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sixième république

  • Passer la sixième

    Le temps n'est pas extensible et ce blog a souffert de cette évidence. Les traditionnelles photos des non moins traditionnelles vacances d'été sont donc toujours en attente. Elle patienteront encore un peu puisque il est des sujets éminemment plus importants, même si beaucoup et peut-être certains lecteurs ici-même préfèreraient la légèreté d'un petit reportage illustré, alors même que l'urgence de la situation réclamerait d'eux bien davantage de se pencher sérieusement sur le sujet politique.

    C'est bien ce dernier que je vais donc une nouvelle fois aborder ici, afin de tenter d'ouvrir une perspective, ou plus précisément de relayer une proposition de sortie de crise. Cette dernière, qui a bien souvent été l'invitée vedette de mes billets depuis l'ouverture de cette tribune, est toujours en pleine forme et continue d'évoluer vers l'aggravation, pour les raisons maintes fois abordées ici (et ailleurs bien évidemment) : les causes profondes du dysfonctionnement systémique de l'économie n'ont toujours pas été constatées par nos dirigeants et ils n'apportent que des mesures idéologiques (néolibérales) qui ne font que l'accentuer.

     

    m6r, sicième république, constitution, assemblée constituante, Jean-Luc Mélenchon

    Ces représentants politiques qui s'obstinent dans l'erreur sont le témoignage d'institutions qui ne peuvent plus répondre à la fois à l'exigence démocratique et à la nécessité d'apporter des solutions qui sortent du cadre actuel. Comment interpréter autrement une situation qui voit les mêmes politiques être appliquées quelle que soit l'étiquette du candidat élu, au mépris des électeurs, dont le vote est systématiquement contourné, au moins depuis le 29 mai 2005 et le referendum sur le TCE. Le résultat, c'est que les citoyens sont totalement désorientés, se réfugient soit dans un parti qu'on leur vend comme le seul anti-système, soit dans l'abstention.

    La vie politique est actuellement, comme elle pouvait l'être en 1788, totalement verrouillée par une infime minorité de personnes, qui confisquent tous les pouvoirs et dont le seul but est de se maintenir aux affaires, servis en cela par tous ceux qui profitent de la situation. Il s'agit ni plus ni moins d'une nouvelle aristocratie qui se donne le droit de faire circuler les seules idées qui vont dans son intérêt, avec la complicité passive d'une base citoyenne à la fois engluée dans ses difficultés quotidiennes et anesthésiée par la société de consommation.

    Parce que les gens sont tous responsables du fonctionnement d'une collectivité, il est nécessaire que leur implication dans la vie politique soit bien plus grande qu'elle ne l'est aujourd'hui, cantonnée à des élections de pure forme puisque l'issue débouche sur la continuité et la médiocrité. Plutôt que d'espérer un éventuel sauveur, il faut changer les règles afin que ne soit plus permis cette domination tout sauf éclairée.

    Or les règles dans un Etat, c'est la constitution qui les fixe. On peut donc parfaitement faire en sorte qu'il soit anticonstitutionnel de passer quarante ans avec des responsabilités politiques, de cumuler les mandats, de disposer d'autant de moyens d'expression que l'argent ne le permet, favorisant par la même la reproduction des castes nobiliaires, comme c'était le cas durant l'ancien régime. Puisque la constitution de la cinquième république ne permet pas d'éviter ces abus lourds de conséquences sur la démocratie et la bonne gestion de notre pays, il faut donc en changer. Cela permettra en outre de provoquer un débat, de concerner le plus grand nombre de citoyens possible, de faire en sorte que le peuple, que l'on a voulu disséminer en autant d'individus autocentrés impuissants à s'opposer aux visées des dominants, de faire en sorte que ce peuple donc, prenne conscience de lui-même, de ses devoirs, de ses responsabilités, autant que des droits qui lui sont légitimes.

    Voilà pourquoi a été lancé le mouvement m6r (mouvement pour la sixième république) afin de réclamer la convocation d'une assemblée constituante. Plus nombreux seront les signataires, plus vite l'idée avancera et deviendra incontournable dans le débat politique.

    Voici le lien vers le site web où l'on peut adhérer à cet appel :

    http://www.m6r.fr/

    Même si l'initiative en revient à Jean-Luc Mélenchon, l'objet de cette démarche est de dépasser les partis et les appartenances. En effet, aujourd'hui, les clivages sont abolis par le néolibéralisme qui rassemble une grande majorité du Ps, jusqu'à l'UMP et d'un autre côté, nombreux sont les gens de gauche ou de droite qui ne se reconnaissent pas dans cet abandon des valeurs de notre pays, portées aussi bien par De Gaulle que par Jaurès, et qui, plus encore, n'acceptent pas que la souveraineté de la France échappe à ses citoyens, bradée qu'elle est par des dirigeants désormais en parfaite accointance avec l'oligarchie financière et les lobbies sévissant à Bruxelles notamment. C'est pourquoi c'est dans l'intérêt du plus grand nombre de réclamer des institutions qui permettent réellement aux citoyens de décider de la politique qu'ils veulent voir être mise en place.

    Pour mieux comprendre les enjeux autour d'une nouvelle constitution, je vous propose un discours extrêmement clair et argumenté de Jean-Luc Mélenchon ainsi que l'émission C politique, animée par Caroline Roux, rare journaliste à écouter ses invités:

     


    Discours de Jean-Luc Mélenchon à la fête de l... par lepartidegauche

     



    "Il faut que le peuple s'en mêle" - J.-L... par lepartidegauche

     

    Parce que la crise que nous vivons, si nous la laissons aller jusqu'à son terme, peut déboucher sur des horreurs que nous avons déjà connues dans l'histoire, parce qu'il est temps que nous tous, nous nous réveillions et nous prenions enfin en main pour faire cesser la longue agonie d'un pays qu'on enterre vivant, parce qu'il est temps que nous rappelions ce que signifie la démocratie, alors il est temps de passer la sixième.

     

  • Entrer en sixième

    Voilà presque six ans désormais que le capitalisme sous sa forme financiarisée est entré dans ce qui sera très vraisemblablement son ultime crise. Nos dirigeants n'ont aucune réponse à lui apporter, aucune solution qui nous permette d'en sortir. Le gouvernement Ayrault en France va fêter ses un an en illlustrant ce constat, de la plus terrible des façons, en témoignant à la fois de ses reniements aux idéaux de la gauche et de son incapacité totale à penser hors de la vulgate néolibérale, laquelle, par l'austérité imposée partout, plonge l'Europe et le monde à sa suite dans les abysses de la dépression.

    A l'initiative de Jean-Luc Mélenchon, une marche citoyenne est organisée le 5 mai prochain. Son objet principal est de promouvoir un changement des institutions dans notre pays et pourquoi pas, entrainer une réflexion sur les impasses de la vie politique actuelle dans d'autres pays d'Europe. C'est la marche vers la sixième république, qui si nous étions écoutés, enclencherait un processus constituant, c'est à dire organiserait la convocation d'une assemblée citoyenne, dont les membres ne seraient pas issus de la représention actuelle et ne pourraient être élus ensuite. C'est une garantie de renouvellement et d'indépendance. Son travail serait de réfléchir à de nouvelles institutions permettant d'assainir la politique et de la penser pour et par les citoyens, puis d'en rédiger l'organisation au travers d'une nouvelle constitution.

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    Ce processus a toujours rythmé la vie de notre pays au cours des épisodes clés de son histoire, quand il avait besoin de dépasser la sclérose d'institutions inadaptées. C'est le cas aujourd'hui de la cinquième république, incapable dans son fonctionnement de représenter correctement les aspirations politiques des français et de formuler, par ses cadres, des réponses à la crise qui frappe le monde entier.

    En effet, l'autisme, l'aveuglement, l'obstination de nos dirigeants à poursuivre les mêmes politiques depuis trente ans et de les accentuer encore au moment même où leurs méfaits ont précipité pour aboutir au dysfonctionnement global de l'économie néolibérale, ces attitudes s'expliquent dans un cadre systémique qui favorise l'uniformisation des offres politiques, la proximité des élus avec le monde financier et du grand capital, dont l'affaire Cahuzac, mais avant elle, celle dont Eric Woerth était le protagoniste, parmi tant d'autres exemples, a constitué un témoignage accablant. Le phénomène est arrivé à une telle extrémité que même l'ancienne gauche de gouvernement, le Ps, a basculé depuis à droite sous le poids de dogmes complètement appropriés et considérés comme allant d'eux-même, quand les faits montrent tous les jours qu'ils sont toxiques et nous entrainent dans le mur. C'est ainsi que l'ANI, la loi sur le travail, a été votée dernièrement quasiment en catimini, dans le déni du débat et soigneusement cachée par les agitations stériles autour de l'union des couples de même sexe . Or cette loi constitue une régression quasi séculaire du droit du travail et de la protection des salariés en France, par les facilités qu'elle donne aux employeurs de licencier et surtout par la latitude qu'elle offre de passer outre l'égalité devant la loi, en ramenant le rapport de force au travail, à celui entre le salarié seul, et son patron, largement déséquilibré donc. Mais pour le Ps, tout cela est normal et nous devons nous en féliciter. Qu'importe si, partout dans le monde, la flexiblisation s'est juste illustrée par l'explosion de la précarité et des temps partiels, y compris et surtout en Allemagne, le paradis selon le tout venant néolibéral. Ce qui est sans doute le plus parlant, c'est qu'elle va plus loin que le projet que l'ancien président caressait et n'avait pu mettre en oeuvre, et que l'Ump s'en est félicitée, en discutant seulement sur le détail. Deux partis, mais la même idéologie. Comment réagissent ceux qui ont voté pour le candidat qui promettait de s'en prendre à la finance, que le changement c'était maintenant et qui se retrouve avec les mêmes poncifs routiniers et inopérant, voire carrément contre-productifs ?

    Cette démonstration a pour objet de souligner que les choix économiques, ceux qui par exemple pourraient nous faire sortir de la spirale récessive et de son cortège de chômeurs et de pauvres, sont directement liés aux institutions qui les permettent ou pas. Comment imaginer aujourd'hui qu'un François Hollande, un François Bayrou, un Jean-Francois Coppé ou une Marine Le Pen puissent nous proposer des mesures qui sortent du carcan orthodoxe (austérité, libéralisations, casse du service public et des protections sociales, flexibilisation, course à la compétitivité salariale, stigmatisation de boucs émissaires identitaires etc) ? Comment espérer qu'ils nous proposent de revenir sur l'austérité, en décrétant un moratoire sur la dette, pour l'auditer ? Comment penser qu'ils rééquilibrent les rapports de force géopolitiques, particulièrement entre la France et l'Allemagne ? Qui pour appuyer  une redéfinition des statuts de la banque centrale européenne, pour qu'elle puisse prêter directement aux Etats, pour que  nous puissions court-circuiter les marchés financiers et leur chantage à la dette publique, pour que nous puissions donner de l'air aux salariés et aux entrepreneurs en favorisant à la fois la consommation et les investissements publics et dans l'industrie, grâce à un pôle public bancaire notamment ? A part le Front de Gauche et une partie des verts, personne, parce que tous nagent dans le même bouillon ordinaire et subissent placidement , voir de façon complice, les pression d'intérêts oligarchiques, ce qui se traduit par reculs sociaux et explosion des inégalités. Tout cela est l'expression d'un système qui structure les comportements en quelque sorte, qui garantit l'impunité, qui mêle trop la chose publique avec les intérêts privés et surtout ceux des rentiers.

    affiche marche 5 mai 3013.jpg

    Voilà pourquoi outre le combat contre l'austérité, la marche citoyenne du 5 mai, promeut avec force le changement de république, qui seul nous permettra de redéfinir le rapport au politique et d'imaginer une forme d'économie durable, écologique et solidaire. Pour que nous, citoyens, grandissions un peu en nous impliquant dans la vie politique de notre pays, il est temps de laisser les cancres s'enferrer dans la cour de l'école et d'entrer en sixième.

    Vous trouverez toutes les informations ici