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  • De la souveraineté

    Compte-tenu du déroulement de la crise, qui n'est que le corollaire de politiques appliquées depuis une trentaine d'années, politiques dites néolibérales au sens large (le tout marchand sous l'égide de la finance mondialisée pour résumer à coup de serpe (peut-être bientôt à coup de faux)), la notion qui devient peu à peu centrale face au déni de démocratie permanent de nos dirigeants, c'est celle de la souveraineté. Elle n'est autre que le pouvoir d'une majorité de citoyens, de voir effectivement les politiques qu'elle a choisies, être appliquées dans leur essence.

    Cette souveraineté qui est indispensable à la démocratie est aujourd'hui bafouée au nom d'un réalisme économique qui n'est autre que l'expression d'une idéologie qui confère à la religion. C'est surtout le moyen de maintenir le pouvoir et l'argent aux mains d'une infime minorité. Le résultat est que, quel que soit le candidat élu, le contenu politique une fois aux manettes est le même, sauf nuances infimes.

    Nous connaissons en ce moment deux situations qui illustrent pleinement ce malaise démocratique. D'un côté le gouvernement français va utiliser l'article 49/3 de la constitution pour faire passer en force la loi Macron. C'est la première fois que cette disposition est utilisée contre un parlement où l'exécutif est censé avoir la majorité. Cela veut tout simplement dire que la politique menée est contraire au projet politique qu'avait proposé l'actuel président de la République pour se faire élire et que les représentants des citoyens ne sont pas une majorité à soutenir cette attitude. Bien entendu, et c'est une autre marque de la déliquescence de nos institutions, les fameux "frondeurs" qui s'opposent à leurs collègues du Ps, n'iront pas jusqu'à voter pour la motion de censure et donc n'iront pas au bout de leur conviction (de façade). C'est le mal essentiel de la professionnalisation de la politique que de produire des gens de carrière plutôt que des hommes d'état. Le poste est donc privilégié aux idées.

    Pour faire simple, nos représentants trahissent leur mandat et dévoient l'élection qui les a porté au pouvoir. Il s'agit clairement d'un déni de démocratie.

     

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    "Ce n'est pas de l'autorité, c'est de l'efficacité", comme dirait un aficionado du Barça peu soucieux des deniers publics quand c'est lui qui les utilise.

     

    Or, au même moment, en Grèce, Alexis Tsipras lui, essaie face à une adversité aussi dogmatique que balourde, celle notamment de nos braves "socialistes" néolibéraux, de maintenir la teneur du programme pour lequel il a été élu. L'orthodoxie, entendez par là tous ceux qui ne jurent que par la sainte parole économique libérale, n'a pas de mots assez durs pour dénoncer l'obstination de Syriza à vouloir respecter ses électeurs. Par delà la posture morale de créanciers roulés par des malfaisants grecs qui ne veulent pas honorer leurs dettes, ce qui est faux, il y a surtout la crainte que la démocratie soit possible, que d'autres politiques économiques puissent être appliquées, que des rentes pourtant mortifères pour l'activité réelle, soient remises en cause.

    Quand je dis que l'accusation de mauvais payeur adossée aux grecs est malvenue, c'est que c'est un des noeud du problème. L'endettement actuel est dû pour une large part à des prêts contractés pour sauver les banques, françaises et allemandes notamment, très impliquées en Grèce au moment de la crise de l'euro, ce qui le rend illégitime au sens où l'objectif officiel était d'aider le pays à sortir de ses problèmes financiers, objectif dont on a vu à quel point il n'a pas été tenu, et pour cause. L'audit lancé par une commission du nouveau parlement grec vient de donner lieu à un premier rapport qui éclaire précisément le caractère quasi crapuleux de la dette :

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-rapport-sur-la-dette-est-une-arme-utile-pour-athenes-485224.html

    Par ailleurs, Syriza a proposé dès le début des négociations qui se tiennent en ce moment, non pas de ne pas rembourser ses créancier, mais au contraire de lier le remboursement à la croissance, donc aux succès attendus de la nouvelle politique. Il n'a jamais été question de faire défaut au départ. Mais le danger est grand pour certains gouvernement en place, en Espagne par exemple et en Allemagne, qui donne le La de la politique économique en ce moment, que l'expérimentation d'autres solutions puisse se révéler bénéfique. Cela porterait possiblement le danger électoral et de fil en aiguille, la fin éventuelle de l'hégémonie néolibérale, dont les dérives sont critiquées jusqu'au sein du FMI et de l'OCDE, organisations schizophrènes qui sont capables de constats pertinents, tout en continuant de prescrire des remèdes qui sont à l'origine du mal pourtant bien perçu.

     

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    Les parias désignés sont donc aujourd'hui ceux qui essaient de défendre la voix des électeurs alors que les tenants du libéralisme éclairé, qui donnent des leçons de démocratie à tour de bras, jusqu'à l'exporter de force avec les résultats que l'on connaît au proche et moyen-orient, eux, pendant ce temps, piétinent le mandat reçu des citoyens, avec le plus parfait cynisme, contribuant à construite une société cupide, inégalitaire, autoritaire et pour tout dire, maffieuse.

    Voilà pourquoi ce qui se joue en Grèce est si important pour la liberté de choisir la société dans laquelle nous voulons vivre, si crucial pour l'avenir de ce mot violenté : la démocratie. Parce que nous devons la défendre de ses fossoyeurs sans scrupules, parce que nous devons la promouvoir auprès de tous ceux qui se résignent à une domination atténuée à coup de psychotropes consuméristes, il faut à nouveau porter au débat ce qui fait son essence, qui permet au citoyen d'être conscient de lui-même et de son pouvoir. Il faut à nouveau parler de la souveraineté !