oreilles sont doucement baignées par les vaguelettes sonores des instruments jouets et autres cuivres juvéniles. Les paroles quant à elles, naviguent sur des esquifs où l'on chante en anglais, mais également en français, au détour d'une chanson d'amour tourmentée notamment.
Au final, God is my bike est un album charmant, qui mérite largement le détour.
Enchainons avec ce qui n'est pas réellement une découverte, parce que je la connaissais depuis l'écoute des deux premiers albums de Zero 7, que je recommande chaudement pour tout amateur d'électro trip-hop, chill-out organique, j'ai nommé Sia.
Breathe me
On m'a offert Colour the small one , un album qui n'est déjà plus tout récent, puisqu'il date de 2004, époque à laquelle celle qui compose et interprète suivait en parallèle et en solo, un chemin très proche de celui de Zero 7, déroulant donc une musique calme et très arrangée tout en ne versant jamais dans l'artificiel. A déguster dans le lent balancement d'un hamac, bercé par le timbre un peu lymphatique de Sia...
Sweet potato
Il est désormais temps de s'installer dans une Buick décapotable et d'arpenter les grands espaces, cheveux au vent et regard au lointain, au son de Lindi Ortega, canadienne, mexicaine par son père et baignée dans la country par sa mère. C'est donc tout naturellement qu'elle nous propose ce genre musical, un chouïa modernisé même si tous les codes en sont respectés. C'est un album plus typé et parfois peut-être plus convenu que les précédents dont je vous ai parlé, mais il renferme cependant quelques pépites. La voix de Lindi est superbe, conforme aux canons de la country. Les arrangements sont forcément riches en guitares, acoutisques et rêches ou électriques et reverbérées, mais la traversée est ponctuée d'orgues et d'harmonicas qui débarquent parfois, sans prévenir, comme une chevauchée de peaux-rouges.
Le rouge est d'ailleurs la couleur de l'album, puisque la demoiselle ne sort pas sans ses petites bottes sanguines, qui ont donné son nom à l'album et à un de ses titres (little red boots) Elle dessine du carmin de son rouge à lèvres, des sourires tantôt mordants, tantôt enjôleurs, qui donnent leur caractère aux douze chansons de cet opus. Si les routes de l'Ouest américain son interminables, le temps passé avec Lindi Ortega lui, s'écoule plutôt rapidement, d'autant plus que si la country peut parfois paraître répétitive, nous n'avons, de ce côté de l'Atlantique, pas beaucoup l'habitude d'en écouter, ce qui en fait un petit plaisir exotique.