Le Ps est aujourd'hui un canard sans tête. Il court dans tous les sens (souvent vers la droite), se cogne contre les murs (2002.2005.2007) et va finir par pourrir dans un coin s'il continue dans la voie qui est la sienne.
Pourtant, il y a encore quelques traces de gauche dans ce parti. Je me propose de vous citer deux noms, deux membres du Ps qui proposent des réflexions et des mesures qui allient à la fois la modernité et l'esprit de solidarité.
Jacques Généreux tout d'abord...
Jacques Généreux est un économiste de 52 ans qui enseigne à l'IEP de Paris dont il est par ailleurs diplomé. Il est membre du Ps au sein du courant Nouveau Monde et fait donc partie de l'aile gauche du parti. A ce titre il était opposé au TCE.
Il n'est pas très difficile de deviner après cette courte présentation qu'il s'agit d'un économiste que nous qualifierons d'hétérodoxe ou alternatif si vous préférez. sa vision de l'éconmie est donc plus axée autour de l'homme que le contraire comme cela prévaut chez les orthodoxes qui s'abritent maintenant derrière des paravents scientifiques (forcément bancals malgré des affinements, puisque l'homme est une variable difficilement modélisable. Pourtant il est un acteur majeur dans tous les processus économiques) pour légitimer la prépondérance de leur idéologie sur la société.
Dernièrement, le Djib m'a fait suivre un document de Jacques Génereux provenant de son blog, vers lequel je vais moi-même vous orienter maintenant :
www.jacquesgenereux.fr
Ce document est un article ayant pour sujet les relations entre individu et socialisme. C'est certes une réflexion très théorique mais elle porte sur un thème crucial, à savoir l'individualisation de la société et la possibilité du socialisme de mettre en avant un autre paradigme définissant une organisation sociétale.
Le Ps s'est ralliée déjà depuis un certain temps au néolibéralisme et a accepté l'individuation de la société comme perspective évolutive incontournable (la rupture officielle se situe en 1983 même si dans les discours les socialistes ne l'ont jamais véritablement admise, créant ainsi ce décalage entre campagnes électorales et politiques réelles appliquées qui les a jetés dans le gouffre actuel). En ceci ils ont donc partagé les fondements idéologiques de la droite libérale. Comment s'étonner alors qu'ils s'interdisent de mener des politiques de gauche et qu'ils oeuvrent pour que la conception néolibérale de la société soit acceptée par tous.
Jacques Généreux revient sur les rapports entre socialisme et individu, sur les effets délétères du ralliement d'une bonne partie de la gauche au néolibéralisme, sur les dangers réels que cela fait courir à la société voire à la démocratie et propose ce qu'il voit comme préalable idéologique au retour du socialisme à gauche, que je pourrais résumer par la recherche d'un équilibre entre liberté individuelle et libertés collectives.
Sa réflexion formalise en tout cas ce que je pense depuis un moment. Vous pouvez lire ce document sur son blog. Il en fait une présentation résumé et il propose un lien vers un fichier word qui contient le texte intégral de la note. C'est un peu ardu pour les néophytes mais c'est une lecture qui fait du bien quand on désespère de voir un sursaut à gauche.
L'autre personne recommandable du moment, c'est Pierre Larrouturou.
C'est un ancien ingénieur agronome de 45 ans, membre, lui aussi, du Ps. Il est connu pour ses positions originales sur la réduction du temps de travail. Rien qu'à ce titre, il m'est déjà très sympathique.
Larrouturou défend la semaine de quatre jours pour la majorité des salariés mais dans une optique différente des 35h imposées par la loi et selon lui "un piège à flexibilité". On ne peut pas dire qu'il ait eu tort en disant cela. sa vision de la réduction de travail est modulable selon les corps de métiers :
-semaine de quatre jours pour la plupart des salariés
-travail quatre mois suivi d'un mois de congés pour les chercheurs ou dans l'informatique par exemple
-une semaine de 5 jours puis une semaine de trois jours pour les transporteurs routiers
Beaucoup d'autres modèles sont possibles. A l'époque la RTT était une notion relativement en vogue et pas seulement spécifique à notre pays de parasites et de feinéants, puisque de nombreuses entreprises en Allemagne expérimentaient ou avaient adoptées les 32h. Mais le néolibéralisme a vite remis de l'ordre dans tout ça. Chacun sait que des gens qui travaillent moins ont plus de temps pour réfléchir...
Il a récemment lancé un appel pour une nouvelle gauche dont vous pourrez lire les termes sur le site : www.nouvellegauche.fr. IL s'agit essentiellement d'un mouvement destiné à réveiller le Ps et lui faire retrouver la mémoire. En effet, mesdames et messieurs, à l'origine, le Ps est un parti de gauche. Je sais c'est difficile à croire mais c'est vrai, des datations au carbone 14 ont prouvés que des textes de lois à vocation sociale avait été rédigés à l'initiative de ce parti.
J'ai signé la pétition qu'il propose et je reçois régulièrement une lettre d'information qui relate de l'actualité du mouvement. Je vais vous restituer la dernière qui est éclairante sur la situation du parti et la logique de droite qui le guide désormais.
Lettre ouverte à tous ceux et celles qui veulent que le PS se mette au travail… Bonjour à tous, bonjour Archéo-conservateur (il m'appelle par mon prénom en fait, c'est mon pote Pierrot ! :oB),
Je reviens vers vous pour vous donner des nouvelles de notre pétition. Rappel des épisodes précédents : 1 > nous devions déposer notre pétition le 25 mars. François Hollande nous a interdit de monter à la tribune du Conseil National mais a promis que nous pourrions la déposer au Bureau National du 1er avril et que, avant ce B.N., il recevrait quelques uns des premiers signataires pour que nous puissions parler avec lui de notre demande. 2 > le 1er avril, trois heures avant le Bureau National, nous arrivons enfin à joindre le Directeur de Cabinet de F. Hollande. Stéphane Le Foll commence par dire que nous sommes des inconscients et qu’il est impossible d’organiser une Convention sociale et une Convention européenne d’ici l’été. Au bout de 10 minutes d’un dialogue musclé, il conclut qu’on pourrait peut-être organiser une grande Convention (celle sur les questions sociales). Il est acté avec Stéphane Le Foll que notre pétition sera donnée le soir même à tous les membres du Bureau National et que Claudy Lebreton et Patrick Bloche (qui sont signataires et membres du BN) auront un moment pour en parler. La décision sera mise "en délibéré" jusqu’au BN du 8 avril, date à laquelle j’aurai un moment à mon tour pour argumenter devant les membres du BN. Il est acquis que nous pourrons rencontrer François Hollande avant le 8, pour parler avec lui du fond de notre demande. "On fixe le rendez-vous demain. Tu nous appelles demain et on fixe le rendez-vous !" me dit Le Foll en concluant l’entretien.
3 > Le 2 avril, nous apprenons que le texte de la pétition n’a pas été donné aux membres du BN.
4 > Malgré de nombreux appels, nous n’arrivons à joindre ni F. Hollande ni S. Le Foll entre le 1er et le 8 avril. Il faudra un jour reparler du cumul des mandats : Le Foll est payé pour garder la maison quand le patron n’est pas là. Mais, en plus d’être Directeur de cabinet à Paris, il est élu municipal au Mans et Député européen à Bruxelles et Strasbourg… Cela ne facilite pas les contacts et laisse peu de temps pour la réflexion !
A la demande de son assistante, nous envoyons par mail les 6.123 premières signatures de militants PS (les seules qui semblent intéresser la direction…) et obtenons un mail « Bien reçu » mais aucune proposition de rencontre. 5 > Le mardi 8 en fin d’après midi, pensant que Claudy LeBreton, Patrick Bloche et moi pourrons déposer et défendre notre pétition, je me rends à Solférino sans avoir pu joindre ni Le Foll ni Hollande. "Il a eu ton message et il a ton numéro de portable" me répondent imperturbablement leurs assistantes quand j’essaye à 6 reprises dans la journée du 8 de leur parler. N’était-il pas "promis" depuis le 25 mars que nous pouvions nous parler et que nous pouvions déposer notre pétition ? 6 > J’arrive à Solférino et demande à voir le Foll avant que le Bureau National ne commence (François Hollande est à l’Assemblée). Il ne répond pas à ma demande. Quand je fais mine de m’engager dans le couloir qui mène au BN, un homme de la sécurité me demande de revenir à l’accueil sur un ton peu amène. J’arrive à coincer Le Foll, qui m’explique en termes peu châtiés que nous lui cassons les pieds (par écrit, mieux vaut ne pas répéter les termes exacts). "Vous voulez foutre en l’air le calendrier décidé par le Conseil National" dit-il. Je lui explique qu’il ne s’agit pas de foutre en l’air quoi que ce soit mais seulement d’utiliser au mieux les 2 mois qui restent avant les grandes vacances : si nous nous mettions sereinement au travail pendant ces 2 mois, nous pourrions avoir un Congrès bien moins violent et bien plus intéressant… De deux choses l’une : soit ce travail aboutira à un consensus (ce sera alors notre nouveau projet social), soit il n’y aura pas de consensus et c’est le Congrès qui tranchera entre plusieurs stratégies possibles. Mais, si nous commençons par ce travail de fond, le Congrès sera moins violent et sera l’occasion de construire un projet très concret. J’ai le malheur de rappeler à Le Foll qu’en 2003, déjà, ils nous avaient traité de "casse-couilles" quand, avec quelques amis, on leur avait dit qu’il y aurait un référendum et que le Non allait gagner si on ne faisait pas le maximum pour obtenir un Traité social (à l’époque, toute l’équipe de Soférino était convaincue qu’il n’y aurait pas de référendum et que c’est l’UMP qui allait éclater au moment de la ratification parlementaire du Traité…). Ce rappel a le don d’énerver Stéphane : "Bien sur. Bien sur. Et c’est grâce à vous aussi qu’on a gagné les municipales !" me dit-il, assez énervé. Visiblement, à force de le répéter, Solférino commence à croire vraiment que c’est François Hollande qui a gagné les municipales. Il faudra un jour qu’on leur parle du travail réalisé par les élus et les militants de terrain, et de l’effet repoussoir qu’a eu Sarkozy. Mais, mardi, je n’ai pas voulu m’avancer sur ce terrain…
7 > Comme l’homme de la sécurité a appelé un de ses copains, plus balèze, et que le scandale n’est pas une façon de convaincre, je n’ai pas tenté d’aller au Bureau National. Quand j’ai quitté Solférino, Le Foll m’a dit qu’il allait donner notre texte à tous les membres du BN (ce qu’il n’a pas fait). Je suis sorti de Solférino absolument furieux. C’est quand même ahurissant dans un parti qui se veut démocratique, qu’on ne puisse même pas déposer une pétition signée par plusieurs milliers de citoyens et bon nombre de parlementaires. Voir un parti aussi verrouillé m’a vraiment mis hors de moi. Sur le fond, ce refus du débat me semble dramatique. Sarkozy et Fillon ont relancé leurs réformes. Santé, code du travail, retraites, éducation… Sur tous ces sujets, nous allons évidemment nous opposer aux réformes engagées par la droite, mais nous serions 1000 fois plus convaincants si nous pouvions dessiner une alternative ! Pourquoi ne pas le faire ? Un des élus qui soutient notre initiative a récemment croisé François Hollande et lui a demandé pourquoi il refusait de nous écouter, pourquoi il ne voulait pas que le PS se mette au travail d’ici l’été. « Il ne faut pas nous dévoiler trop tôt, lui a répondu François Hollande. Il faut laisser la droite avancer ses réformes et ne pas nous dévoiler trop tôt ! » L’élu n’en est pas revenu. « Ne pas nous dévoiler trop tôt, c’est super astucieux comme stratégie. Mais il ne faut pas non plus nous dévoiler trop tard ! A force de ne pas nous dévoiler trop tôt, on n’a toujours pas compris quel était notre projet en 2002 et notre projet de 2007 était tellement faible qu’il n’a pas convaincu grand monde… »
* * * *
L’image que donne le PS recommence à être catastrophique (Cf « Les reconstructeurs socialistes bâtisseurs de dissensions » dans Libération de ce samedi http://www.liberation.fr/actualite/politiques/320801.FR.php ) Depuis le 21 avril 2002, le PS a tenu deux Congrès "classiques". Nous avons passé des heures à écouter des grandes déclarations générales qui n’ont permis aucune clarification, aucun progrès réel. Au lieu de reprendre les mêmes méthodes, avec les mêmes acteurs, dans le même huis clos, pourquoi ne pas innover ? Pourquoi ne pas nous mettre vraiment au travail, en nous ouvrant à tous ceux et celles qui veulent travailler avec nous ? Une descente en ski dépend en large part de l’impulsion qui est donnée dans la première longueur. De même, la capacité qu’aura (ou non) la gauche à se renouveler dans les prochaines années, dépend largement de ce que nous ferons (ou ne ferons pas) d’ici au Congrès de novembre. Face à ce blocage, que pouvons-nous faire ? Si nous voulons effectivement organiser un grand temps de travail avant l’été, il faut que la décision soit prise avant la fin avril ou dans les tout premiers jours de mai. Ensuite, il sera trop tard pour organiser quelque chose qui a de l’allure. Nous avons donc encore 3 semaines (maxi) pour débloquer la situation. 1° Parmi nos premiers signataires, plusieurs parlementaires veulent utiliser la semaine qui vient à convaincre leurs collègues : "Quand les députés rencontrent des militants, ils se rendent compte que la rénovation annoncée par Solférino n’intéresse pas grand monde. L’idée de travailler sur le fond pendant 2 mois pour avancer sur le projet et pour renforcer notre unité, est une idée qui progresse. On doit pouvoir en convaincre un certain nombre."
2° J’invite tous ceux et celles d’entre vous qui connaissent des parlementaires ou des élus socialistes à leur en parler.
3° Nous retournerons à Solférino le 22 avril avec une vraie délégation. Si, d’ici là, nous avions doublé le nombre des signatures, peut-être que F. Hollande et les membres du BN seraient plus attentifs… Chacun et chacune peut prendre quelques minutes pour appeler un(e) ami(e), PS ou non-PS, pour lui demander de signer. Si vous allez à une réunion de section, donnez l’adresse www.nouvellegauche.fr à tous ceux qui sont ouverts au débat. 4° D’autres prises de parole collectives sont en préparation dans les grands médias d’ici au 22. Nous vous tiendrons au courant. Pour info, j’étais lundi l’invité du NouvelObs.com (http://forums.nouvelobs.com/1348/Pierre_Larrouturou.html) et mardi, avant d’aller à Solférino, j’ai rencontré à nouveau l’équipe qui anime Les Inrockuptibles. Visiblement, à lire son blog, l’un des journalistes des Inrocks apprécie notre façon de faire : « Déjeuner avec Pierre Larrouturou. Vous avez peut-être lu son entretien dans Les Inrocks du 25 mars, ou alors ses bouquins. Larrouturou, c'est cet économiste qui militait pour la semaine de quatre jours, qui croit fermement qu'une vraie politique de gauche est possible dans le contexte global actuel. Gai, souriant, parlant à toute berzingue, sortant de sa manche chiffres et graphiques toutes les deux minutes à l'appui de ses idées, Larrouturou donne la pêche. C'est à lui tout seul un jacuzzi, un energizer, un rail de coke, une capsule de viagra : après deux heures avec lui, on redevient optimiste. On aimerait que son énergie, sa croyance dans les dossiers de fond atteignent l'air raréfié de la rue de Solférino, mais ça, c'est pas gagné. » C’est la première fois que je me fais traiter de "Rail de Coke". Je n’ai jamais été très porté sur ce genre de complément alimentaire, mais c’est vrai que Solférino aurait besoin d’un truc un peu fort ! 5° Tous ceux et celles qui ont des idées à proposer pour activer le mouvement sont évidemment les bienvenu(e)s ! Vu le peu de temps que nous avons devant nous, nous ne pouvons pas organiser de rencontres « physiques » mais nous pouvons échanger par mails. N’hésitez pas à nous envoyer toutes vos propositions pour réveiller Solférino ! Ce mail est déjà trop long (désolé !). Juste deux mots de conclusion : il nous reste 3 semaines pour faire bouger Solférino. Ensuite, je crains que nous ne soyons embringués sur un toboggan qui nous mènera à un Congrès très très dur et nul ne sait dans quel état le PS et l’ensemble de la gauche en sortiront. Alors, AU TRAVAIL ! Chacun de nous peut convaincre un(e) élu de sa connaissance. Chacun de nous peut trouver 2 ou 3 signatures d’ici le 22 avril. BONNE SEMAINE A TOUS ! Pierre Larrouturou
Voilà, la gauche n'est pas encore morte et il y a quelques petites flammes ça et là qui n'attendent que le vent de l'Histoire pour incendier les coeurs. De quoi essayer de faire mentir Frédéric Lordon, économiste hétérodoxe de grande qualité qui qualifiait il n'y a pas longtemps le Ps comme ceci : Ps, parti socialiste, socialisme partit.
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