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  • A l'Ouest, rien de nouveau...

    Un peu plus de deux ans après la faillite de la banque Lehman Brothers, qui marque le début de la crise économique systémique que nous vivons aujourd'hui, il faut malheureusement constater, sans grande surprise, que rien n'a évolué dans l'esprit des décideurs et pas grand chose parmi les citoyens.

    Quelques tirades politiques tançant le manque de moralité des financiers ont bien été lancées, pour occuper l'espace médiatique et leurrer les rares pigeons qui croient encore aux opérations de comm. On sent aussi une grogne populaire larvée mais assez peu vindicative d'autant plus que soigneusement anesthésiée par les principaux syndicats, soucieux d'éviter les débordements, c'est à dire désireux de conserver, sous couvert d'être raisonnable, un pouvoir et une notabilité qui semblent être addictives.

    De toutes façons, officiellement, tout est terminé. La rémission est acquise, la croissance garantie, le sommeil tranquille des braves gens, préservé. Pourtant, si l'on excepte l'Allemagne, de façon temporaire et en raison du modèle quasi parasite qu'elle a adopté (assurant ses exportations sur le déficit des autres états membres de l'Union européenne et sur le dos de ses salariés), le reste du monde occidental est au mieux dans le marasme, au pire, toujours au coeur d'une crise sévère, comme l'actualité de la dette souveraine en Irlande et en Espagne commence à nous le rappeler.

    Outre-atlantique, la dette américaine ne cesse d'être chaque jour plus gigantesque et la FED a dores et déjà lancé un vaste programme d'achat d'obligations d'Etat, ce qui n'a d'autre but que de dévaloriser la monnaie dans laquelle elles sont émises, à savoir bien sûr le dollar et donc de faire fondre la dette par la dévaluation. Cela ne fera malheureusement pas diminuer le chômage, notamment en facilitant les exportations, car pour ce faire il faudrait encore que les Etats-Unis produisissent quelque chose. Mais comme une grande partie de l'activité industrielle a été délocalisée...

    Les taux de chômage continuent donc d'être déprimés et l'activité atone, plombés par une idéologie persistante autant que funeste, aveuglée par son attraction exclusive envers la finance. Celle-ci est désormais la seule véritable détentrice du pouvoir, dont elle se sert pour avaler les milliards nécessaires à ses pertes abyssales et à sa soif jamais étanchée de spéculation. Ce n'est pas grave, les citoyens paieront, en impôts, en baisse drastique de la redistribution, par l'intermédiaire des plans d'austérité réclamés avec emphase par les gardiens de l'orthodoxie (et des privilèges d'une caste quasi féodale) comme les médecins du 17ème préconisaient une bonne saignée. La réduction des inégalités et la baisse des violences sociales induites attendront...

    Le système est bel et bien mort, faute de crédit et de consommation liée, mais ses prêtres continuent à l'agiter comme un pantin, en manipulant des fils dont la résistance ne sera pas éternelle. Quand le petit théâtre n'aura plus l'heur de plaire, ne distraira plus, ne masquera plus une réalité devenue insupportable pour une majorité, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui, il ne restera plus que la solution totalitaire pour le garder en dévotion forcée.

    Allons nous aller jusque là ? Tout dépend du réveil des masses. L'Histoire relue ne pousse guère à l'optimisme, l'attitude de nos élites encore moins. La crise est celle d'un modèle socio-économique, celui des actuels pays développés. Il se trouve qu'il est celui qu'ont adopté à quelques nuances près les puissances émergentes, peu enclines à faire une croix sur leur désir d'égaler les anciens empires. Mais il n'y aura pas de place pour tout le monde, la Terre étant finie et ses ressources naturelles en quantité limitée. Il est difficile d'imaginer le géant nord-américain, pour ne parler que de lui, s'agenouiller sans réagir. Si sa puissance économique s'effiloche, son arsenal militaire est encore sans égal. Chacun sait en outre son appétance pour les élans martiaux...

    Le pire n'est jamais inéluctable. Nous pouvons changer collectivement les choses mais il faudra pour cela adopter de nouveaux paradigmes, développer de nouvelles mentalités. Demain peut-être...Mais aujourd'hui, malgré des trésaillements, des frémissements, la société semble figée dans une résignation peureuse, s'accrochant à un confort qui se dissout pourtant au fur et à mesure des attaques des politiques néolibérales. Mais pour l'heure, pas encore de réaction d'ampleur. A l'Ouest, rien de nouveau...

     

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