Voilà quelque temps que l'idée me trottait dans la tête, j'en travaillais du chapeau : il me fallait un couvre-chef, mais pas n'importe lequel, je voulais un Panama fedora. Il se trouve que la galurin est assez mode en ce moment, mais étant assez loin d'être une fashion victim, là n'est pas la raison de mon envie de sortir couvert (de temps en temps). Le Panama qui vient comme tout le monde le sait n'est-ce pas, puisque son nom l'indique, d'Equateur, est avant tout un symbole de classe et d'élégance auquel Paris doit son surnom argotique de Paname, en référence aux gens bien nés qui l'arboraient sur les grands boulevards au début du siècle dernier. Mais aujourd'hui toutes les têtes peuvent s'orner sans distinction de classe, le gavroche sur une caboche de faux rebelle friqué, le Panama sur le melon d'un gauchiste invétéré comme votre serviteur.
Mais qu'il soit de Cuenca ou de Montecristi, Borsalino, Stetson ou sans marque, le Panama c'est surtout le symbole du voyage, de l'été et des souffles tièdes. Alors qu'il soit associé au lin dandy ou à une livrée plus urbaine, c'est un brin d'évasion et de charme que j'avais envie d'arborer quitte à passer pour un americaing ou un parigô dans le pays de Cocagne où j'ai passé quelques jours de vacances fin Juillet. N'est pas Bogart qui veut mais je ne m'en sors pas si mal d'après ce qu'il se dit...
Cela dit, si je voulais ce chapeau et pas un autre, c'est aussi parce que je l'imagine depuis quelques années couvant comme un trésor des boucles d'or. Tu m'avais dit en vouloir un et je t'avais rêvée, coiffée du chapeau blanc à bandeau noir au pont d'un paquebot, le regard au lointain, la moue obstinée, en partance pour un ailleurs mystérieux d'où tu n'es pas revenue...
De jolis souvenirs fleurissent à l'ombre du Panama...