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rapport gallois

  • Le peuple doit faire front

    Comme une douleur lancinante, la question de la crise revient sans cesse dans l'actualité, faute de prendre les mesures pour la solutionner. Depuis cinq ans désormais, elle fait partie de nos vies et sert de prétexte à ceux qui otn contribué à la déclencher, pour asseoir davantage leur pouvoir, pour promouvoir des mesures qui en ont pourtant été à l'origine, comme, un parmi tant d'autres, je n'ai cessé de le rappeler sur ce blog.

    Nous avons sans surprise connu un nouvel épisode de cette obstination absurde et toxique avec l'imposition, car il n'y a pas eu débat, de la question de la compétitivité et des solutions toutes prêtes pour l'améliorer. Le fameux rapport Gallois a provoqué, avec une célérité peu commune (nous pouvons comparer avec celui qu'a rendu Jospin sur la vie politique, déjà oublié) à une prise de mesures par le gouvernement Ayrault, qui s'inspirent en bonne partie celles préconisées dans le rapport.

    La discussion sur le bien fondé du constat et de la pertinence des réponses n'a pas eu lieu. La compétitivité est le problème premier de l'économie française. Point. Il faut y répondre par une politique de l'offre en allégeant les cotisations (on parle de charge dans la pensée unique) sociales et en augmentant la TVA pour financer ce nouveau cadeau fait, sans nuance de taille et de production, aux entreprises. Que ce soit un gouvernement Ps qui fasse, cette fois-ci sans fausse gêne et de façon pleine et entière, ce que le medef réclame à corps et à cris depuis des années et que même la droite n'avait pas osé faire à ce degré, n'est certes pas étonnant, quand on connaît les accointances de Hollande avec le néolibéralisme, mais du moins cela marque t'il la fin de l'hypocrisie qui dure depuis des décennies au parti de la Rose. Désormais, quiconque pensera voter pour les intérêts des travailleurs en glissant un bulletin Ps ne pourra invoquer que son ignorance, certainement pas le programme proposé.

    Mais au delà de la question idéologique, de savoir que Moscovici et compagnie sont dans la droite ligne des Blair, Schroeder, Zapatero, c'est à dire clairement néolibéraux, au mieux au centre, au pire carrément à droite, le problème le plus important est de savoir si les mesures proposées sont pertinentes, si déjà, le diagnostic qui est posé est le bon.

    Que nenni, bien entendu. On rejoint une nouvelle fois l'idéologie, car à ce niveau d'autisme et d'enfermement intellectuel, il ne peut s'agir que de cela. Remarquez bien qu'être idéologue est inhérent à toute démarche politique de projet, mais que le travail premier d'un opposant est de ne pas laisser passer les failles de raisonnement béantes, d'autant plus quand la théorie se fracasse sur les faits. A ce titre, la crise a mis en pièce le crédo néolibéral et précisément, les mesures décidées en grande pompe et avec les félicitations et la pression de la plupart des media et experts autorisés, ont déjà échouées par le passé et font preuve de leur dangerosité aujourd'hui même, partout où elles sont appliquées. Cela en est même dramatique dans les cas grecs, portugais, espagnol et irlandais, dont on parle moins mais qui sur le plan social n'en est pas moins aigu.

     

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    Attachez bien les casques, parce qu'on y fonce et de plus en plus vite !

     

    La compétitivité des entreprises françaises n'est pas grévée par le coût du travail. En effet, ce dernier est lègèrement moins cher qu'en Allemagne, le paradis économique que nous vend la médiacratie. Selon l'INSEE, le coût horaire du travail dans l'industrie est de 33.37 euros en Allemagne et de 33.16 euros en France. Plus encore dans l'automobile (Carlos Ghosn si vous me lisez), il s'élève à 43. 14 euros contre 33.38 en France. L'écart avec les pays scandinaves, régulièrement cités eux aussi en modèle n'est pas davantage en notre défaveur. Il n'y a donc pas un problème de compétitivité coût et tout l'arsenal d'allègement de cotisations qui étrangleraient les entreprises et déjà nul et non avenu.

    En revanche, dans certains secteurs, il y a bien un souci de compétitivité hors coût et d'orientation économique. Mais pourquoi la France s'est elle désindustrialisée plus que certains de ses partenaires au cours notamment , de la dernière décennie ? A cause de ces fainéants de salariés, de ces parasites qui aspirent les dépenses publiques et nous écrasent d'impôts (chômeurs, immigrés, fonctionnaires, enfin toutes les légions du diable quoi). Il semblerait que ce soit plutôt à cause des rentiers qui ont préféré augmenter leurs dividendes (multipliés par trois en trente ans)  et souvent, délocaliser pour ce faire. Forcément, on produit moins en France, c'est logique. Plutôt que d'investir dans la recherche, privilégier des produits à la valeur d'usage élevée (utiles quoi), favoriser le financement des petites et moyennes entreprises par les banques, l'accent a été mis à la fois sur la rémunération de la rente et sur les services, secteur dans lequel on trouve la plus grande proportions d'emplois non qualifiés, précaires, à temps partiels et sous-payés (du coup c'est rentable).

    Pour avoir une idée très précise de cette effroyable erreur de constat et de réponses afférentes, surtout de la part de politiques qu'on situait il y a peu à gauche, donc plutôt du côté des catégories les plus fragiles de la population, je ne peux que vous conseiller chaudement les deux derniers billets de Jean-Luc Mélenchon. J'enjoins les plus méfiants d'entre-vous à laisser les a priori de côté et à lire les arguments à mon sens d'une pertinence rares qui y sont développés et d'y réfléchir. Vous ne trouverez pas plus exigeant et lucide dans l'offre politique actuelle :

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2012/11/07/on-nattendait-rien-mais-surtout-pas-ca/

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2012/11/16/merkhollande-est-ne-en-grande-pompe/

    Ce corpus idéologique, défendu avec une unanimité touchante par le Medef, le Ps et l'Ump est déjà partiellement ou complètement à l'oeuvre dans d'autres pays, avec des conséquences sociales désastreuses et des performances économiques plus que discutables. Pour ne parler que de l'Allemagne qui revient comme un leitmotiv, non seulement le dernier rapport de cette organisation peu suspecte d'être bolchevique qu'est OCDE, sur la croissance et les inégalités de 2011, souligne que les inégalités y explosent, les différentes enquêtes sur le travail y montrent une grande proportion de travailleurs pauvres (20%, en constante augmentation), mais en plus, le système économique mis en place à partir de Schroeder, ce gauchiste qui prospère désormais chez Gazprom, ne peut être viable que s'il est seul ou presque à fonctionner de cette façon, c'est à dire organiser une déflation salariale et fiscale pour concurrencer les autres pays membres de l'Union, en finançant ses importations par leurs déficits. Si tout le monde fait de même, les marchandises ne se vendent plus, ni plus ni moins et c'est la dépression généralisée. Il est en effet illusoire d'essayer de produire moins cher que les pays émergents, comme la Chine, sous peine de revenir à une situation sociale qui nous ferait goûter aux joies 19ème siècle prolétaire.

    Voilà pourquoi il faut dénoncer avec fermeté le discours et les certitudes ambiantes, que le Ps a désormais clairement fait siens, dans la plus totale inconscience pour certains de ses membres, avec un complet cynisme pour d'autres. Elles nous mènent vers le chaos économique, celui qui règne déjà dans le sud de l'Europe, qui a déjà expérimenté les remèdes miracles de nos grands penseurs. Ils n'auront comme effet que d'approfondir la crise, appauvrir toujours plus de gens, en enrichir toujours davantage une infime minorité, nous priver des services publics qui nous permettent de nous éduquer, de nous soigner et d'établir cet équilibre si fragile entre libertés publiques et liberté individuelle.

    Voilà pourquoi il est plus que temps que les citoyens fassent valoir leur droit. Le peuple doit faire front !

     


    À bas l'austérité : Jean-Luc Mélenchon par lepartidegauche